Une année après l’adoption de la loi autorisant l’usage récréatif et la vente de cannabis, Wes Moore, le gouverneur du Maryland et membre du Parti démocrate, a choisi d’approfondir cette démarche le lundi 17 juin. Il a proclamé l’annulation de 175 000 condamnations pour l’usage de cannabis. Moore, en tant que premier gouverneur afro-américain de l’État, a déclaré qu’il s’agissait de « la grâce la plus importante au niveau d’un État dans l’histoire des États-Unis ».
Ce décret de grâce concerne les condamnations antérieures à 2023. « L’action que nous entreprenons conjointement aura un impact direct sur des dizaines de milliers de résidents du Maryland », a déclaré Moore avec fierté. Malgré le fait que le cannabis soit légal dans trois quarts des États où vivent les Américains, il demeure illégal au niveau fédéral.
En mai, le département de la Justice sous l’administration du président Joe Biden a émis une recommandation pour reclasser le cannabis comme une drogue moins dangereuse que sa classification actuelle. Le Maryland, comme plusieurs autres États, a voté pour la légalisation de l’usage récréatif et de la vente au détail du cannabis par référendum en 2022. Cette loi a été mise en œuvre en juillet 2023.
Changera-t-on la classification du cannabis?
Le gouverneur du Maryland a affirmé que cette grâce aide à corriger les inégalités sociales et raciales tout en soulignant que « la légalisation ne remonte pas le temps et ne répare pas les dommages causés par la guerre contre la drogue » aux États-Unis. Il a ajouté que la loi « ne fait pas disparaître le fait que les résidents afro-américains du Maryland étaient trois fois plus susceptibles d’être arrêtés pour possession de cannabis que les résidents blancs », mettant en avant les obstacles à l’emploi, au logement et à l’éducation résultant d’une condamnation pénale.
Jason Ortiz, l’un des leaders du Last Prisoner Project – une organisation qui se bat pour l’abolition des verdicts rendus selon des lois aujourd’hui obsolètes – a exprimé son approbation des actions entreprises par le Maryland. Selon lui, ces initiatives aideront à « corriger les déséquilibres raciaux historiques engendrés par l’interdiction du cannabis ». Au niveau national, le cannabis est toujours classé comme une substance de catégorie 1, synonyme de drogues hautement addictives et sans bénéfice médical, comme l’héroïne. Toutefois, le Département de la Justice a suggéré son reclassification en catégorie 3, qui comprend les substances avec un risque d’addiction de modéré à faible, à l’image de certains médicaments contenant de la codéine.
« Personne ne devrait être incarcéré uniquement pour l’usage ou la possession de marijuana, point final », avait déclaré le président américain Joe Biden dans une vidéo diffusée en mai. Le futur candidat démocrate à la présidence des États-Unis avait annoncé en 2022 une série de mesures visant à annuler les condamnations fédérales des individus punis pour simple possession de cannabis. Ces initiatives devraient également contribuer à diminuer les inégalités, en termes d’accès à l’emploi ou au logement, pour les personnes condamnées. Par ailleurs, Joe Biden avait invité les autorités de la santé et de la justice à revisiter les peines liées à la marijuana.
En 2020 et 2022, la Chambre des représentants, alors contrôlée par les démocrates, avait voté une proposition de loi visant à retirer le cannabis de la liste nationale des drogues dangereuses, mais elle s’était heurtée à l’opposition du Sénat.