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La Suisse organise une conférence dans l’espoir d’encourager un futur processus de paix en Ukraine. Il est signalé que les agresseurs en Ukraine affirment parfois commettre des actes pour empêcher les victimes d’avoir des enfants. Les nations du G7 ont convergé sur un point : renforcer leur aide envers l’Ukraine en utilisant les assets gelés de la Russie.
L’officier ukrainien Vadym Tcherni déclare : «Pour maintenir le front, nous avons besoin de plus de soldats ». Bidzina Ivanichvili, considéré comme une marionnette de Poutine, a été un facteur clé dans le basculement de la Géorgie. Comment les Mirage 2000-5 promis par Emmanuel Macron pourraient aider l’armée ukrainienne est une question pertinente.
Cette citation de la correspondance entre Olga et Sasha est notable : «C’est triste à dire, mais j’ai l’impression que l’Ukraine ne doit compter que sur elle-même » Nous répondons aussi à vos interrogations les plus courantes.
Comment la Russie et l’Ukraine exploitent-elles des drones ? Le conflit de drones entre la Russie et l’Ukraine s’est intensifié ces derniers mois. Selon un rapport publié par un groupe de réflexion britannique spécialisé dans la défense, l’Ukraine perd environ 10 000 drones par mois sur le champ de bataille, soit une moyenne de 300 par jour.
Essentiellement, les Ukrainiens et les Russes utilisent de petits UAV (véhicules aériens sans pilote, en anglais) d’origine civile, peu coûteux et disponibles en grandes quantités. Ces appareils servent à surveiller le champ de bataille, guider les troupes ou les tirs d’artillerie ; certains sont même modifiés pour transporter de petites charges explosives qu’ils larguent sur des tranchées ou des véhicules blindés.
Bien que moins courants, les drones-kamikazes jouent un rôle essentiel dans la guerre. Equipés d’explosifs, ces UAV sont déployés sur le front sans cible prédéfinie. Deux types sont notamment utilisés par Moscou : les Lancet-3 russes et les Shahed-136 iraniens. En dépit de l’absence d’une véritable flotte de guerre, l’Ukraine riposte avec des véhicules maritimes autonomes, qui sont en réalité de petits kayaks télécommandés chargés d’explosifs (450 kilos de TNT).
Mis en lumière par le poids stratégique qu’ils prennent dans les opérations de guerre, Russes et Ukrainiens s’assurent de pouvoir continuer à approvisionner leurs armées en drones. Pour ce faire, ils achètent en quantité sur le marché civil et développent leurs propres capacités de production. La production nationale ukrainienne, quoique timide au début de la guerre du Donbass il y a dix ans, a depuis progressé de façon notable. En août dernier, le ministre ukrainien de la transformation numérique a annoncé la création d’une réplique du drone russe Lancet, bientôt opérationnelle sous le nom de Peroun, divinité slave du tonnerre et de l’éclair.
Toutefois, avec l’imposition de sanctions occidentales restreignant son accès aux composants électroniques, la Russie rencontre davantage de difficultés. Néanmoins, selon les services de renseignement américains, Moscou aurait commencé la construction d’une usine dans la zone économique spéciale d’Alabouga, destinée à produire des drones-kamikazes de conception iranienne, à l’instar des Shahed-136.
Officiellement, on ne peut affirmer avec précision le volume de l’arsenal de missiles russe. Bien que les services de renseignement ukrainiens partagent régulièrement des informations à ce sujet, leurs chiffres restent discutables.
D’après Andri Ioussov, un représentant de la direction générale de l’information du ministère de la défense (GUR) cité par Liga.net, l’armée russe avait 2 300 missiles balistiques ou de croisière avant la guerre et était encore en possession de plus de 900 au début de l’année. Le représentant a également ajouté qu’une collection de dizaines de milliers de missiles antiaériens S-300, avec une portée d’environ 120 km, et un large stock de S-400, une version plus moderne avec une portée trois fois plus longue, étaient en plus à leur disposition. En août, selon Vadym Skibitsky, le second du GUR, le nombre de missiles ayant une portée plus de 500km s’élevait à 585.
