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14 juin 2024 12 h 06 min

« Guerre en Ukraine: Crimée potentiellement intenable »

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La présentation en direct a été amenée aussi par Marie Slavicek et Glenn Cloarec. Notre équipe s’efforce de fournir des articles, des analyses et des reportages approfondis sur la situation conflictuelle en Ukraine. Le journal « Le Monde » propose également des analyses approfondies et des décryptages.

Dernièrement, la Tour Eiffel a été marquée d’une série de graffitis étranges, attribuées à un groupe artistique ukrainien qui soulève des suspicions. En outre, la CPI a été avertie des discours de haine propagés par les propagandistes du Kremlin en relation avec la guerre en Ukraine.

Emmanuel Macron, avec l’envoi de jets Mirage, a franchi une nouvelle étape dans son soutien à Kiev. Volodymyr Zelensky, lors d’un discours devant une Assemblée nationale peu peuplée, a remercié la France pour ce soutien. Cependant, alors que la France augmente son aide militaire, des critiques proviennent de l’opposition.

La bataille de Kharkiv en Ukraine a éclipsé la soi-disant « ligne rouge » que les Européens et les Américains semblaient avoir établi au début du conflit. Simultanément, Vladimir Poutine menace de fournir des missiles à des groupes hostiles à l’Occident. En Ukraine, un an après la destruction du barrage de Kakhovka, un rapport dénonce un « crime de guerre environnemental ».

La situation en Ukraine suscite de nombreuses questions, et nous nous efforçons de fournir des réponses. Comment Moscou et Kiev utilisent-ils les drones? En réalité, la guerre des drones entre la Russie et l’Ukraine a atteint un niveau sans précédent. Un rapport d’un think tank britannique spécialisé dans la défense, publié en mai 2023, indique que les Ukrainiens perdent environ 10 000 drones par mois sur le champ de bataille, soit plus de 300 par jour, par rapport à l’armée française qui possède un peu plus de 3 000 drones dans son arsenal.

Les Ukrainiens et les Russes font principalement usage de petits véhicules aériens sans pilote (UAV en anglais) de fabrication civile, économiques et abondants. Ces drones sont utilisés pour observer le terrain militaire, servir de guide aux troupes ou aux tirs d’artillerie et parfois, ils sont improvisés pour transporter de petites bombes, qui sont ensuite larguées sur les tranchées ou les véhicules blindés.

Bien que moins communs, les drones kamikazes jouent aussi un rôle crucial. Équipés d’une bombe, ces UAV sont déployés au-dessus de la ligne de front sans cible spécifique. Moscou emploie les drones russes Lancet-3, ainsi que les Shahed-136, fabriquées en Iran. Malgré l’absence d’une véritable flotte militaire, l’Ukraine défie l’ennemi avec des drones maritimes et des petits kayaks télécommandés chargés de TNT (450 kilos).

Les Ukrainiens et les Russes, conscients de l’importance des drones dans leurs opérations, ont mis en place des moyens pour approvisionner leurs troupes de façon continue, non seulement en faisant l’acquisition massive de drones civils sur le marché, mais aussi en instaurant des capacités de production locale. L’industrie nationale ukrainienne, qui en était à ses débuts lors du déclenchement de la guerre du Donbass il y a dix ans, a depuis évolué. En fin août, le ministre ukrainien de la transformation numérique a révélé qu’une réplique du drone russe Lancet avait été créée et serait bientôt lancée sous le nom de Peroun, le dieu slave de la foudre et du tonnerre.

La Russie, malgré les contraintes imposées par les sanctions occidentales restreignant son accès aux composants électroniques, serait en train de construire une usine dans la zone économique spéciale d’Alabouga. D’après les renseignements américains, cette usine produirait des drones-kamikazes conformes aux modèles iraniens, comme les Shahed-136.

