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11 juin 2024 17 h 10 min

« Diaspora russe en Europe: intégration durable »

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Quel est le nombre précis de Russes qui ont décidé de partir de leur territoire suite à l’agression de l’Ukraine en février 2022 ? Les chiffres varient entre 700 000 et un million. Bien entendu, toutes ces estimations ne sont pas exactes et beaucoup d’entre eux sont retournés dans leur pays d’origine après une évasion initiale. Cet exode massif de Russes constitue un nouvel essor de la diaspora russe, qui a connu plusieurs cycles au cours du 20ème siècle. C’est l’un des faits marquants du conflit ukrainien, concernant l’avenir de la Russie et de l’Europe en général, bien que dans une mesure moindre pour cette dernière.

Pour la première fois dans l’histoire, une étude sociologique approfondie se penche sur cette Russie alternative. L’étude met en perspective cette récente vague d’émigration avec celles qui ont eu lieu dans les années 2000 et également depuis 2014, date qui marque l’initiation du conflit ukrainien.

Cette recherche a été commanditée par l’Institut français des relations internationales (IFRI) au Center for Analysis and Strategies in Europe (CASE), un nouveau groupe de réflexion formé par des chercheurs russes exilés. L’enquête, basée sur un sondage de l’Université de Nicosie, a inclu 3 237 personnes vivant en Allemagne, en France, en Pologne et à Chypre, interrogées en ligne ou en face à face. Les résultats de l’enquête, dévoilés le 11 juin, ont été présentés par deux économistes, Vladislav Inozemtsev et Dmitri Nekrasov, avec la participation de l’ancien député de Douma, Dmitri Goudkov, tous actuellement en exil.

La majorité de ces exilés sont des hommes jeunes et éduqués.

Dans l’après-2022, on identifie les relokanty ou « relocalisés », un terme néologique russe utilisé pour décrire ces exilés, qui constituent 44 % de l’échantillon examiné contre 35 % de ceux partis entre 2014 et 2022. Ils sont surtout jeunes, masculins, éduqués et occupent (ou ont occupé) des emplois qualifiés.

Les chercheurs mettent en exergue l’attention excessive accordée ces dernières années à ceux qui sont persécutés par le régime du président Vladimir Poutine. Ils représentent juste une petite fraction – entre quatre et cinq mille personnes selon leurs estimations. La grande majorité des nouveaux exilés sont plutôt des personnes sans menace de danger imminent (sauf ceux fuyant la crainte de conscription militaire), mais dont la vie et les perspectives d’avenir sont devenues insoutenables dans une Russie de plus en plus autoritaire et en conflit avec l’Occident.

Parmi les nouveaux arrivants, 65% mentionnent le « conflit russo-ukrainien » comme raison de leur exode de la Russie ; 44% citent « d’autres motifs politiques », 33% des raisons économiques et 8% leur orientation sexuelle (plusieurs réponses étaient permettent).

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