La synagogue de Slonim, qui est l’une des plus exquises en Biélorussie et la deuxième plus ancienne du pays, s’apprête à embrasser un nouveau destin. Cette dernière, délaissée depuis plusieurs années, a été acquise pour une somme de 42 roubles biélorusses (soit 12 euros) lors d’un enchère menée par les autorités en février. Denis Dudarev, l’acheteur dont l’identité est longtemps restée en mystère, a pris contact avec le leader du comité exécutif de la région de Slonim en mai. « Je suis déterminé à restaurer la synagogue de Slonim », a affirmé cet énigmatique homme d’affaires russe, dont les paroles ont été citées par le journal local de Slonim, le Slonimski Vesnik. Dudarev, qui a amassé sa richesse grâce à l’industrie de la construction, a maintenant cinq ans pour remettre en état ce monument religieux tout en respectant son Patrimoine historique et esthétique. La compagnie de Dudarev était la seule à être impliquée dans la vente de la synagogue. Suite à de nombreux appels d’offres sans succès, le prix de départ a été finalement ramené à la maigre somme de…11 euros. Érigée en 1642, à une époque où la ville de Slonim était un carrefour commercial et culturel majeur de la République des Deux Nations (l’alliance du grand-duché de Lituanie et du royaume de Pologne), la synagogue a été le lieu de culte pour une communauté juive de mille personnes dont le nombre n’a cessé d’augmenter avec les siècles. Ce monument religieux, construit en brique et en pierre, faisait autrefois partie des fortifications de la ville.
Anton Trafimovich, un ex-journaliste de Slonim, actuellement exilé, exprime son inquiétude sur le futur de l’une des synagogues les plus uniques de la Biélorussie. Il note qu’elle contient des sculptures et des fresques incomparables, que la plupart des autres synagogues du pays ont perdu à cause de la dévastation des guerres passées, des autorités soviétiques, ou bien de leurs réaffectations et purges décoratives. Toutefois, Anton avoue qu’il ne sait pas grand-chose sur le nouveau propriétaire de la synagogue. Il espère que ce dernier respectera le design original de l’édifice lors de la rénovation, car il constate qu’il y a eu des reconstructions historiques en Biélorussie qui ont modifié considérablement l’aspect d’origine.
Il déplore par ailleurs que la plupart des journalistes indépendants aient dû abandonner leur métier ou quitter le pays, permettant ainsi aux autorités de faire ce qu’elles veulent. En 1921, Slonim avait une population de presque 10 000 occupants, dont 71% étaient juifs. Mais après la Seconde Guerre Mondiale et l’occupation nazie, seul une quarantaine de Juifs y habitaient encore en 1946, suite à la libération soviétique.
La synagogue avait été convertie en entrepôts pour répondre aux besoins d’un magasin de meubles et fut finalement laissée à l’abandon dans les années 1990. Aujourd’hui, un petit marché fonctionne à proximité de cet endroit, dans une ville de l’ouest de la Biélorussie comptant 50 000 habitants. Il est à noter que plus de la moitié de l’article original n’est accessible qu’aux abonnés pour lecture.
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