Concernant les réserves de missiles russes, l’information est incertaine et difficile à obtenir. Les services de renseignement ukrainiens font régulièrement état de ces stocks, mais leur fiabilité est discutable. Andri Ioussov, représentant des services de renseignement du ministère de la défense (GUR), a déclaré à Liga.net que l’armée russe possédait 2 300 missiles balistiques ou de croisière avant le conflit, et encore plus de 900 en début d’année. En plus de cela, il affirme qu’il y aurait aussi des milliers de missiles antiaériens S-300, ayant une portée d’environ 120 kilomètres, ainsi qu’une quantité non négligeable de S-400, une version plus récente avec une portée trois fois supérieure. En août, le vice-président du GUR, Vadym Skibitsky, a émis l’hypothèse de disposer de 585 missiles pouvant atteindre plus de 500 kilomètres.

Les capacités de production seraient passées à environ cent missiles balistiques ou de croisière par mois, selon des experts. Le GUR estimait cette production à 115 unités en octobre.

Le rapport cite des sources indiquant que la Russie aurait recueilli des missiles à courte portée à la fois en Iran et en Corée du Nord, et continuerait d’en accumuler. L’agence de presse Reuters a notamment cité des sources iraniennes qui révèlent que 400 missiles iraniens de type Fateh-110, d’une portée variant entre 300 et 700 kilomètres, auraient été distribués à la Russie depuis le début de l’année, à la suite d’un accord présumé. Malgré l’absence d’informations précises sur le nombre de missiles nord-coréens que la Russie a obtenus, 24 missiles ont été lancés en Ukraine du 30 décembre 2023 au 7 février 2024, selon les informations du procureur général, Andriy Kostin. Des experts ayant étudié les débris et les trajectoires suggèrent qu’il s’agirait probablement de missiles KN-23 et KN-24 d’une portée d’environ 400 kilomètres.

Concernant la question des avions de combat F-16, une requête de longue date du président ukrainien a enfin été approuvée par les États-Unis en août 2023, leur fournissant le feu vert pour transférer des avions de combat F-16 à l’Ukraine. Bien qu’il existe plus de 300 F-16 opérationnels dans neuf pays européens, y compris la Belgique, le Danemark, la Grèce, les Pays-Bas et le Portugal, tous ces pays ne sont pas en mesure de céder immédiatement ces avions de combat.

La promesse alléguée de 42 F-16 par des alliés occidentaux à Kiev a été mise en avant par Volodymyr Zelensky, bien que cette information n’ait jamais été confirmée. Le Danemark aurait promis 19 avions, avec six devant être livrés avant la fin de 2023, huit en 2024 et cinq autres en 2025, d’après des déclarations de la premiere ministre danoise, Mette Frederiksen. Malgré la promesse des Pays-Bas d’une livraison également, qui possèdent 42 unités, le nombre d’avions qu’ils prévoient de céder n’a pas été annoncé.

Ukrainian pilots are required to undergo training in American combat aircraft. Eleven of Kiev’s allied nations have agreed to train those pilots. NATO has assessed that Ukrainian soldiers will only be able to utilize these aircrafts in combat scenarios by early 2024, while other specialists believe that summer of the same year is more realistic.

What kind of military support are Kiev’s allies providing?

Two years into a large-scale war, Western support for Kiev seems to be slowing down: newly committed aids are dwindling for the period between August 2023 to January 2024 compared to the same time the previous year, as per the latest report from the Kiel Institute, published in February 2024. This downward trend might persist, with the US Senate struggling to pass aid and the European Union (EU) facing difficulties in approving an aid package of 50 billion on February 1, 2024, because of Hungary’s veto. These two aid packages have not been accounted for in the most recent balance sheet by the Kiel Institute, which ends in January 2024.

The German institute’s data reveals that the number of donors is decreasing and clustering around a core group of countries, namely the United States, Germany, and the northern and eastern European nations. They’ve all pledged substantial monetary aid and advanced weaponry. Collectively, since February 2022, the countries supporting Kiev have committed at least 276 billion euros across military, financial and humanitarian aid.

