Depuis que ses alliés du centre ont quitté le gouvernement le 9 juin, Benyamin Nétanyahou a pris seul les rênes de la guerre. Le dimanche 16 juin, le premier ministre d’Israël a officialisé cette situation en déclarant à ses ministres la dissolution du cabinet de guerre.
Ce conseil restreint a été institué en octobre 2023, par le biais d’un accord avec les généraux Benny Gantz et Gadi Eizenkot. Originaires du Parti centriste, ces deux anciens chefs d’état-major s’étaient engagés dans le gouvernement suite à l’agression perpétrée par le Hamas dans le sud du pays le 7 octobre. Ils avaient néanmoins exigé qu’un petit cabinet prenne le contrôle des opérations, excluant les ministres religieusement fondamentalistes, membres de la coalition de Monsieur Nétanyahou, qui représentaient selon eux une menace pour l’Etat.
Le départ sans éclat des deux généraux rendait dès lors ce conseil obsolète. Les deux hommes estimaient eux-mêmes que leur influence était d’ores et déjà amoindrie et regrettaient leur impuissance face aux choix ou non-choix du premier ministre réfractaire à toute résolution irréversible. Après l’annonce de M. Nétanyahou le lundi, son ministre de la sécurité nationale, le suprémaciste Itamar Ben Gvir, ne pourra plus aspirer ouvertement à un poste au sein du cabinet de guerre.
Le premier chef du gouvernement prévoit de maintenir une équipe restreinte de collaborateurs de haut rang, incluant le ministre de la Défense Yoav Gallant, l’analyste de la sécurité nationale Tzachi Hanegbi, le ministre sans attribution Ron Dermer – considéré comme le « deuxième cerveau » de M. Nétanyahou – ainsi que le leader du parti Shas ultra-orthodoxe Aryeh Deri. Par ce geste, il renoue avec une pratique de gouvernance bien établie depuis la fin des années 2010, une période caractérisée par l’exercice de plus en plus individuel du pouvoir, à la suite de l’exclusion ou du départ de personnalités autonomes et expérimentées de son parti, le Likoud.
Il est prévu que ce groupe, comme par le passé, doivent faire valider leurs principales orientations par le cabinet de sécurité, une institution établie depuis longtemps qui regroupe les ministres-clés sur les principales questions de sécurité. Dans cette institution, M. Ben Gvir et ses collègues ont exercé une influence de plus en plus grande. M. Nétanyahou a souvent repoussé ses rencontres avec ce groupe, dont les débats animés ont souvent fait l’objet de fuites dans les médias.
Récemment, deux généraux à la retraite ont exprimé dans des entretiens à la télévision israélienne leur mécontentement à l’égard de ce gouvernement qu’ils pensent être infiltré par des « motifs sous-jacents et des considérations politiques », selon les termes de M. Eisenkot, qui décrit M. Ben Gvir comme un « premier ministre alternatif ». M. Gantz, actuellement en tête dans les sondages malgré une popularité en baisse, soutient que ces considérations ont empêché un accord éventuel avec le Hamas, censé conduire à la libération d’une partie des otages détenus par le mouvement islamiste.
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