Leur capacité de production aurait atteint une centaine de missiles balistiques ou de croisière par mois, selon plusieurs experts. Le GUR estimait cette production à 115 unités en octobre.
On rapporte que la Russie aurait aussi acquis des missiles iraniens et nord-coréens à courte portée, et qu’elle continue à se fournir. Selon Reuters, qui cite plusieurs sources iraniennes, 400 missiles iraniens de la famille Fateh-110 (300 à 700 km) lui auraient été livrés depuis janvier, quand un accord a été signé. Le nombre de missiles nord-coréens que la Russie a acquis reste inconnu, mais 24 ont été tirés en Ukraine entre le 30 décembre 2023 et le 7 février 2024, selon le procureur général, Andriy Kostin. Après une analyse des débris et des trajectoires, les experts croient qu’il s’agit probablement de KN-23 et KN-24 avec une portée d’environ 400 km.
Et qu’en est-il des avions de combat F-16 ?
En réponse à une requête de longue date du président ukrainien, les États-Unis ont approuvé, en août 2023, la cession d’avions de combat F-16 à l’Ukraine. Avec plus de 300 F-16 disséminés dans neuf pays européens – dont la Belgique, le Danemark, la Grèce, les Pays-Bas et le Portugal – tous ne sont pas capables d’en donner instantanément.
La promesse des alliés occidentaux d’offrir 42 F-16 à l’Ukraine, mentionnée par Volodymyr Zelensky, n’a pas été officiellement validée. Par contre, le Danemark a promis d’en fournir 19, dont les six premiers ne seront pas livrés avant la fin de 2023, suivis par huit autres en 2024 et les derniers cinq en 2025, comme l’a expliqué la première ministre danoise, Mette Frederiksen. Les Pays-Bas, qui ont également promis d’en fournir, possèdent 42 unités, sans toutefois spécifier combien ils planifient de céder.
De surcroît, il sera nécessaire de former les pilotes ukrainiens à l’utilisation de ces avions de combat américains. Onze pays alliés de l’Ukraine se sont engagés à soutenir cette formation. Selon l’OTAN, les militaires ukrainiens seraient aptes à utiliser ces avions en situation de combat qu’au début de 2024, alors que d’autres experts prévoient plutôt l’été de la même année.
Quel est l’apport militaire de ses alliés à l’Ukraine ?
Deux années après le commencement de la guerre massive, l’élan de l’Occident en soutien à Kiev semble faiblir : les aides récemment accordées diminuent durant la période allant d’août 2023 à janvier 2024, comparativement à la même période de l’année précédente, selon le plus récent rapport de l’Institut Kiel, publié en février 2024. Cette tendance pourrait se maintenir, avec le Sénat américain éprouvant des difficultés à approuver des aides et avec l’Union européenne (UE) qui a rencontré plusieurs obstacles pour faire adopter une aide de 50 milliards le 1er février 2024, à cause du blocage hongrois. Il est à signaler que ces deux paquets d’aide ne sont pas encore inclus dans le dernier bilan fait par l’Institut Kiel qui l’a conclu en janvier 2024.
Les chiffres de l’institut allemand révèlent une diminution du nombre de donateurs, qui sont désormais majoritairement concentrés autour d’un groupe de pays : les Etats-Unis, l’Allemagne, les pays du Nord et de l’Est de l’Europe; ces derniers s’engageant à donner non seulement une aide financière importante mais aussi des armements avancés. En somme, depuis février 2022, les pays ralliés à la cause de Kiev se sont engagés à verser au minimum 276 milliards d’euros à des fins militaires, financières ou humanitaires.