En termes absolus, les nations les plus prospères ont prouvé qu’elles sont les plus généreuses. Les États-Unis sont les donateurs leaders, annonçant plus de 75 milliards d’euros d’aide, dont 46,3 milliards consacrés à l’aide militaire. Les pays de l’Union européenne ont déclaré tant des aides bilatérales (64,86 milliards d’euros) que des aides mutualisées provenant des fonds de l’Union (93,25 milliards d’euros), atteignant un total de 158,1 milliards d’euros.

Cependant, lorsqu’on considère ces contributions par rapport au produit intérieur brut (PIB) de chaque pays donateurs, les positions varient. Les États-Unis tombent au vingtième place (0,32% de leur PIB), derrière des pays limitrophes de l’Ukraine ou d’anciennes républiques soviétiques alliées. L’Estonie devient le leader en termes d’aides en proportion de son PIB avec 3,55%, dépassant le Danemark (2,41%) et la Norvège (1,72%). Le top 5 est complété par la Lituanie (1,54%) et la Lettonie (1,15%). Les trois États baltes, partageant tous des frontières avec la Russie ou son alliée la Biélorussie, sont parmi les donateurs les plus magnanimes depuis le commencement du conflit.

Dans le classement basé sur le pourcentage du PIB, la France se situe à la vingt-septième place, ayant engagé 0,07% de son PIB, juste derrière la Grèce (0,09%). L’assistance de la France a diminué régulièrement depuis le début de l’invasion russe en Ukraine – la France était vingt-quatrième en avril 2023 et treizième à l’été 2022.
Qu’en est-il des frictions à la frontière entre l’Ukraine et la Pologne?

Depuis de nombreux mois, une tension considérable s’est installée entre l’Ukraine et la Pologne, principalement en raison du transit de céréales ukrainiennes. Au printemps 2022, la Commission européenne avait créé des « voie de solidarité » pour aider à l’expédition et la vente libre de produits agricoles ukrainiens vers l’Afrique et le Moyen-Orient. Toutefois, environ la moitié de ces céréales transitent ou finissent leur voyage au sein de l’Union européenne (UE), d’après la Fondation Farm, une organisation de réflexion sur les questions agricoles mondiales. Ces céréales sont vendues à un prix nettement inférieur à celui du blé produit dans l’UE, en particulier dans les pays d’Europe centrale.

En conséquence, affirmant que ces céréales déstabilisaient leur marché intérieur et donc les revenus de leurs agriculteurs, la Pologne, la Bulgarie, la Hongrie, la Roumanie et la Slovaquie ont unilatéralement suspendu leurs importations en avril 2023. Bruxelles a consenti à cet embargo à condition qu’il n’entrave pas le transit vers d’autres pays et qu’il se limite à quatre mois. Cependant, la Pologne a choisi de ne pas rouvrir sa frontière aux céréales ukrainiennes à la fin de l’été, jugeant que le problème sous-jacent n’avait pas été résolu. Alors que pour Bruxelles, l’embargo n’avait plus lieu d’être puisque leurs analyses indiquaient qu’il n’y avait plus de distorsion des marchés nationaux pour les céréales.

Les fermiers polonais empêchent l’entrée des camions ukrainiens sur leur sol, instaurant un blocus à la frontière polono-ukrainienne. Ils exigent un « embargo total » sur les produits agricoles et alimentaires ukrainiens, fustigeant l’augmentation de leurs frais de production tandis que leurs silos et magasins sont pleins et les tarifs au plus bas. Le dirigeant ukrainien, quant à lui, a déclaré au début de 2024 que ce siège à la frontière démontre une « dégradation de la solidarité » envers l’Ukraine et a demandé une discussion avec la Pologne. « Seule Moscou se délecte » de ces discordes, a-t-il déclaré, condamnant « l’émergence de slogans clairement en faveur de Poutine ».