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« Études sans ostracisation : expérience neurotypique »

J’ai réalisé pour la première fois que mon autisme n’était pas compatible avec l’enseignement supérieur à 18 ans, lorsqu’à ma grande stupeur, j’ai oublié de me connecter à ma première épreuve en ligne. C’était durant le second confinement et c’est ma mère qui a dû me rappeler au dernier moment.

Durant mes années d’études en cinéma à Toulouse, ce scenario s’est répété à plusieurs reprises. Je n’arrivais pas à me rappeler des deadlines, j’oubliais d’aller aux examens, je luttais pour suivre les cours. Qui peut rester assis sur un banc pendant quatre heures en écoutant quelqu’un parler, même s’il n’est pas neuroatypique ?

Au lycée, les choses étaient plus simples et plus accessibles. Mes professeurs étaient au courant de ma condition, ils me soutenaient et, en cas de besoin, ils pouvaient appeler ma mère. Lorsque j’ai rejoint l’université, j’ai eu l’impression de débarquer dans un tout autre univers. Je ne connaissais personne, les professeurs ne savaient pas qui j’étais, tout était plus grand. Cette transition rendait la mise en place d’un soutien personnalisé plus complexe.

On m’a diagnostiquée « haut potentiel intellectuel » à l’âge de 6 ans, puis « autiste asperger » à 13 ans, suite à une tentative de suicide qui a nécessité un suivi psychiatrique. Avant cela, j’étais perçue par mon neuropédiatre comme précoce, mais pas différente. Au collège, il voulait m’envoyer dans une classe spécialisée pour les personnes atypiques, dans un collège privé, mais ma mère a refusé, craignant que cela m’isole de mes camarades. Dans mon collège local, j’avais des amis, j’avais de bonnes notes, je m’entendais bien avec mes professeurs. Ma mère a toujours veillé à ce que je puisse faire mes études sans être exclue par ceux qui sont neurotypiques.

Interagir est un défi pour moi.

Ma condition autistique me cause des problèmes pour communiquer avec les autres et pour comprendre les scénarios sociaux. Il m’est difficile de distinguer spontanément l’angoisse, l’ennui, ou la peur chez autrui. Sans un effort délibéré pour lire les expressions faciales et identifier les sentiments, ils me sont invisibles. Afin de compenser, j’organise sans cesse mentalement des catégorisations et des listes. Je regroupe mes amis par typologie, j’associe leurs comportements à des souvenirs antérieurs pour savoir comment réagir.

Par exemple, j’ai élaboré une « théorie des masques sociaux » pour comprendre comment me comporter avec ceux qui désirent m’impressionner ou me flatter. Je mets en correspondance leurs comportements avec les quatre saisons. Le masque de l’hiver est associé à des individus prétentieux : il vaut mieux ne pas trop les interroger. Cependant, tout cela n’est pas inné et me demande beaucoup d’énergie.

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