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13 juin 2024 5 h 09 min

« Ciotti sous-estime opposition à droite »

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L’issue d’une élection ne dépend pas systématiquement de l’efficacité d’une campagne, un fait illustré par les leaders du parti Les Républicains (LR) suite à l’obtention d’un résultat de 7,3% par la liste de François-Xavier Bellamy. Curieusement, ses apparitions télévisées sensationnelles ont reçu plus d’attention que ses suggestions pour l’Union européenne.

En 2019, sa difficulté à orienter le débat public au-delà du choix entre l’intégration européenne et le souverainisme était manifeste, une tendance qui a persisté lors des élections du 9 juin, centrées autour de l’affrontement entre Emmanuel Macron et le RN. Bien que la liste LR ait réussi à limiter les dégâts, elle a perdu deux eurodéputés. Avec seulement deux réélus contre quatre nouveaux venus, le parti se voit davantage marginalisé au sein d’un Parti populaire européen (PPE) pourtant consolidé, tout en refusant de soutenir la candidate présidence de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, qui se présente pour un autre mandat.

L’électorat LR, majoritairement âgé, à l’aise financièrement et catholique pratiquant, s’est réduit depuis 2019 autour d’un noyau socio-démographique stable. La baisse à moins de 10% le relègue au rang de parti mineur. Dans le contexte des élections européennes, le retour de certains électeurs de droite qui avaient précédemment favorisé Emmanuel Macron sur Valérie Pécresse lors des élections présidentielles de 2022 a à peine équilibré le départ d’autres supporters LR vers l’extrême droite, qu’elle soit lepéniste ou zemmourienne.

La foi presque naïve manifestée par les élites conservatrices en mettant en lumière le professionnalisme et l’expertise de leur premier choix, l’expérience acquise au Parlement européen et leur affiliation au PPE, reflète une époque où l’UMP avait une place garantie dans le paysage politique français et ne se voyait pas dans l’obligation de reconquérir d’importantes franges de l’électorat.

Réactions superficielles

La promotion des figures publiques en places promettantes – une agricultrice [Céline Imart], un général [Christophe Gomart], un médecin [Laurent Castillo] – tout comme François-Xavier Bellamy (ancien professeur de philosophie) auparavant, est un indicateur manifeste de l’incompréhension face aux nouvelles aspirations de l’électorat, éveillées par l’effervescence macroniste de 2017. Elles se présentent comme des solutions superficielles face à la décadence abrupte que le parti connaît depuis quelques années.

Pour les Républicains, le dernier an était consacré à un travail laborieux de rénovation du programme, supervisé par l’ancien député européen Geoffroy Didier. Cependant, les résultats de ce processus, maintenant devenu une routine pour un parti qui se « refonde » tous les cinq ans sans obtenir de résultats concrets, restent attendus. Les candidats de la présidentielle ayant toujours le dernier mot au sein de la famille post-gaulliste.

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