Cet événement en direct a vu les participations de Gabriel Coutagne et Anna Villechenon. Pour plus de renseignements sur la guerre en Ukraine, consultez nos reportages, analyses et explications. Récemment, des graffitis apparaissent sur la tour Eiffel, probablement l’œuvre d’un groupe d’artistes ukrainiens suspect. Les discours de haine des propagandistes du Kremlin en Ukraine ont alerté la CPI. L’aide de la France envers l’Ukraine a été renforcée par l’envoi de Mirage par Emmanuel Macron. Volodymyr Zelensky exprime sa gratitude à la France devant l’Assemblée nationale, bien que peu de membres soient présents. En revanche, les opposants critiquent cette augmentation de l’aide militaire de la France.
L’intensité du combat à Kharkiv, en Ukraine, a franchi la « ligne rouge » qu’Européens et Américains semblaient avoir établie au début du conflit. Vladimir Poutine pourrait se venger des Occidentaux en fournissant des missiles à des groupes hostiles. Un an après l’événement, la démolition du barrage de Kakhovka en Ukraine est qualifiée de « crime de guerre environnemental ».
Face à cette situation grave en Ukraine, les tactiques utilisées sont intéressantes. Un escalade de l’utilisation d’avions sans pilote a été observée entre l’Ukraine et la Russie. Un rapport d’un groupe de réflexion britannique publié en mai 2023 indique que l’Ukraine perd en moyenne 300 drones par jour, soit un total de dix mille par mois. Pour mettre ces chiffres en perspective, l’armée française possède un peu plus de 3 000 de ces appareils.
Les Ukrainiens et les Russes utilisent principalement de petits drones civils, accessibles et abordables, pour surveiller le terrain de combat et diriger les troupes ou les tirs d’artillerie. Certains de ces drones sont également modifiés pour transporter de petites charges explosives qui sont larguées sur des tranchées ou des véhicules blindés.
Les drones-kamikazes, bien que moins nombreux, jouent également un rôle crucial. Ces drones équipés de charges explosives sont lancés au-dessus de la ligne de front sans objectif prédéfini. Moscou utilise les drones russes Lancet-3 ainsi que les Shahed-136 iraniens. L’Ukraine, qui n’a pas de flotte de guerre significative, défie l’ennemi avec des véhicules marins sans pilote, de petits kayaks guidés à distance et chargés avec 450 kg de TNT.
Le rôle vital des drones dans leurs opérations a amené les Ukrainiens et les Russes à développer des plans pour soutenir leurs troupes sur le long terme. Ces plans comprennent l’achat massif de drones civils et le développement de capacités de production locales. L’industrie ukrainienne, qui avait du mal à décoller au début de la guerre du Donbass il y a dix ans, a depuis gagné en force. Fin août, le ministre ukrainien de la Transformation numérique a annoncé la conception d’une réplique du drone russe Lancet, qui sera bientôt lancée sous le nom de Peroun, en hommage au dieu slave de la foudre et du tonnerre.
En raison des restrictions occidentales qui entravent son accès aux composants électroniques, la Russie rencontre des difficultés. Cependant, les agences de renseignement américaines indiquent que Moscou a commencé à construire une usine dans la zone économique spécifique d’Alabouga pour produire des drones-kamikazes de fabrication iranienne, tels que les Shahed-136.
Quant aux réserves de missiles russes, il est très complexe, voire irréalisable, de déterminer leur état actuel. Les agences de renseignement ukrainiennes fournissent régulièrement des informations à ce sujet, mais leurs chiffres sont discutables.
D’après Andri Ioussov, le porte-parole du Service général de renseignement du Ministère de la Défense (GUR), cité par Liga.net, l’armée russe avait environ 2 300 missiles balistiques ou de croisière avant la guerre et plus de 900 en début d’année. À ce nombre, il ajoutait environ dix mille missiles antiaériens S-300, avec une portée approximative de 120 kilomètres, et une quantité significative de S-400, une version plus récente avec une portée trois fois plus grande. En août, Vadym Skibitsky, numéro deux du GUR, avait évoqué le nombre de 585 missiles avec une portée supérieure à 500 kilomètres.
En ce qui concerne la production, elle serait passée à environ 100 missiles balistiques ou de croisière par mois, selon divers experts. En octobre, le GUR estimait la production à 115 unités.
D’après les informations citées par Reuters provenant de plusieurs sources iraniennes, la Russie aurait acquis des missiles à courte portée auprès de l’Iran et de la Corée du Nord et continuerait à le faire. Depuis janvier, quand un accord aurait été conclu, il semblerait que 400 missiles iraniens Fateh-110 (capables de parcourir une distance de 300 à 700 km) ont été livrés à la Russie. Cependant, le nombre exact de missiles nord-coréens que la Russie a acquis reste incertain. Entre le 30 décembre 2023 et le 7 février 2024, on compte 24 tirs de missiles en Ukraine. Selon le procureur général, Andriy Kostin, ces missiles étaient probablement des KN-23 et KN-24, ayant une portée d’environ 400 km.
Quant aux avions de combat F-16, les États-Unis ont approuvé leur transfert vers l’Ukraine en août 2023, répondant ainsi à une demande de longue date du président ukrainien. Près de 300 de ces avions se trouvent dans neuf pays européens, dont la Belgique, le Danemark, la Grèce, les Pays-Bas et le Portugal, mais tous ces pays ne sont pas en mesure de les céder immédiatement. Le président Volodymyr Zelensky a mentionné que 42 F-16 avaient été promis à Kiev par les alliés occidentaux, mais cette information n’a pas été confirmée. Les promesses du Danemark incluent 19 avions, dont six seront livrés d’ici la fin de l’année 2023, puis huit en 2024, et enfin cinq en 2025, comme l’a indiqué la première ministre danoise Mette Frederiksen. Les Pays-Bas, qui ont également promis des avions, ont une flotte de 42 unités, mais n’ont pas indiqué combien ils prévoient de céder.
