L’annonce surprise de la dissolution de l’Assemblée nationale par le président de la République le dimanche 9 juin a laissé de nombreux défenseurs en déroute. En cette période géopolitique tumultueuse, principalement due au conflit en Ukraine, un grand nombre de dossiers d’urgence ont été mis en attente. Par ailleurs, plusieurs événements d’envergure se profilent au début de l’été, dont le sommet annuel de l’OTAN à Washington du 9 au 11 juillet, les célébrations du 14 juillet et les Jeux olympiques.
Thomas Gassilloud, jusqu’à récemment député Renaissance du Rhône et président de la commission de la défense de l’Assemblée nationale, déplore la situation, ayant le sentiment d’être laissé en plein vol à pleine vitesse. Blessé à deux chevilles suite à un saut en parachute avec les forces spéciales de l’air fin mai, il se voit contraint de faire campagne. « Techniquement, je ne suis plus en fonction, mais je continue à maintenir de nombreux liens informels. Il est nécessaire d’assurer une transition », explique l’ancien député. Il voit également le salon de l’armement Eurosatory, qui se tiendra du 17 au 19 juin au Bourget (Seine-Saint-Denis), comme une victime potentielle de la dissolution, les enjeux liés à « l’économie de guerre » risquant d’être naturellement mis en suspens.
Le réajustement annuel de la programmation militaire, connu sous le nom de « A2PM », est la conséquence directe et la plus tangible pour toutes les armées. Cette révision, qui se produit annuellement juste avant l’été, concerne les fonds alloués aux forces armées. Bien qu’il s’agit souvent de discussions techniques, elles sont attentivement surveillées par les hauts commandements, car elles sont essentielles pour rectifier les dérapages budgétaires possibles ou pour obtenir des fonds supplémentaires pour des « urgences opérationnelles ». Cette année, pour la première fois, les députés ont été directement associés à cette procédure généralement non transparente.
À Matignon, où le Premier ministre a un cabinet militaire, le général de division Frank Barrera, qui a assumé ses fonctions en juillet 2021 et a travaillé avec Jean Castex et Elisabeth Borne, a maintenu comme d’habitude le chef du cabinet militaire pour garantir la « continuité des armées ». Cela est censé assurer la défense de la France, indépendamment des affiliations politiques des autorités gouvernementales. Cependant, la dissolution a partiellement bloqué le movement des hauts rangs de la hiérarchie militaire.
Quant à l’aide à l’Ukraine, cela soulève plusieurs questions parmi les dirigeants des principaux services régaliens qui relèvent administrativement de Matignon. Qu’il s’agisse du secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale, de l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (Anssi) qui est en première ligne sur les questions de cybersécurité nationale, ou du Groupement interministériel de contrôle (GIC) qui est chargé d’une grande partie des interventions au nom des services de renseignement.
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