Quelle pourrait être l’utilité des discussions concernant une éventuelle résolution pacifique, alors que l’artillerie rugit sur le front et que les bombardements visant des civils dans les villes ukrainiennes persistent avec constance, comme ce fut le cas le mercredi 12 juin, où une attaque russe a coûté la vie à neuf personnes et en a blessé 29 autres dans le centre de Kryvy Rih, ville de naissance du président ukrainien, Volodymr Zelensky ? Cette interrogation pesante planera, ce week-end, au-dessus d’une énigmatique rencontre intitulée « Conférence de haut niveau sur la paix en Ukraine », qui doit se dérouler dans l’hôtel luxueux Bürgenstock (canton de Nidwald, Suisse centrale), à l’invitation de la diplomatie suisse, suite à la proposition faite par Zelensky, en janvier, d’organiser un tel sommet.
Berne a pris cette initiative trés au sérieux, arguant que sa neutralité et sa longue tradition de médiateur dans des conflits faisaient de la Suisse un candidat idéal pour proposer ses « bons offices », une formulation constamment employée par Ignazio Cassis, le ministre des affaires étrangères suisse. Ce dernier, au cours des trois derniers mois, s’est vigoureusement attaché à convaincre le plus grand nombre de pays possible de participer à la « conférence pour la paix » (et pas « de paix »), en se rendant par exemple à New Delhi et à Pékin.
Après avoir montré un intérêt apparent pour certains temps, les Chinois ont décidé de refuser l’invitation. Ils ne participeront pas à l’événement Bürgenstock. Leur participation aurait pu encourager l’implication d’autres membres du BRICS. C’est le vendredi 14 juin, en fin d’après-midi, que Berne a révélé une liste initiale des participants confirmés. En dehors de l’Inde (qui envoie son ambassadeur en Russie à la Suisse), aucun autre membre important du Sud global n’est présent, avec le Brésil et l’Afrique du Sud se limitant à l’envoi d’observateurs.
Le ministre des affaires étrangères saoudien, Fayçal Ben Farhan Al Saoud, représente l’Arabie Saoudite. En effet, la composition des participants de l’événement symbolise l’enjeu principal de cette réunion. Participer ou non traduit presque automatiquement le choix de prendre position entre la défense de l’Ukraine ou un soutien, même tacite, au Kremlin. Du côté africain, le président ivoirien, Alassane Ouattara, est le seul à se déplacer.
Les Russes ont exprimé leur mécontentement envers l’événement, qu’ils qualifient de « farce » et d' »absurdité ». Les Suisses, conscients du refus qu’ils risquaient d’encourir, ont décidé de ne pas envoyer d’invitation même si Ignazio Cassis a insisté lors d’une conférence de presse à Berne sur le fait que « le processus de paix sera impossible sans la Russie. La question n’est pas de savoir si la Russie participera, mais plutôt quand. »
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