Selon les chiffres révélés le mardi 11 juin par l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM), plus de 10 millions d’individus ont été contraints de quitter leurs foyers à l’intérieur du Soudan à cause de la guerre qui a éclaté en avril 2023 et des conflits précédents. Depuis que la guerre a commencé entre l’armée soudanaise et les Forces de Soutien Rapide (FSR) paramilitaires, 7,26 millions de personnes ont cherché refuge dans d’autres parties du Soudan. Ce chiffre s’ajoute aux 2,83 millions de personnes déjà déplacées par des conflits plus tôt, comme l’a indiqué cette organisation des Nations Unies.
L’armée, sous le commandement du général Abdel Fattah Al-Bourhane, est en lutte contre les paramilitaires de la FSR, dirigés par le général Mohammed Hamdan Daglo, communément appelé « Hemetti » depuis avril 2023. El-Fasher, seule capitale parmi les cinq états du Darfour à échapper à la domination des FSR, était auparavant relativement à l’abri des combats. Cependant, la ville est devenue le théâtre de violents affrontements depuis le 10 mai, entraînant au moins 192 décès et plus de 1 230 blessures selon l’ONG Médecins Sans Frontières (MSF).
Lundi, MSF a annoncé que le seul hôpital en fonction à El-Fasher avait dû fermer ses portes le samedi précédent à cause de l’assaut des paramilitaires cherchant à prendre contrôle de la ville. Le mardi suivant, le procureur de la Cour Pénale Internationale (CPI) a exprimé son inquiétude face à la violence persistante au Darfour, situé dans le sud-ouest du Soudan, et a demandé aux témoins de fournir des informations à la CPI pour permettre une enquête.
« Je suis très troublé par les accusations de crimes à grande échelle en cours à El-Fasher et dans les régions avoisinantes », a annoncé le procureur Karim Khan. Les preuves déjà rassemblées « paraissent indiquer des accusations répétées, crédibles et en augmentation constante d’attaques contre le public civil », a-t-il ajouté.
D’après le procureur, des indications semblent aussi confirmer « un recours massif au viol et à d’autres types de violences sexuelles », ainsi que des attaques contre des infrastructures de santé. « Il est honteux de permettre que l’histoire se répète de nouveau au Darfour », a-t-il déclaré. « Nous ne pouvons et ne devrions pas laisser le Darfour redevenir un lieu où les atrocités sont oubliées par le monde ». « Nous vous demandons de partager toutes les informations pertinentes sur notre plateforme sécurisée, OTP Link », a-t-il encouragé.
La guerre au Soudan a déjà causé des dizaines de milliers de morts. A Al-Geneina, la capitale du Darfour occidental, entre 10 000 et 15 000 personnes ont perdu la vie selon les Nations Unies (ONU).
Les deux parties ont été accusées de crimes de guerre, y compris d’attaques contre les civils, de bombardements indiscriminés de zones résidentielles et d’actes de pillage ou de blocage de l’aide humanitaire. Les paramilitaires sont particulièrement accusés de nettoyage ethnique et de crimes contre l’humanité.
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