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15 juin 2024 20 h 06 min

« Esthétique Catho Inonde les Réseaux Sociaux »

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Sur les plateformes numériques, le catholicisme se transforme en plus qu’une simple spiritualité. Il devient une « esthétique » que les internautes adoptent. On voit ça dans les cierges à l’image du Christ, les anges et les chapelets ornés de faux joyaux. Sous les étiquettes #catholicaesthetic et #catholiccore, ces illustrations circulent sur TikTok. Le site propose des astuces pour harmoniser une tenue inspirée du catholicisme, peindre la Vierge Marie sur des ongles artificiels, et embellir son espace de vie avec des bibles et des flacons d’eau sacrée. Sur Instagram, l’option d’éditer les images avec des filtres Jésus ou Renaissance est aussi offerte. Et n’oubliez pas le Festival de Cannes récent, où l’actrice dominicaine Massiel Taveras a défilé sur le tapis rouge dans une robe blanche longue de la marque Giannina Azar, qui montrait une image grand format du Christ. Elle a été rapidement invité à retirer sa traîne de 5 mètres, une action qu’elle a trouvé peu empathique envers son style catholiccore.

« Après avoir fait la découverte de l’esthétique catholiccore, j’ai complètement transformé la décoration de ma chambre, adoptant un style plus sophistiqué et plus profond qui me correspond davantage», confie Laurène, 15 ans, de Rouen. Anciennement dans le style cottagecore, ses goûts ont évolué vers un style plus religieux malgré son éducation athée. De son côté, Julie, une étudiante de 23 ans en physique chimie de Nantes, trouve un certain charme dans le catholiccore. Son côté sage et intello, pittoresque et parfois cinématographique, lui donne l’impression de se transformer en une veuve d’un prince français chaque fois qu’elle enfile ses croix. Même si Julie, tout comme Lauréne, n’est pas croyante, elle apprécie infiniment cette riche esthétique. L’historien Joël Schnapp propose que le succès de l’esthétique tient à la sécularisation de l’iconographie religieuse et à la réappropriation intellectuelle qui en découle. Il suggère que les gens peuvent n’être ni pratiquants ni croyants, mais les images associées à la dévotion et à la spiritualité qui circulent en ligne offrent un attrait vintage qui flatterait un penchant nostalgique. Ainsi, il explique que la mode et la religion constituent un duo qui marche bien ensemble.

Une jeune dame déambule, revêtue d’une robe noire près du corps, un corset et un voile de dentelle. De l’autre côté, on voit une jeune fille emprunter le style d’une « prêtresse », adoptant une expression angélique et une croix attachée à son col de chemise. Pour les utilisateurs d’internet, c’est l’occasion de frimer, avec un air attentif et légèrement lymphatique. Il n’est pas surprenant que le mot « coquette » soit fréquemment lié à cette mode. Il n’est pas nécessaire d’être un spécialiste en théologie ou de reproduire rigoureusement l’iconographie catholique, l’idée est de créer un univers diversifié sur mesure. Julie s’inspire autant du patrimoine de l’Eglise orientale orthodoxe que de celui des communautés de soeurs protestantes en tenues simples (cette esthétique est plus spécifique, on la trouve sous le hashtag #conventcore).

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