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16 juin 2024 6 h 12 min

« UE approuve négociations d’adhésion Ukraine-Moldavie »

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Ce direct a également été animé par Cécile Bouanchaud, Marie Slavicek, et Glenn Cloarec. Examinez tous nos documents, examens et reportages sur la guerre en Ukraine. Les reportages, évaluations et explications du « Monde ». Des cercueils à la tour Eiffel, nouveaux graffitis et un collectif artistique ukrainien suspect. La CPI questionnée sur les discours haineux des propagandistes du Kremlin. Emmanuel Macron franchit un autre pas en soutenant Kiev avec l’envoi de Mirage.

Volodymyr Zelensky remercie la France pour son soutien devant une Assemblée nationale rare. La France augmente son aide militaire, des oppositions sceptiques face à Volodymyr Zelensky à Paris. « La bataille de Kharkiv, en Ukraine, a brisé cette « ligne rouge » que les Européens et les Américains semblaient avoir établie au début de la guerre ». Vladimir Poutine menace de fournir des missiles aux entités hostiles aux Occidentaux.

Un an après la démolition du barrage de Kakhovka, un rapport qualifie cette action de « crime de guerre environnemental ». Conjurer la menace de l’escalade en Ukraine. Nos réponses à vos questions fréquentes. Comment Moscou et Kiev utilisent-ils des drones ?

Depuis plusieurs mois, le conflit de drones entre la Russie et l’Ukraine a atteint une ampleur sans précédent. Selon un rapport publié en mai 2023 par un think tank britannique spécialisé en défense, les Ukrainiens perdent environ 10 000 drones par mois sur le champ de bataille, soit plus de 300 par jour. Pour comparaison, l’armée française n’a que légèrement plus de 3 000 drones dans ses stocks.

Les forces ukrainiennes et russes comptent principalement sur des petits drones civils, économiques et en abondance. Ils sont utilisés pour surveiller le terrain de combat, guider les troupes et les tirs d’artillerie et certains sont même adaptés pour transporter de légères charges explosives, qui sont ensuite déchargées sur des tranchées ou des véhicules blindés.

Les drones kamikazes sont moins communs, mais demeurent importants. Équipés d’explosifs, ces drones sont envoyés au-dessus de la frontière sans cible prédéfinie. Moscou fait appel à ses drones russes Lancet-3 ainsi qu’aux drones Shahed-136 d’origine iranienne. L’Ukraine, ne possédant pas une flotte de guerre robuste, provoque son adversaire avec des véhicules maritimes téléguidés, soit de petits kayaks remplis d’explosifs (450 kilos de TNT).

Face à l’importance cruciale des drones pour leurs opérations, les ukrainiens et les russes ont mis en place des stratégies pour fournir leurs troupes sur le long terme, non seulement en achetant en masse des drones civils sur le marché, mais aussi en créant des capacités de production intérieures. L’industrie ukrainienne, encore naissante au déclenchement de la guerre du Donbass il y a dix ans, a depuis progressé. À la fin d’août, le ministre ukrainien de la transformation numérique a annoncé qu’un drone similaire au Lancet russe avait été développé et serait bientôt lancé sous le nom de Peroun, le dieu slave de la foudre et du tonnerre.

La Russie est freinée par les sanctions de l’Occident qui restreignent son accès aux composants électroniques. Toutefois, selon les renseignements américains, ils auraient commencé à construire une usine à Alabouga, dans une zone économique spéciale, pour produire des drones-kamikazes de fabrication iranienne comme les Shahed-136.

L’état actuel des stocks de missiles russes reste un mystère. Les renseignements ukrainiens rapportent régulièrement à ce sujet, mais leurs estimations sont douteuses. Andri Ioussov, le porte-parole du renseignement du ministère de la défense (GUR) indique, selon une citation de Liga.net, que l’armée russe avait 2300 missiles balistiques ou de croisière avant la guerre et en aurait plus de 900 en début d’année. Ioussov ajoute que l’armée possède des milliers de missiles antiaériens S-300, avec une portée d’environ 120 kilomètres, ainsi qu’un grand nombre de S-400, une version plus récente avec une portée triple. En août, le deuxième responsable du GUR, Vadym Skibitsky, estimait à 585 le nombre de missiles d’une portée supérieure à 500 kilomètres.

