Il était ardu d’évaluer les retombées complètes des élections européennes pour la France le lundi 10 juin. Une certitude s’est manifestée : la victoire considérable du Rassemblement national (RN) et la régression de la majorité présidentielle risquent de réduire leur empreinte au Parlement européen et, par conséquent, sur la scène de l’UE.
L’effectif des eurodéputés de la majorité présidentielle est passé de vingt-trois à treize, tandis que le RN pourrait enregistrer une hausse à trente, infligeant un coup dur à Strasbourg. Le groupe libéral, dont elle était le représentant national principal, a aussi subi une perte, cependant à ce niveau, il demeure la troisième puissance politique à l’Hémicycle.
Pour Valérie Hayer, la présidente du groupe et aussi la figure principale des macronistes pour les élections européennes, « Renew est un pilier centriste et crucial pour formuler une majorité au Parlement européen », aux côtés du Parti populaire européen (PPE), premier groupe qui a été renforcé lors du vote de dimanche, et des socialistes et démocrates (S&D) qui ont réussi à minimiser les dommages.
« La présence de la France est diminuée au Parlement européen », admet l’eurodéputé macroniste Pascal Canfin, pour qui le grand défi est maintenant d’assurer que la présidence de Renew reste entre leurs mains. Valérie Hayer est consciente du combat qui l’attend. « Si on perdait le contrôle du groupe avant les élections législatives, cela donnerait un signal très négatif », souligne un diplomate français.
Valérie Hayer s’engage activement pour que Renew ne soit pas détrôné par le quatrième groupe actuel, l’extrême droite des Conservateurs et réformistes européens (ECR). Ce groupe regroupe Fratelli d’Italia, le parti post-fasciste de Giorgia Meloni, Reconquista! et PiS de Pologne. Actuellement, ECR fait des efforts pour se connecter avec de nombreux partis qui n’appartiennent à aucune structure, avec une majorité nationaliste parmi eux – on estime leur nombre à environ une centaine.
Dans sa stratégie pour contrer l’influence de ECR, Valérie Hayer préconise l’établissement d’un cordon sanitaire autour du groupe, ce qui le priverait de tout rôle responsable au sein du Parlement. Identité et Démocratie (ID), un autre groupe d’extrême droite qui compte notamment le RN parmi ses membres, est déjà soumis à une telle mesure.
Toutefois, cette bataille est loin d’être gagnée. Au sein de Renew, ainsi que chez les S&D, l’opinion n’est pas unanime sur la question. Quant au PPE, il est opposé à l’idée, préférant se laisser la possibilité de forger des alliances avec ECR, selon les circonstances, lorsque la majorité du centre à laquelle il appartient ne répond pas à ses attentes.
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