Catégories: Actualité
|
16 juin 2024 12 h 12 min

« Vivre après la perte d’un bébé »

Partager

Au commencement de l’année académique, les parents sont sollicités pour indiquer le nombre d’enfants dans leur famille sur un formulaire d’inscription. Pour certains, c’est un simple nombre, tandis que pour d’autres, c’est une réalité déchirante. Une telle situation a été vécue par Morgane Boudoux et Maxime Le Bronec lors de l’inscription de leur fils Timaé en maternelle en septembre 2023, dans la région d’Angers. Timaé, âgé de 3 ans, est maintenant l’aîné de sa fratrie et l’ainé de Manoé, son frère de 18 mois. Cependant, avant eux, il y avait Emma, un autre enfant qui ne mettra jamais les pieds à l’école.

Dans un champ de coquelicots, les deux garçons s’amusent dans les bras de leurs parents, une image qui orne le haut du profil Facebook de leur mère. Plus bas sur la page, un message d’anniversaire parle de leur sœur aînée, Emma :  » Ma chère Emma, ce matin, en me réveillant, j’ai encore reçu ce coup, celui que je reçois chaque jour depuis quatre ans. Ce coup qui me rappelle que, depuis le 5 novembre 2019, tu n’es plus parmi nous et que tu as emporté une partie de moi. » Emma est née et est décédée en l’espace de quelques minutes, suite à un accouchement prolongé qui a transformé son premier souffle en dernier. « Dois-je la mentionner ou pas ? », s’interroge sa mère en remplissant le formulaire scolaire. Cette fillette est omniprésente partout, sur les réseaux sociaux de Morgane Boudoux, sur les murs de leur maison familiale à Angers, mais tragiquement absente pour le reste du monde. « Si Timaé en parle, je ne veux pas qu’on lui dise “tu n’as pas de sœur”. Cependant, s’il rencontre des problèmes à l’école, je ne veux pas qu’on pense : c’est parce qu’il a une sœur décédée », déclare la mère.

Nous nous réchauffons près du poêle, alors que 19h sonne et que la noirceur hivernale s’est déjà installée. Dans la pièce à côté, Timaé est plongé dans un cartoon, tandis que le cadet de la famille se promène en gazouillant en pyjama rayé. À proximité de la paroi où sont affichés les trois bracelets de naissance de leurs enfants, se situent Maxime Le Bronec de 32 ans, et Morgane Boudoux de 31 ans. Ils partagent l’histoire de leur vie familiale, ayant perdu un enfant.

Il a fallu plus de quarante semaines et quatre jours pour l’apparition d’Emma hors du ventre maternel. L’enthousiasme lié à ce jour que tout couple attend avec impatience a déclenché les contractions. La chambre de la petite fille était prête, avec un dressing rempli de tenues adorables, son prénom gravé sur le panier de peluches, et un lapin de porcelaine qui attendait de la voir s’endormir chaque nuit. Cependant, lorsque l’appareil de surveillance a informé le personnel médical que le rythme cardiaque d’Emma ralentissait dans l’utérus, la gynécologue de garde n’a pas réagi immédiatement. Des heures plus tard, le battement faible du cœur a disparu de l’écran. Le code rouge a été activé pour une césarienne d’urgence, le père étant obligé de rester à l’extérieur.

Vous avez lu 23.3% de l’article. L’information complète est réservée aux abonnés.