Concernant la capacité de production, ils seraient capables de produire une centaine de missiles balistiques ou de croisière par mois d’après plusieurs experts. En octobre, le GUR estimait cette production à 115 unités.

Le Kremlin aurait acquis des missiles de courte distance provenant d’Iran et de Corée du Nord et continuerait à se les procurer, selon Reuters, citant diverses sources iraniennes. Depuis janvier, lorsque l’accord a été signé, 400 missiles iraniens de la filiale Fateh-110 (portée de 300 à 700 kilomètres) auraient été livrés. Le volume de missiles nord-coréens acquis par la Russie reste indéterminé, mais 24 ont été lancés en Ukraine entre le 30 décembre 2023 et le 7 février 2024, selon le procureur général, Andriy Kostin. Les débris et les trajectoires examinés par les experts suggèrent qu’il s’agit probablement des KN-23 et KN-24 avec une portée d’environ 400 kilomètres.

Et qu’en est-il des avions de combat F-16?
Faisant suite à une requête de longue haleine du président ukrainien, les États-Unis ont consenti en août 2023 au transfert de F-16 à l’Ukraine. Alors qu’il y a plus de 300 F-16 potentiels dans neuf pays européens – la Belgique, le Danemark, la Grèce, les Pays-Bas et le Portugal, parmi d’autres, tous ne sont pas capables d’en céder immédiatement.

Volodymyr Zelensky a mentionné le chiffre de 42 F-16 promis par ses alliés occidentaux à Kiev, cependant cela n’a pas été validé. Le Danemark en a promis 19. Les 6 premiers ne seront pas livrés avant la fin de l’année 2023, suivis de 8 en 2024 et 5 en 2025, d’après la Première ministre danoise, Mette Frederiksen. Les Pays-Bas ont également promis d’en céder, malgré leurs 42 unités, mais ils n’ont pas indiqué combien ils prévoient d’en donner.

Il est nécessaire de former les pilotes ukrainiens à l’utilisation de ces avions de chasse américains. Onze alliés de l’Ukraine se sont engagés à superviser cette formation. L’OTAN prévoit que les forces armées ukrainiennes pourraient commencer à utiliser ces avions pour des missions de combat au plus tôt en 2024, tandis que d’autres spécialistes estiment que ce ne sera pas avant l’été de cette année.

Quel type de soutien militaire les alliés de l’Ukraine fournissent-ils ?

Deux ans après le début du conflit à grande échelle, l’élan du soutien de l’Occident à Kiev semble s’affaiblir: le volume d’aide nouvellement accordé est en baisse entre août 2023 et janvier 2024 par rapport à la même période l’année précédente, selon le dernier rapport de l’Institut Kiel publié en février 2024. Ce déclin pourrait se poursuivre, avec le Sénat américain ayant du mal à approuver de nouvelles aides et l’Union européenne (UE) rencontrant de grandes difficultés pour faire adopter une aide de 50 milliards d’euros le 1er février 2024, en raison de l’opposition de la Hongrie. Il convient de noter que ces deux paquets d’aide ne sont pas inclus dans le dernier bilan établi par l’Institut Kiel, qui prend en compte jusqu’à janvier 2024.

Les informations de l’institut allemand indiquent une réduction du nombre de donateurs qui se regroupent principalement autour d’un noyau de pays : les États-Unis, l’Allemagne, les pays du nord et de l’est de l’Europe, qui offrent simultanément une aide financière substantielle et du matériel militaire de pointe. Au total, depuis février 2022, les pays soutenant l’Ukraine se sont engagés à fournir au moins 276 milliards d’euros d’aide, qu’elle soit militaire, financière ou humanitaire.

