Dans le livre intitulé « Germaine Tillion. Une certaine idée de la résistance », l’auteure Lorraine de Meaux figure détaille la vie de Germaine Tillion, une ethnologue parisienne qui était exceptionnelle pour son courage et son dévouement. Une date significative dans l’histoire de Tillion est le 18 juin 1940, le même jour où le général de Gaulle a invoqué la lutte continue contre l’Allemagne. Ce jour-là, Tillion a fait son premier acte de résistance en remettant son livret de famille à ses amis, Adeline et Marthe Lévy, pour leur permettre de faire de fausses cartes d’identité. A travers ce geste courageux, elle a non seulement empêché leur humiliation mais a également sauvé leur vie.
La vie de Tillion était remplie de tels actes spontanés et généreux. En 2015, en reconnaissance de sa contribution, François Hollande l’a honorée en l’incluant au Panthéon. Connue pour son rôle actif dans la Résistance, la déportation, son amitié profonde avec Geneviève de Gaulle-Anthonioz, Denise Vernay et Simone Veil, et son engagement anticolonial, Tillion demeure un personnage inoubliable. C’est cet intérêt que Lorraine de Meaux explore dans son livre, en reliant les diverses facettes de la vie de Tillion et en s’appuyant sur des documents inédits, dont la correspondance de l’ethnologue.
Selon l’auteure, le travail accompli va bien au-delà de l’héroïsme de la femme représentée, décrite comme une personne à la fois pleine d’espièglerie et sérieuse, éminemment honnête, et qui incarne un patriotisme universel sans jamais tomber dans le sectarisme. Les rare fois où elle a manqué de jugement, souligne Lorraine de Meaux, n’entachent pas son humanisme brillant qu’elle admire. C’est par exemple le cas en 2000, quand elle a plaidé pour la libération de Maurice Papon pour raisons d’âge et est allée jusqu’à lui envoyer des vitamines et du miel en prison, alors qu’il a été condamné pour sa participation à des crimes contre l’humanité.
La force de résistance et la justesse intellectuelle dont faisait preuve Germaine Tillion, raconte cette biographie, étaient dues à des bases extrêmement solides. Elle a grandit au sein d’une famille aimante, éduquée et tolérante, avec des parents érudits qui l’ont soutenue dans sa poursuite d’études supérieures. En écrivant des guides touristiques pour Hachette, ils lui ont insufflé son « démon du voyage » et une insatiable curiosité pour les autres. