La guerre russo-ukrainienne, une lutte interminable, donne naissance à une nouvelle cohorte d’officiers qui ont été façonnés par dix ans de batailles asymétriques. Ces guerriers, résolus à combattre l’envahisseur, sont souvent en désaccord avec une structure militaire encore teintée par la mentalité soviétique, et une communauté civile qui dans leur relative quiétude, semble se démobiliser.
« Il est nécessaire d’établir la réalité telle qu’elle est devant les civils. Beaucoup ne saisissent pas que leur vie normale à Kiev, Lviv ou Odessa est possible grâce à la résistance du front. Et pour maintenir ce front, nous avons besoin de plus de militaires! » insiste Vadym Tcherni, chef du deuxième bataillon de la 28ème brigade. Ce géant blond de 28 ans, au physique robuste mais à la voix haute, s’exprime depuis le camp d’entraînement de son bataillon, situé à environ 20 kilomètres du front, près d’Avdiïvka, dans le Donbass. Des rafales de tirs d’armes automatiques et des détonations de grenades lancées par les soldats du bataillon de l’infanterie mécanisée rompent de temps en temps la quiétude d’une après-midi ensoleillée de mai.
À l’instar de nombreux officiers qui luttent depuis l’initiation de l’invasion à grande échelle, voire depuis 2014, Vadym Tcherni est agacé par les atermoiements des autorités qui ont tardé plus de huit mois pour adopter une loi diminuant l’âge de mobilisation des hommes de 27 à 25 ans.
L’Ukrain Oleksandr Syrsky, à la tête de l’armée, a semblé faire preuve de souplesse envers l’autorité politique, affirmant fin mars que le nombre de troupes requises pour un remaniement des forces en 2024 était maintenant « considérablement réduit ». Ce chiffre était initialement estimé à un demi-million. Volodymyr Zelensky, dont la popularité est en baisse, redoute un déclin encore plus prononcé en raison d’une grande mobilisation forcée.
« Mes forces sont épuisées », constate Vadym Tcherni, qui a débuté sa carrière militaire dès ses 17 ans. Il insiste fortement sur la nécessité de diminuer l’âge requis pour le service à 21 ans et de mettre fin au débat sur la démobilisation des troupes au front depuis le lancement de l’offensive russe en février 2022. De leur côté, les Russes envoient au combat de nombreuses recrues plus ou moins qualifiées, ayant peu de scrupules à les sacrifier, en violation flagrante des codes moraux et principes.
Tcherni montre son attachement à l’État de droit, mais souligne en même temps la responsabilité que chaque citoyen possède envers sa nation. « La Constitution ukrainienne demande aux citoyens de défendre leur pays. Si un individu refuse d’honorer ses obligations constitutionnelles, il se doit d’être privé de certains droits. », explique-t-il.
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