Ce live a été animé par Marie Slavicek et Glenn Cloarec. Pour plus de détails sur la guerre en Ukraine, consultez nos articles, reportages et analyses. Des graffitis apparaissent à la tour Eiffel, attribués à un « collectif artistique » ukrainien suspect. La CPI est appelée à se pencher sur les discours de haine propagés par le Kremlin en relation avec la guerre en Ukraine. Emmanuel Macron intensifie son soutien à Kiev en envoyant des Mirage. Volodymyr Zelensky exprime sa gratitude envers la France lors de son discours devant une Assemblée nationale peu fréquentée. Alors que la France renforce son aide militaire à l’Ukraine, les oppositions expriment leurs critiques. « La bataille de Kharkiv, en Ukraine, a cassé cette « ligne rouge » que les Européens et les Américains semblaient avoir tracée au début de la guerre ». Vladimir Poutine menace de fournir des missiles à des groupes hostiles à l’Occident. Un an après la destruction du barrage de Kakhovka en Ukraine, un rapport dénonce un « crime de guerre environnemental ». Comment éviter l’escalade en Ukraine ? Nous répondons à vos questions les plus posées. Comment la Russie et l’Ukraine utilisent-elles des drones ? La guerre des drones entre la Russie et l’Ukraine s’intensifie avec une magnitude sans précédent. Selon un rapport d’un think tank britannique publié en mai 2023, l’Ukraine perd environ 10 000 drones par mois sur le champ de bataille, soit plus de 300 par jour, alors que les forces françaises disposent de plus de 3 000 drones dans leur arsenal.
En utilisant principalement des petits véhicules aériens sans pilote (UAV) civils – bon marché, accessibles et disponibles en nombre conséquent, Ukrainiens et Russes observent le terrain de guerre et dirigent soit leurs troupes, soit le tir d’artillerie. De plus, quelques-uns de ces drones sont ajustés pour transporter de petites bombes, déversées ensuite sur les lignes d’ennemis ou des véhicules blindés.
Bien qu’en nombre réduit, les drones-kamikazes jouent un rôle crucial. Ces UAV, équipés d’explosifs, sont propulsés au-dessus du front sans objectif prédéterminé. Moscou fait usage de drones russes Lancet-3, ainsi que des Shahed-136 iraniens. En revanche, l’Ukraine, sans une flotte de guerre notable, défie son adversaire avec des véhicules maritimes sans surveillance, des petits kayaks télécommandés embarqués avec des explosifs (450 kilos de TNT).
Les Ukrainiens et les Russes, reconnaissant l’importance des drones pour leurs missions, se sont organisés pour soutenir leur armée durant l’opération, non seulement en achetant en masse des drones civils sur le marché, mais également en développant des capacités de production internes. L’industrie nationale ukrainienne, bien que balbutiante au début du conflit du Donbass il y a dix ans, a depuis gagné en force. A la fin d’août, le ministre ukrainien de la transformation numérique a révélé la création d’une réplique du drone russe Lancet, qui serait bientôt déployée sous le nom de Peroun – le dieu slave de la foudre et du tonnerre.
L’imposition de sanctions occidentales, qui entravent son accès aux composants électroniques, pose de grands défis pour la Russie. Toutefois, les agences de renseignements américaines rapportent que Moscou a entamé la construction d’une usine dans la zone économique spéciale d’Alabouga, destinée à la production de drones-kamikazes de type iranien, similaires aux Shahed-136.
Quant à l’inventaire des missiles russes, il est extrêmement complexe, sinon impossible, d’établir l’état actuel. Les agences de renseignement ukrainiennes diffusent régulièrement des informations à ce sujet, mais leur fiabilité est contestée. Andri Ioussov, délégué principal du renseignement militaire (GUR), cité par Liga.net, a affirmé que l’armée russe disposait de 2 300 missiles balistiques ou de croisière avant la guerre et encore plus de 900 au début de l’année. En outre, le porte-parole a déclaré que l’inventaire comprenait également des milliers de missiles antiaériens S-300 avec une portée de 120 kilomètres, et une grande quantité de S-400, une version plus récente avec une portée trois fois plus grande. En août, Vadym Skibitsky, le numéro deux du GUR, mentionnait un total de 585 missiles ayant une portée de plus de 500 kilomètres.
