La situation en Camargue était sous tension depuis des semaines, voire des mois. Riziculteurs et militants écologistes attendaient une résolution judiciaire concernant la mise en marché d’un herbicide connu sous le nom d’Avanza, qui a été utilisé dans la région depuis quatre ans. Cependant, le 13 juin, le tribunal administratif de Melun a refusé d’accéder à la demande de suspension de l’autorisation de vente de l’Avanza.
Auparavant, le 21 avril, deux groupes, France Nature Environnement et Générations futures, avaient formulé une requête en référé pour suspendre la commercialisation de ce produit phytosanitaire, jugé nocif.
Le tribunal de Melun a pris cette décision plus de six semaines après le dépôt de la requête en référé, un délai plus long que d’habitude pour ce genre de procédures. Il a conclu que l’autorisation de l’utilisation de l’Avanza pour une durée de cent vingt jours ne présentait pas un « impact direct et significatif sur l’environnement, étant donné l’évaluation réalisée au niveau européen ».
De plus, selon le tribunal, les deux associations n’ont pas réussi à prouver que l’herbicide était dangereux. Il a ajouté que ni l’une ni l’autre n’ont pu présenter d’arguments suscitant une remise en question sérieuse des connaissances scientifiques et techniques actuelles.
Les agriculteurs de riz du Gard et des Bouches-du-Rhône, qui pratiquent l’agriculture conventionnelle, ont le droit de continuer à utiliser ce produit qui n’a pas encore reçu d’homologation au niveau européen par l’Autorité européenne de sécurité alimentaire. Le produit, Avanza, contient des substances extrêmement toxiques pour les milieux marins, d’après l’Agence européenne des produits chimiques, bien qu’il ne soit pas classifié parmi les produits cancérogènes, mutagènes ou reprotoxiques. Le ministère de l’agriculture a accordé aux agriculteurs de riz en France une autorisation pour vaporiser l’herbicide entre le 15 mars et le 15 juillet en raison d’une « urgence phytosanitaire ». « C’est un outil qui nous aide à combattre les mauvaises herbes. Sans ce traitement, les récoltes risquent beaucoup, » explique Bertrand Mazel, le président du syndicat des cultivateurs de riz français, qui est très content de la décision. « Les juges ont fondé leur décision sur des faits scientifiques et ont mis en évidence que personne n’a prouvé qu’il y avait un danger. »
« La lutte ne s’arrête pas ici »
Un juriste travaillant avec l’association France Nature Environnement, Olivier Gourbinot, accepte la décision. « En effet, le juge a rejeté notre demande d’injonction, mais la demande de fond peut toujours être approuvée, ce n’est que le début. La lutte ne s’arrête pas ici. Nous continuerons de travailler sur l’utilisation des pesticides et des herbicides en Camargue parce que cet endroit est un centre de biodiversité exceptionnelle qui nécessite une grande attention. Nous devons regarder au-delà de l’Avanza. Le fait de retrouver d’autres substances, comme le bentazone, dans les eaux de Camargue nous inquiète beaucoup. »