Javier Milei, le chef politiquement marginalisé d’Argentine, a réussi à obtenir un premier succès législatif depuis son élection il y a six mois malgré un bilan modeste. Malgré les promesses faites pour un choc puissant et une taille draconienne de l’État, il s’est envolé pour le sommet du G7 en Italie avec une tranquillité d’esprit. Après une journée marathon de discussions pleines de protestations contre la proposition et des confrontations avec la police, le projet de loi « Bases et points de départ pour la liberté des Argentins » a été approuvé par le Sénat tard dans la soirée du mercredi au jeudi. Le projet de « loi omnibus » original, proposé en décembre 2023 avec 664 articles, a dû être retiré en raison d’un manque de soutien dans un Congrès où le parti du président, La Libertad Avanza, ne compte que 38 représentants sur 257 et seulement sept sénateurs sur 72. Plus de 200 articles approuvés jeudi réforment l’État, libéralisent l’économie et le marché du travail, assurent un système très favorable pour les grands investissements, prévoient la privatisation totale ou partielle des entreprises publiques – cependant seulement huit au lieu des 41 initialement proposées – et permettent à Javier Milei de gouverner pendant un an sans avoir à passer par le Congrès pour les questions administratives, économiques et énergétiques.
La législation a été approuvée de manière serrée, en comptant 36 votes pour et 36 contre. Le choix décisif a été fait par Victoria Villarruel, vice-présidente et présidente du Sénat, expression de son soutien à « les Argentins qui endurent, qui espèrent, qui ne désirent pas voir leurs enfants quitter leur nation ». Cette décision est à la hauteur d’un sénat aussi divisé que la population. Les députés sont censés ratifier le texte lors d’une lecture finale.
Critiques à l’égard de l’ « Etat criminel »
C’est un soulagement pour le gouvernement. Les marchés, en baisse ces derniers jours, ont commencé à se redresser jeudi matin. Suite à la dévaluation de 50% du peso en décembre et un décret de dérégulation de divers secteurs économiques dès le départ de son mandat, c’étaient principalement le style peu orthodoxe du président excentrique, ses allusions religieuses à la Bible, ses rendez-vous privés à l’étranger et ses déclarations incendiaires qui attiraient l’attention.
Le président s’est entretenu avec les directeurs d’X, Elon Musk, et de Meta, Mark Zuckerberg, des rencontres dont le contenu n’a jamais été divulgué au public. Ses interventions audacieuses dans des groupes libéraux, ses apparitions dans des rassemblements d’extrême droite aux États-Unis et en Espagne, tout cela marque ses six premiers mois au pouvoir comme un spectacle. Il a entretenu une communication persistante de campagne, attaquant en succession ses adversaires, les employés du gouvernement, la communauté scientifique et la presse.
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