En termes absolus, les pays les plus prospères ont été les plus magnanimes. Les États-Unis sont largement en tête de la liste des donateurs, avec plus de 75 milliards d’euros d’aide déclarés, dont 46,3 milliards en aide militaire. Les pays de l’Union européenne ont annoncé aussi bien des aides bilatérales (64,86 milliards d’euros) que des aides collectives issues des fonds de l’Union européenne (93,25 milliards d’euros), pour une somme totale de 158,1 milliards d’euros.
Lors de l’évaluation des dons en fonction du produit intérieur brut (PIB) de chaque pays, la hiérarchie se modifie. Les États-Unis, par exemple, se situent désormais à la vingtième place (0,32% de leur PIB), bien après des nations proches de l’Ukraine ou d’ex-républiques soviétiques. C’est l’Estonie qui mène la liste avec un don équivalent à 3,55% de son PIB, suivie par le Danemark (2,41%) et la Norvège (1,72%). Les quatrième et cinquième places sont occupées par la Lituanie (1,54%) et la Lettonie (1,15%). Les trois pays baltes, qui partagent tous des frontières avec la Russie ou son alliée, la Biélorussie, se classent parmi les donateurs les plus généreux depuis le commencement du conflit.
En matière de pourcentage de PIB, la France occupait le vingtième-septième rang récemment, avec 0,07% de son PIB, juste derrière la Grèce (0,09%). D’autre part, l’assistance fournie par la France chute depuis le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie – la France se classait vingt-quatrième en avril 2023 et treizième en été 2022.
Qu’en est-il des tensions à la frontière entre l’Ukraine et la Pologne ?
Les tensions entre l’Ukraine et la Pologne se sont intensifiées au cours des derniers mois, en raison principalement du transit des céréales ukrainiennes. En 2022, la Commission européenne avait initié des « chemins de solidarité » pour promouvoir l’exportation et la commercialisation des produits agricoles ukrainiens vers l’Afrique et le Moyen-Orient, sans frais douaniers.
Selon la Fondation Farm, une organisation de réflexion sur les questions agricoles mondiales, environ 50% des céréales ukrainiennes finissent leur voyage dans l’Union européenne depuis le début du conflit. Ces céréales ont un prix de vente bien inférieur à celui du blé cultivé dans l’UE, en particulier dans les pays d’Europe centrale.
La Pologne, la Bulgarie, la Hongrie, la Roumanie et la Slovaquie, ont donc décidé en avril 2023 de bloquer unilatéralement leurs importations, arguant que les céréales ukrainiennes déstabilisent leur marché agricole local. Bruxelles a consenti à cet embargo, à deux conditions : qu’il n’interfère pas avec le transit vers d’autres nations et qu’il se limite à une durée de quatre mois.
Malgré cela, Varsovie a choisi de maintenir ses frontières fermées aux céréales ukrainiennes à la fin de l’été, tout en affirmant que le problème sous-jacent n’était pas résolu. Cette décision a été prise alors que Bruxelles était d’avis que l’embargo n’était plus justifié parce que ses enquêtes indiquaient « qu’il n’y avait plus de manipulation des marchés nationaux du grain ».
Les agriculteurs de Pologne maintiennent un blocus à la frontière polono-ukrainienne pour contrer l’entrée des camions en provenance d’Ukraine sur leur territoire national. La principale revendication des manifestants est un « embargo total » sur les produits agroalimentaires ukrainiens. Ils sont particulièrement préoccupés par la hausse de leurs coûts de production, alors que leurs silos et entrepôts sont pleins à craquer et que les prix sont extrêmement bas. Le dirigeant ukrainien, au début de l’année 2024, a interprété ce blocus frontalier comme une preuve de « l’affaiblissement de la solidarité » envers son pays et a demandé des négociations avec la Pologne. Il a ajouté que la seule partie satisfaite de ces tensions est Moscou et a critiqué la prolifération des slogans ouvertement pro-Poutine.
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