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14 juin 2024 6 h 09 min

Le combat du centre demeure très incertain

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En 2017, le mouvement macroniste représentait un espoir suite à l’épuisement des gouvernements de droite et de gauche consécutifs. Sept ans après, la position centrale s’est transformée en une forteresse assiégée que le chef de l’Etat s’évertue à défendre en utilisant son dernier recours : la dramatisation. Une incitation à se remobiliser, couplée à une attaque énergique contre les extrémismes, se dégage de la conférence de presse tenue par Emmanuel Macron le mercredi 12 juin, trois jours après sa décision de dissoudre l’Assemblée nationale suite à un désastre aux élections européennes pour la majorité présidentielle.

La charge n’est plus uniquement dirigée contre le Rassemblement national (RN), mais vise également La France insoumise (LFI), tenue responsable de menaces envers les valeurs républicaines par son ambiguïté avec l’antisémitisme, le communautarisme et l’antiparlementarisme. L’apparition à gauche d’un « front populaire » distinct de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale, mais toujours sous contrôle de LFI, pour contrer l’extrême droite, la gêne de l’aile sociale-démocrate, l’éclatement du parti Les Républicains avec le président expulsé, Eric Ciotti, qui s’est joint au Rassemblement national en même temps que Marion Maréchal, la tête de liste de Reconquête!, pousse Macron à essayer de reconstituer un bloc central en opposant l’extrême droite à l’extrême gauche, en invoquant une « clarification » qui déclenche une « bataille des valeurs ».

Sans aucun doute, Emmanuel Macron a été capable de montrer les contradictions idéologiques des alliances qui s’opposent à lui et de mettre en garde contre les dangers d’une dégradation économique, le déclin social, et la perte d’influence en Europe et à l’échelle mondiale. Cependant, sa tâche principale reste la reconquête des électeurs qu’il a perdus entre 2017 et maintenant, non seulement parce que sa politique s’est rendue plus conservatrice, mais aussi parce qu’elle s’est avérée inefficace face à l’ascension du RN.

Une absence totale de renouveau

Il n’est pas perceptible de renouveau dans les priorités que Macron a réaffirmées ou les idées qu’il a seulement ébauchées, que ce soit un débat approfondi sur la laïcité, l’interdiction des téléphones portables pour les enfants de moins de 11 ans, l’élimination d’un niveau de gouvernement ou l’éventuelle abandon des grandes régions. Lui, qui est marqué par l’attrition du pouvoir et l’impopularité, est devenu malgré lui une autre représentation d’un camp de la raison qui prétendait se confronter à la réalité pour mieux résoudre les problèmes, mais qui s’y est cogné comme les autres. Toutes les stratégies utilisées pour essayer de relancer la disruption, telles que flatter le « peuple souverain », critiquer l' »attitude de défaitisme des élites » ou dénoncer les « arrangements opportunistes », ne peuvent rien faire.

La dissolution est un pari audacieux, d’autant plus près du précipice, parce qu’il nécessite que l’idée de partager le fardeau semble être le meilleur compromis possible. Cela exige, du moins, la capacité d’étendre une olive, d’écouter et de tenir compte des suggestions des autres, à condition que la route à suivre soit mutuellement convenue. Emmanuel Macron, actuellement dans une situation difficile, semble en arriver là. Il a tendu une branche d’olivier aux Républicains de droite et aux sociaux-démocrates. Il a suggéré une « coalition de projets pour gouverner », une offre tardive d’une alliance qu’il a trouvé déplaisante jusqu’à maintenant. Le fait qu’il ait fallu sept ans pour comprendre qu’il ne pouvait pas tout faire seul sera son erreur la plus grave.