Emmaüs, l’association de lutte contre la pauvreté, est confrontée à des défis depuis près d’un an. Le 13 et le 14 juin derniers, elle a tenu son assemblée générale afin de trouver une solution à une crise sans précédent. Parmi les 120 communautés du mouvement, plusieurs se sont trouvées perturbées par des grèves de travailleurs protestant contre leurs conditions de travail.
Un reportage de Complément d’enquête, diffusé le 6 juin sur France 2, a mis en évidence des manquements en matière de sécurité des travailleurs, des traitements abusifs, le harcèlement, et même des suspicions de détournements de fonds.
L’enquête a également entraîné des perquisitions sur quatre sites de l’association dans le Tarn-et-Garonne le 4 juin, en lien avec une enquête du parquet de Montauban sur des allégations de travail illégal exploitant des personnes vulnérables.
Enfin, un procès s’est déroulé le 13 juin devant le tribunal judiciaire de Lille, où trois dirigeants de communautés de Saint-André-lez-Lille et de Nieppe (Nord) ont été appelés à répondre d’accusations de travail dissimulé. Le procureur a demandé une peine d’un an de prison avec sursis et une amende de 2000 euros pour le président de la Halte-Saint-Jean, deux ans de prison avec sursis et une amende de 3000 euros pour la directrice, et six mois de prison avec sursis pour un ancien responsable de la communauté de Nieppe. Le verdict du tribunal sera rendu le 5 juillet.
L’association continue de fonctionner avec le statut attribué par les pouvoirs publics.
À l’origine, une vingtaine de membres de la Halte-Saint-Jean ont déposé une plainte pour « trafic d’êtres humains », une allégation que les tribunaux n’ont pas soutenue. Ces individus, tous en situation irrégulière et en grève depuis juillet 2023, critiquaient des conditions de travail épuisantes, notamment quarante heures par semaine, parfois pendant plusieurs années, et des promesses de régularisation non respectées. Le comportement de la dirigeante de la communauté était également en question.
Officiellement, ces compagnons des Communautés Emmaüs ne sont pas des employés mais mènent une « activité solidaire ». Leur participation comprend le tri de vêtements et de livres, le débarras de mobilier, la réparation d’appareils électroménagers, la vente d’articles et l’entretien des installations. En retour, ils reçoivent de la nourriture, un logement et une compensation financière.
Pour clarifier leur statut juridique, un statut d’Organisme d’Accueil Communautaire et d’Activités Solidaires (OACAS) a été créé en 2008 par le gouvernement. Les organismes agréés offrent aux personnes qu’ils accueillent un logement décent, un soutien financier et un suivi social. Ils paient des cotisations à l’Urssaf, ce qui donne aux compagnons accès à tous les avantages issus du régime général de sécurité sociale, comme les arrêts de travail et les indemnités journalières, l’indemnisation des accidents du travail et la retraite. Cinq communautés du Nord, dont certaines actuellement en crise, ont refusé le statut d’OACAS. L’article complet est réservé aux abonnés, avec encore 37,26% de l’article à lire.
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