En termes absolus, les nations les plus fortunées se sont révélées être les plus généreuses. Les Etats-Unis ont été les donateurs majeurs, annonçant plus de 75 milliards d’euros de dons, incluant 46,3 milliards pour l’assistance militaire. Les pays de l’Union européenne ont annoncé des aides bilatérales (64,86 milliards d’euros) et des moyens additionnels grâce au fonds de l’UE (93,25 milliards d’euros), atteignant un total de 158,1 milliards d’euros.
Si l’on compare ces dons au PIB de chaque pays, la hiérarchie varie. Les Etats-Unis passent à la vingtaine position (0,32 % de leur PIB), bien après des pays limitrophes de l’Ukraine et anciennes républiques soviétiques alliées. L’Estonie arrive en tête en pourcentage du PIB avec 3,55 %, suivie par le Danemark (2,41 %) et la Norvège (1,72 %). Les 4e et 5e places sont occupées par la Lituanie (1,54 %) et la Lettonie (1,15 %). Les trois pays baltes, qui partagent tous une frontière avec la Russie ou la Biélorussie associée, sont parmi les plus généreux depuis le début de la guerre.
Au classement du pourcentage du PIB, la France est classée vingt-septième, ayant seulement consacré 0,07 % de son PIB, juste derrière la Grèce (0,09 %). L’aide de la France a progressivement diminué depuis le début de l’agression de l’Ukraine par la Russie – la France était vingt-quatrième en avril 2023, et treizième à l’été 2022.
Qu’est-ce qu’on connaît sur les tensions à la limite entre l’Ukraine et la Pologne?

Depuis plusieurs mois, l’Ukraine et la Pologne connaissent des rapports tendus en raison des questions concernant le transit des grains ukrainiens. Au printemps 2022, la Commission européenne a établi des « voies de solidarité » afin de faciliter l’exportation et la commercialisation des produits agricoles ukrainiens vers l’Afrique et le Moyen-Orient, sans l’application de droits de douane. Cependant, environ la moitié des grains ukrainiens finissent leur voyage ou passent par l’Union Européenne (UE), de l’avis de la Fondation Farm, un groupe d’experts en matière d’agriculture mondiale. De plus, ces grains sont affichés à un coût bien inférieur au blé produit en UE, particulièrement dans les pays d’Europe centrale.

La Pologne, la Bulgarie, la Hongrie, la Roumanie et la Slovaquie ont donc décidé de bloquer leurs importations en avril 2023, prétextant que ces grains déstabilisent leurs marchés locaux et par conséquent, affectent les revenus de leurs agriculteurs. Bruxelles avait accepté cet embargo, à condition qu’il ne freine pas le transit vers d’autres pays et qu’il n’excède pas quatre mois. Toutefois, Varsovie a refusé de rouvrir sa frontière aux grains ukrainiens à la fin de l’été, affirmant que le problème n’était pas résolu, tandis que Bruxelles était d’avis que l’embargo n’avait plus lieu d’être car ses études révélaient qu’il n’y avait plus de distorsion sur les marchés nationaux concernant les céréales.

Selon le texte original, les agriculteurs polonais empêchent les véhicules ukrainiens de franchir la frontière entre l’Ukraine et la Pologne. L’objectif de ce blocus est de stopper l’importation de produits agricoles et alimentaires ukrainiens, une demande de ces protestataires qui cherchent à imposer un « embargo total ». Face à la saturation des silos et des entrepôts et à l’effondrement des prix, ils dénoncent l’augmentation de leurs frais de production. Le chef de l’état ukrainien a exprimé sa préoccupation dès le début de 2024, déclarant que ce blocus indiquait « l’affaiblissement de la solidarité » à l’égard de l’Ukraine, il a appelé à des discussions avec la Pologne. Il a également remarqué que ces tensions profitaient uniquement à Moscou, critiquant « l’usage de slogans ouvertement favorables à Poutine ».