Au cours de la campagne pour les élections européennes, la gauche a été sérieusement divisée, mais a réussi à se réunir rapidement pour tenter de contrer l’extrême droite. Cette réaction d’urgence est en proportion avec le danger actuel : jamais, depuis la création de la Ve République, le parti de Marine Le Pen, le Rassemblement National (RN), n’a été aussi proche du pouvoir. Ayant remporté le vote du 9 juin, le RN pourrait obtenir une majorité relative, voire absolue, au sein de l’Assemblée nationale après les élections du 7 juillet, menace qui pourrait conduire le pays au chaos.
Bien que son président, Jordan Bardella, cherche à minimiser les aspects controversés, le parti s’appuie fortement sur la préférence nationale, le refus de l’altérité et le rejet des étrangers. La majorité présidentielle, impopulaire et limitée, ne semble plus en mesure de freiner cette ascension.
L’accord signé le jeudi 13 juin à l’initiative du Nouveau Front populaire, rassemblement incluant La France insoumise (LFI), le Parti socialiste (PS), Europe Ecologie-Les Verts (EELV) et le Parti communiste français (PCF), vise à maximiser leurs chances d’obtenir des sièges à l’Assemblée nationale en se rassemblant derrière un seul candidat dès le premier tour des élections. François Hollande, ancien président de la République, et Raphaël Glucksmann, député européen qui menait la liste PS-Place publique lors de la campagne pour les élections européennes avec l’intention de faire évoluer la gauche au-delà du monopole de Jean-Luc Mélenchon, ont également approuvé cet accord, malgré leurs possibles hésitations initiales. Ces doutes ont néanmoins été ravivés le vendredi soir suivant suite à une tentative d’éviction des principales figures d’opposition au chef de LFI.
Le plan accompagnant cet accord se présente comme une rupture radicale. Il instaure une « séparation complète » de la politique menée par Emmanuel Macron, promettant d’abroger trois réformes décriées par la gauche : celles sur les retraites, l’assurance-chômage, et la législation sur l’immigration. Ceci rend caduque toute possibilité d’alliance avec la majorité actuelle, dans l’hypothèse où la Chambre se trouverait sans majorité claire.
Un contrôle contesté
En officialisant la fin du macronisme, l’union de la gauche déclenche un affrontement direct avec le RN sur les double fronts des valeurs et de la politique sociale. Les actions de son programme démontrent une démarcation flagrante avec le pacte de stabilité européen. Le plan tente également d’harmoniser les divergences fondamentales qui séparent encore récemment la France Insoumise et la coalition PS-Place publique sur des sujets comme la guerre en Ukraine, le conflit israélo-palestinien, et le futur de l’Union européenne.
En renouant avec l’unité, la gauche reste fidèle à son passé. Les références explicites à la Front Populaire ainsi qu’à la transition de 1981 visent à une mobilisation maximale, soutenue par les syndicats et les associations. Néanmoins, le contexte dans lequel la bataille se déroule ne permet pas de lyrisme. La figure de Jean-Luc Mélenchon continue d’inquiéter, non seulement l’électorat modéré mais aussi ses alliés.
Au cours des derniers mois, son influence sur LFI et, par extension, sur le reste de la coalition a largement été critiquée. Récemment, ses alliés ont profité des nominations pour renforcer leur faction dirigeante au sein du parti et sanctionner Alexis Corbière, Raquel Garrido, Danielle Simonnet et d’autres oppositionnels critiques de sa position et de ses débordements, suscitant ainsi des divisions au sein du parti. Condamnée par ses partenaires, cette tactique reflète une fois de plus l’approche autoritaire et sectaire qui est de mise au sein de l’appareil LFI. Cet ajustement des comptes était le pire message à envoyer au début de cette nouvelle alliance.
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