En ce qui concerne la capacité de production, elle aurait augmenté pour atteindre environ une centaine de missiles balistiques ou de croisière par mois, selon divers experts. En octobre, le GUR estimait cette production à 115 unités.
Selon des informations provenant de diverses sources iraniennes citées par Reuters, la Russie aurait obtenu près de 400 missiles de la collection Fateh-110 d’Iran depuis janvier, suite à un accord passé. Ces missiles ont une portée de 300 à 700 kilomètres. De plus, elle a également acquis un nombre inconnu de missiles de courte portée de la Corée du Nord. En outre, entre le 30 décembre 2023 et le 7 février 2024, la Russie a lancé 24 de ces missiles en Ukraine, a confirmé le procureur général Andriy Kostin. Après avoir effectué l’analyse des débris et des trajectoires, les experts pensent que ces missiles sont probablement des KN-23 et KN-24, qui ont une portée d’environ 400 kilomètres.
S’agissant des avions de combat F-16, en août 2023, les États-Unis ont accédé à une demande de longue date du président ukrainien et ont approuvé le transfert de ces avions à l’Ukraine. Il existe potentiellement plus de 300 F-16 stationnés dans neuf pays européens tels que la Belgique, le Danemark, la Grèce, les Pays-Bas et le Portugal, mais tous ces pays ne sont pas en position de céder immédiatement ces avions.
Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, avait annoncé que 42 F-16 avaient été promis à Kiev par ses alliés occidentaux, cependant, ce chiffre n’a pas été vérifié. Seulement le Danemark s’est engagé formellement de donner 19 appareils, avec six prévus pour la fin 2023, huit de plus en 2024 et les cinq restants en 2025, comme l’a indiqué la Première ministre danoise, Mette Frederiksen. Leurs voisins, les Pays-Bas, ont également promis de donner des F-16. Ils possèdent 42 unités mais n’ont pas indiqué le nombre qu’ils prévoient de céder.
Le texte originel nous informe que les pilotes ukrainiens doivent recevoir une formation pour maîtriser les avions de combat américains. Onze pays qui soutiennent Kiev ont promis de former ces pilotes. Selon l’OTAN, ces pilotes ukrainiens seraient prêts à utiliser les avions en combat au début de 2024, même si d’autres experts prédisent que cela se produira peut-être plutôt durant l’été de cette même année.
A noter que le soutien militaire que Kiev reçoit de ses alliés est en déclin. Deux ans après le début de la guerre à grande échelle, le soutien de l’Occident à Kiev a fléchi. En effet, les aides engagées pour la période d’août 2023 à janvier 2024 ont diminué par rapport à la même période l’année précédente, selon le dernier rapport de l’Institut Kiel, publié en février 2024. Cette tendance pourrait même se poursuivre, le Sénat américain ayant des difficultés à approuver de nouvelles aides et l’Union européenne ayant rencontré de grandes difficultés pour adopter une aide de 50 milliards le 1er février 2024, en raison d’un blocage par la Hongrie. Il est important de mentionner que ces deux paquets d’aides ne sont pas inclus dans le bilan final fourni par l’Institut Kiel qui s’arrête à janvier 2024.
Le rapport de l’institut allemand révèle également que le nombre de donateurs a diminué et se réduit maintenant à un groupe central de pays, dont les États-Unis, l’Allemagne, et les pays du Nord et de l’Est de l’Europe. Ces pays promettent non seulement une aide financière substantielle, mais aussi des armes de pointe. En somme, depuis février 2022, les pays qui soutiennent Kiev se sont engagés pour soutenir le pays avec un montant d’au moins 276 milliards d’euros en aides militaires, financières et humanitaires.
