Le mardi 18 juin, la Thaïlande a franchi une dernière étape juridique en matière de mariage pour tous lorsque le Sénat a accepté la loi sans opposition notable. Cette législation, une première dans l’Asie du Sud-Est, a été approuvée par 130 des 152 sénateurs présents, avec seulement 4 voix contre et 18 abstentions.
L’activiste Plaifah Kyoka Shodladd, qui a contribué à l’élaboration de la loi, a réagi en déclarant que « l’amour a triomphé des préjugés ». Avant le vote, Tunyawaj Kamolwongwat, un membre du parti prodémocratie Move Forward, a salué cette décision comme une « victoire pour le peuple », apportant un « sourire » dans une période de troubles politiques.
Dans la capitale, Bangkok, les sénateurs, désignés par l’armée, se sont réunis pour discuter de la légalisation du mariage civil pour les couples de même sexe. Les militants et observateurs s’attendaient à une réponse favorable au vu du consensus autour de ce texte, malgré les profondes divisions entre les pro-démocrates et l’établissement militaro-royaliste.
Plus tard dans la journée, des célébrations ont eu lieu à la fois au palais du gouvernement et dans le centre de Bangkok, où les centres commerciaux ont arboré le drapeau arc-en-ciel en signe de soutien tout au long du mois de juin, le mois des fiertés. La communauté LGBTQIA+ bénéficie d’une grande visibilité dans ce royaume bouddhiste, connu pour ses valeurs de tolérance qui attirent des touristes gays de pays voisins conservateurs. En mars dernier, les députés avaient déjà largement approuvé le mariage pour tous.
Maha X, roi de la Thaïlande, va bientôt recevoir un texte pour publication dans la gazette royale, ce qui signifie son officialisation. Cela fait de la Thaïlande le premier pays d’Asie du Sud-Est à autoriser le mariage pour tous, et le troisième d’Asie après Taïwan et le Népal.
Les couples homosexuels pourront célébrer leur union une centaine de jours après l’adoption de cette loi, probablement à l’automne. « Nous faisons ça pour tout le monde. Une société qui reconnaît les droits de tous est une société dans laquelle on peut vivre », a expliqué Adisorn Juntrasook, acteur majeur dans l’élaboration de cette loi.
Plutôt que d’utilisateur des termes genrés tels que « hommes », « femmes », « maris » et « épouses », la loi adoptera des termes non genrés comme « individus » et « partenaires de mariage ». Elle accordera également aux couples homosexuels les mêmes droits que les couples hétérosexuels en ce qui concerne l’adoption et l’héritage.
Cependant, les personnes transgenres ou non binaires ne seront pas totalement reconnues, puisqu’elles ne pourront toujours pas changer leur genre sur leurs documents d’identité.
La prise de fonction de Srettha Thavisin l’été dernier, qui est le premier premier ministre civil depuis le coup d’Etat de 2014, a accéléré ce processus législatif, généralement ralenti par la politique thaïlandaise.
L’instabilité politique thaïlandaise, avec les coups d’Etat et les grandes manifestations populaires, a fait échouer les tentatives précédentes de légalisation au cours des dernières années.
Aujourd’hui, le contenu du texte reçoit l’approbation de la coalition en place, perçue comme favorable à la cause militaire, et de l’opposition progressiste, représentée par le parti Move Forward, dans un rare instant d’unité durant une phase conflictuelle. Srettha Thavisin et le parti Move Forward sont actuellement l’objet de procédures judiciaires devant la Cour constitutionnelle, plongeant le pays dans une vague d’incertitude. À partir des Pays-Bas, qui ont été les premiers à prescrire les mariages homosexuels en 2001, plus d’une trentaine de nations ont légalisé le mariage pour tous dans le monde entier.
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