Un juge d’instruction à Rennes a mis en examen trois personnes, deux hommes et une femme, âgés entre 26 et 44 ans, tous d’origine géorgienne, jeudi le 13 juin, suite au démantèlement d’un système illicite d’acquisition d’un médicament très addictif, le Fentanyl. Le procureur de la République de Rennes, Philippe Astruc, a confirmé cette information initialement révélée par Le Parisien.
Ces individus, qui vivent dans des HLM à Rennes, sont fortement dépendants du Fentanyl. Bien qu’ils n’aient pas d’antécédents judiciaires majeurs, l’un d’entre eux avait été reconnu coupable de faux en écriture à deux reprises en 2022 et 2024. Les deux hommes ont été placés en détention provisoire, tandis que la femme a été mise sous contrôle judiciaire.
L’enquête a commencé en mai 2023 quand la police de La Baule (Loire-Atlantique) a arrêté un géorgien en flagrant délit procurant à plusieurs pharmacies locales des ordonnances volées ou falsifiées pour obtenir la délivrance de médicaments contenant du Fentanyl à son dosage maximum, souvent sous forme de patchs transdermiques.
Le Fentanyl est un analgésique opioïde puissant presque cent fois plus fort que la morphine et cinquante fois plus que l’héroïne, créant une dépendance physique et mentale. Ceci a été souligné par le parquet de Rennes dans son communiqué.
Suite à l’inculpation et l’emprisonnement du prévenu, les investigations menées par le département rennais de l’Office Central pour la Répression des Atteintes à l’Environnement et à la Santé Publique (OCLAESP) ont mis en évidence un « groupe criminel » opérant depuis plusieurs années « dans tous les départements du Grand Ouest ».
517 prescriptions étaient falsifiées et 206 provenaient de vols. La Juridiction Interrégionale Spécialisée (JIRS), spécialisée dans le crime organisé à Rennes, a recensé au total 723 ordonnances (517 falsifiées et 206 provenant de vols), qui ont permis la distribution de 2 300 paquets de Fentanyl dans dix-sept départements à l’ouest de la France.
« A ce niveau d’investigation, il est confirmé que le Fentanyl est consommé en partie pour une consommation personnelle des personnes impliquées » et en partie pour la revente au sein de la communauté géorgienne en France, » selon le communiqué de la cour.
Une opération menée le lundi 10 juin par plus de cent gendarmes de l’OCLAESP et de la région Bretagne a conduit à la détention préventive de quinze individus, principalement à Rennes. Deux d’entre eux ont été dédouanés, victimes d’une usurpation d’identité.
Dix autres ont été relâchées, identifiées comme étant de simples clientes du réseau ou en attente d’investigations supplémentaires.
Alors qu’en France le produit en question est un médicament réglementé par les autorités, aux États-Unis, où cet opioïde et ses dérivés sont devenus un problème majeur de santé publique, « la consommation de Fentanyl ne concerne pas les médicaments mais une drogue de synthèse importée par les cartels mexicains ou provenant de Chine », a précisé M. Astruc.