Les nations les plus fortunées ont tendance à donner plus généreusement. Les États-Unis sont indéniablement les donateurs numéro un, dévoilant une aide de plus de 75 milliards d’euros, dont 46,3 milliards consacrés à l’aide militaire. Les pays membres de l’Union européenne ont promis des aides bilatérales et conjointes provenant des fonds de l’Union, s’élevant à un total de 158,1 milliards d’euros.
Cependant, si l’on examine ceci en proportion du PIB de chaque pays donateur, le rang change. Les États-Unis tombent à la vingtième place (offrant 0,32 % de leur PIB), très en retard par rapport à des pays limitrophes de l’Ukraine et à d’anciennes républiques soviétiques alliées. L’Estonie arrive en tête des dons en fonction du PIB avec 3,55 %, suivie par le Danemark (2,41 %) et la Norvège (1,72 %). Les places restantes du top 5 sont occupées par la Lituanie (1,54 %) et la Lettonie (1,15 %). Les trois pays baltes, tous ayant des frontières partagées avec la Russie ou son partenaire la Biélorussie, sont parmi les donateurs les plus généreux depuis le début du conflit.
En termes de pourcentage du PIB, la France arrive à la vingt-septième place, ayant consacré 0,07 % de son PIB, juste derrière la Grèce (0,09 %). L’aide de Paris a diminué progressivement depuis le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie – la France se classait vingt-quatrième en avril 2023, et treizième à l’été 2022.
Que savons-nous des tensions à la frontière entre l’Ukraine et la Pologne ?
Les tensions entre l’Ukraine et la Pologne sont palpables depuis quelques mois, en particulier concernant le transit de céréales ukrainiennes. En 2022, la Commission européenne avait instauré des « chemins de solidarité » afin d’aider à l’exportation et la vente de produits agricoles ukrainiens, sans imposer de tarifs douaniers, vers l’Afrique et le Moyen-Orient. Néanmoins, près de la moitié des céréales ukrainiennes finissent leur trajet ou transitent par l’Union européenne (UE), selon la fondation Farm, un groupe de réflexion sur les questions globales d’agriculture. Ces céréales sont vendues à un prix bien inférieur à celui du blé produit en UE, en particulier dans les pays d’Europe centrale.
De ce fait, la Pologne, avec la Bulgarie, la Hongrie, la Roumanie et la Slovaquie, a bloqué unilatéralement leurs importations de céréales ukrainiennes en avril 2023. Ils prétendent que ces céréales déstabilisent leur marché local et affectent ainsi le revenu de leurs agriculteurs. Cela a été accepté par Bruxelles, à condition que le transit vers d’autres pays ne soit pas entravé et que l’embargo ne dépasse pas quatre mois. Toutefois, Varsovie a choisi de ne pas rouvrir sa frontière à ces céréales à la fin de l’été, arguant que le problème sous-jacent n’avait pas été résolu. Bruxelles, quant à elle, estimait que l’embargo était inutile car leurs études indiquaient qu’il n’y avait plus de perturbation des marchés nationaux de céréales.
Les agriculteurs de la Pologne ont créé un blocus à la frontière avec l’Ukraine pour empêcher le passage des camions ukrainiens, revendiquant un embargo intégral sur les marchandises agricoles et alimentaires en provenance d’Ukraine. Ils protestent contre l’augmentation de leurs coûts de production, alors que leurs silos et dépôts sont pleins et les prix au plus bas. Le président de l’Ukraine a déclaré en début d’année 2024 que ce blocage de la frontière polonaise montre une « diminution de la solidarité » envers son pays, appelant à des discussions avec la Pologne. Il a aussi insisté que « seul Moscou trouve du plaisir » dans ces tensions et a dénoncé « l’émergence de pro-Poutine slogans ».
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