Soutenant un serpent mort sur son avant-bras, Nolan (qui a préféré rester anonyme) examine l’animal avec un oeil expert. Notant la forme d’amande de la tête et la finesse pointue de sa queue, il identifie son trophée comme une couleuvre à collier. Agé de 14 ans, il a l’intention de montrer sa prise à ses parents une fois de retour au village d’Aumessas (Gard), où il a participé à une activité de déconnexion numérique. Aussi équipé de baskets et coiffé d’une casquette, Nolan a pris part au projet organisé par son collège, l’établissement Gaston-Doumergue à Sommières, ayant pour but de passer quatre jours sans appareils électroniques tout en explorant les Cévennes.
Tout au long de cette excursion, le groupe de dix randonneurs (deux ont dû abandonner pour raisons de santé) composé d’élèves de 5e et 4e n’a pas cédé à la fatigue malgré une moyenne de 10 kilomètres parcourus quotidiennement. Sous le ciel ensoleillé du Sud de la France, ils ont suivi le rythme de trois ânes nommés Pacotille, Maestro et Aïssou, qui les ont guidés à travers le territoire parsemé de reliefs cévenols.
Le projet « Ados d’âne », inspiré du voyage à pied de Stevenson avec un âne à travers les Cévennes pour surmonter une peine de coeur, a pour but de détourner l’attention des adolescents de leur smartphone, selon l’initiateur du programme, Wadi Benjou. Ce professeur de technologie et conseiller numérique au collège espère que cette randonnée permettra aux jeunes de prendre conscience du monde qui les entoure. « Ils sont plongés en pleine nature où ils ont dû prendre en charge des animaux, monter des tentes et préparer leurs propres repas. Leur communauté était constituée des ânes ! Cette expérience immersive pourrait les inciter à mieux structurer leur vie et à consacrer du temps loin des écrans. Nous y travaillerons à notre retour », dit-il.
Le 16 janvier, le président avait exprimé sa volonté de « trouver une utilisation appropriée des écrans pour nos enfants, à la maison et à l’école », et avait chargé un comité d’experts d’étudier la question. Cependant, aucune mesure concrète n’a été annoncée jusqu’à présent. Entre-temps, le collège Gaston-Doumergue, reconnu pour son engagement dans l’enseignement des médias, notamment via sa radio internet, a décidé de prendre l’initiative. Le professeur explique qu’en identifiant les jeunes hyperconnectés et en interrogeant leurs parents sur d’éventuels problèmes à la maison, ils ont mis en place ce programme pour les élèves volontaires. C’est une première dans la académie de Montpellier. Il ajoute qu’ils ne sont pas contre l’utilisation des écrans, mais lorsque cela affecte la capacité des élèves à se concentrer, à apprendre et à interagir avec les autres, cela devient un problème qui concerne tout le monde.
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