Les pilotes ukrainiens doivent recevoir une formation adéquate pour piloter les avions de combat américains. Onze pays alliés ont convenu de prendre en charge la formation de ces pilotes. L’OTAN prévoit que les soldats ukrainiens seront en mesure d’utiliser les avions dans des situations de combat au début de 2024, tandis que certains experts suggèrent que cela pourrait avoir lieu à l’été 2024.
Les alliés de l’Ukraine leur fournissent quel type de soutien militaire ?
Deux ans après le déclenchement de la guerre à grande échelle, le soutien occidental à l’Ukraine semble ralentir. Selon un rapport de l’Institut Kiel publié en février 2024, les aides récemment accordées ont diminué entre août 2023 et janvier 2024 par rapport à la même période de l’année précédente. La tendance pourrait se poursuivre, le Sénat américain ayant du mal à voter pour des aides et l’Union européenne ayant du mal à approuver une aide de 50 milliards d’euros le 1er février 2024, en raison de l’opposition de la Hongrie. À noter que ces deux paquets d’aide ne sont pas encore inclus dans le dernier bilan de l’Institut Kiel, qui s’arrête en janvier 2024.
L’étude de l’institut allemand révèle que le nombre de donateurs diminue et se centralise autour d’un groupe de pays comprenant les États-Unis, l’Allemagne, les pays du Nord et de l’Est de l’Europe. Ces pays se sont engagés à fournir à la fois une aide financière importante et des armes de pointe. En tout, depuis février 2022, les pays qui soutiennent l’Ukraine se sont engagés à hauteur d’au moins 276 milliards d’euros sur les plans militaire, financier et humanitaire.
En termes de montants totaux, les nations les plus prospères ont fait preuve de la plus grande générosité. Les États-Unis figurent en tête de liste des donateurs, ayant dévoilé une assistance de plus de 75 milliards d’euros, dont 46,3 milliards serviront à l’aide militaire. L’Union européenne a mis en avant à la fois des contributions bilatérales (64,86 milliards d’euros) et des aides collectives tirées des ressources de l’Union européenne (93,25 milliards d’euros), soit un montant total de 158,1 milliards d’euros.
Néanmoins, lorsqu’on compare ces sommes au produit intérieur brut (PIB) de chaque pays donateur, la hiérarchie se modifie. Les États-Unis glissent au vingtième rang (0,32 % de leur PIB), loin derrière certains pays limitrophes de l’Ukraine ou d’anciennes républiques soviétiques amicales. L’Estonie se hisse en pole position en termes d’aide en proportion du PIB avec 3,55 %, talonnée par le Danemark (2,41 %) et la Norvège (1,72 %). La Lituanie (1,54 %) et la Lettonie (1,15 %) complètent le top 5. Les trois États baltes, qui partagent tous une frontière avec la Russie ou son alliée, la Biélorussie, figurent parmi les donateurs les plus libéraux depuis le début du conflit.
Concernant le pourcentage du PIB, la France occupe la vingt-septième place, ayant engagé 0,07 % de son PIB, se positionnant juste derrière la Grèce (0,09 %). L’aide proposée par Paris a connu une baisse constante depuis le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie – la France occupait la vingt-quatrième place en avril 2023 et la treizième place à l’été 2022.
Qu’en est-il des tensions à la frontière entre l’Ukraine et la Pologne ?
« Depuis un certain temps, l’Ukraine et la Pologne connaissent des tensions en raison du transit des céréales ukrainiennes. En effet, la majorité des céréales ukrainiennes, près de 50%, font partie de la chaîne d’approvisionnement de l’Union européenne, indique la Fondation Farm, un groupe de réflexion sur les questions agricoles internationales. Ces céréales sont vendues à des prix inférieurs à ceux du blé de l’UE, en particulier ceux des pays d’Europe centrale.
Afin de protéger leurs marchés locaux et les revenus de leurs agriculteurs, la Pologne, la Bulgarie, la Hongrie, la Roumanie et la Slovaquie ont décidé de bloquer les importations de céréales ukrainiennes en avril 2023. Cet embargo, reconnu par Bruxelles, était censé empêcher toute distorsion du marché national des céréales et ne devait pas dépasser quatre mois.
Cependant, constatant que le problème de base demeurait, Varsovie a choisi de maintenir la fermeture de sa frontière aux céréales ukrainiennes à la fin de l’été, contrairement aux recommandations de Bruxelles. En effet, selon Bruxelles, il n’y avait plus de raison de maintenir l’embargo car leur analyse ne montrait aucune distorsion du marché des céréales. »
Depuis un certain temps, la frontière entre la Pologne et l’Ukraine a été barrée par les agriculteurs polonais, dans le but de stopper le flux des camions ukrainiens entrant sur leur territoire national. Ces agriculteurs réclament l’interdiction totale des produits agricoles et alimentaires en provenance de l’Ukraine. Ils se plaignent principalement de l’augmentation de leurs frais de production tandis que leurs silos et entrepôts sont pleins à craquer et que les prix ont atteint leur point le plus bas. Au début de l’année 2024, le Président ukrainien a interprété le blocus à la frontière polonaise comme un signe de la diminution de la solidarité envers son pays. Il a alors demandé des discussions avec la Pologne. Il est également d’avis que cette situation de tensions ne profite qu’à Moscou et a dénoncé l’émergence de slogans qui soutiennent ouvertement Poutine.