Les Etats-Unis, qui cherchent à gagner du terrain aux Philippines, se sont retrouvés dans une position délicate suite à une enquête de l’agence Reuters divulguée le 14 juin. L’enquête a révélé une campagne de dénigrement des vaccins chinois Sinovac lancée par le Pentagone, sous l’administration de Trump, sur les réseaux sociaux philippins pendant la pandémie de Covid-19, entre l’été 2020 et le printemps 2021. Environ 300 faux profils auraient été créés sur Twitter, mais aussi sur Facebook et Instagram.
L’un de ces faux comptes identifiés par Reuters y a publié un post, sous le hashtag #Chinaangvirus (qui signifie « la Chine est le virus »), le 29 juillet 2020. Ce post a été publié par une certaine « Layla », qui s’interroge : « Est-ce vraiment ce que vous voulez? Le Covid est né en Chine et les vaccins sont chinois. » Ce même post montre une image de l’ancien président philippin, Rodrigo Duterte, demandant à la Chine de donner la priorité aux Philippines, avec une citation indiquant : »Je vous donnerai plus d’îles, plus de licences Pogo [pour les casinos en ligne], et plus de sable noir [un type de sable volcanique exporté de Philippines vers la Chine] ».
Le texte se termine avec la mention « Divorce avec les Etats-Unis ».
En 2020, la Chine est devenue la première à offrir des vaccins aux pays en développement. Lors d’un discours en juillet 2020, comme le rappelle Reuters, Rodrigo Durterte a exhorté Pékin à permettre aux Philippines d’être les premières à bénéficier de ses vaccins. Il se félicite alors de sa rupture avec les États-Unis et espère trouver un compromis avec Pékin sur les territoires contestés en mer de Chine méridionale. Il admet dans son discours qu’il n’opposera plus de résistance à l’expansion de la Chine, compte tenu du fait que la Chine dispose d’armes alors que les Philippines n’en n’ont pas.
Cependant, les vaccinations avec Sinovac (également connu sous le nom de CoronaVac) ne commencent qu’en mars 2021 aux Philippines. Bien que le vaccin utilise la technologie du virus inactivé, la communauté scientifique reste sceptique quant à son efficacité. En Asie du Sud-Est, il est considéré comme une alternative inférieure aux vaccins à ARN messager occidentaux.
La campagne de dénigrement révélée par Reuters est le résultat de « psyops » (opérations psychologiques) menées par l’armée américaine à Tampa, en Floride. Ces opérations utilisent les médias sociaux, le marketing numérique, et la distribution de brochures pour influencer les croyances et les comportements en faveur des intérêts militaires américains.