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12 juin 2024 3 h 12 min

« Amours de jeunesse: Passion et détails »

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Lors de ma première visite dans sa classe à Thieusies en Belgique, Sylvain attire immédiatement mon attention. Non seulement par son apparence physique mais aussi par sa gentillesse et la douceur qui émane de lui. Il a une voix calme et posée. À l’époque, j’avais 11 ans et c’était la première fois que je ressentais une telle attraction pour quelqu’un. Étant d’une nature très réservée, raconter une histoire devant toute la classe me fait rougir. Mes amies m’encouragent à faire le premier pas pour attirer son attention, mais je n’y parviens pas tout de suite.

Un jour, je décide d’écrire un mot d’amour, mais je le garde pour moi. Plus tard, je lance le mot à travers une chaîne d’amis dans l’espoir qu’il atteigne Sylvain. Le mot est un poème que j’avais lu dans un livre à la maison : « J’aime deux choses : la rose et toi. La rose pour un jour, et toi pour toujours.” J’appréhende énormément sa réaction, craignant son refus ou les moqueries des autres. Mais quand il lit le poème, je le vois sourire, quelques rangées devant moi. Cela me rend heureuse.

Bien que nous ayons échangé des lettres pendant deux ans, nous ne nous sommes jamais vraiment parlé en personne. Chaque jour, j’arrive en classe et je l’observe. Son plumier jaune avec une marque Carambar, l’endroit où il est assis, ses mouvements – tout est gravé dans ma mémoire. Avec le recul, je réalise que c’était une obsession.
J’ai parfois l’impression d’en faire trop par rapport à lui.

En 1987, je savais que la transition vers le lycée était inévitable. À ce moment-là, nous avions l’habitude de passer nos cahiers entre amis pour écrire des messages. Sylvain, cependant, a rempli le mien avec des dessins de petits personnages dans un parc. Certains se cachaient, certains se tenaient la main, certains s’embrassaient. Possiblement toutes les choses que nous aurions pu faire ensemble si nous n’étions pas si réservés. En bas, il écrit qu’il m’aime « avec l’intensité de Superman » et signe. C’est là que j’ai eu ma réponse.
Lorsqu’il a quitté l’école, c’était le désastre. Je ne mangeais plus, je pleurais, je ne voulais plus aller à l’école et, même quand j’y étais, je cherchais Sylvain dans la cour. Certains disaient qu’il m’avait de toute façon oubliée ; mes parents se sont inquiétés, ont questionné le principal, m’ont envoyé voir un psychologue, mais je n’ai rien dit. La sœur de Sylvain était encore à l’école, je passais par elle pour envoyer mes messages, pour demander de ses nouvelles. Cependant, il ne me répondait pas toujours et, chaque fois, il y avait moins de mots. Audrey a fini par me dire qu’ils allaient quitter la Belgique pour aller vivre en France. J’ai cru que c’était mon premier chagrin d’amour.
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