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13 juin 2024 16 h 10 min

« Hommes progressent rapidement dans métiers féminins »

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Même si les femmes luttent pour se faire une place dans les métiers traditionnellement masculins, les hommes semblent tirer parti des professions majoritairement féminines. Dans son livre intitulé « Se distinguer des femmes » (La Documentation française, 2023), la sociologue Alice Olivier explore les parcours de jeunes hommes ayant embrassé des études de sage-femme et d’assistant de service social – domaines dominés par des femmes – et fait état des privilèges qui leurs sont accordés.

En ce qui concerne les attentes professionnelles, dans les domaines très féminisés, il semble que l’égalité prévaut quand il s’agit de l’aspect principal du travail, à savoir le soin et l’attention portés aux personnes prises en charge. Cependant, dans une société où les normes de genre et les inégalités sont toujours présentes, l’idée répandue est que hommes et femmes n’ont pas les mêmes qualités intrinsèques, et que les hommes peuvent apporter un « plus » dans ces secteurs très féminisés.

Les équipes professionnelles sont souvent favorables à l’inclusion d’hommes, estimant qu’ils apportent naturellement des qualités comme la maîtrise de soi, la force physique, l’humour, une conversation intéressante, et une approche plus technique, rationnelle et scientifique. Même si ces caractéristiques sont souvent mises en avant par les hommes eux-mêmes, cela souligne néanmoins le traitement de faveur dont ils bénéficient.

Ces plans tendent à les mettre en valeur durant leur formation pratique. Du fait de leur rareté, ils sont rapidement repérés. Dans des départements aussi surchargés que ceux des sages-femmes, être très visible offre une opportunité supplémentaire pour démontrer et développer ses compétences. Ils bénéficient aussi souvent d’une indulgence pour leurs fautes. On considère généralement que les hommes sont « moins académiques » mais présentent des qualités de tact et font souvent l’objet d’une bienveillance particulière. Cela contribue à augmenter leur confiance en soi.

Qu’en est-il du lien entre la mise en avant dont profitent les hommes et leur progression de carrière ?

Dans des métiers traditionnellement « féminins », les hommes gravissent plus vite les échelons, sont plus visibles et rencontrent moins de chômage ou de temps partiel. Dans ma recherche, j’ai pu observer les origines de ces mécanismes dès la phase d’apprentissage. Par exemple, les hommes assument souvent des rôles de représentation, tels que délégué, président d’une association étudiante ou porte-parole de la classe, même si celle-ci est presque entièrement composée de femmes. Ces positions leur permettent de renforcer leurs compétences en leadership, en négociation et en prise de parole en public. Ils obtiennent aussi facilement des stages et sont généralement populaires auprès de leurs camarades.

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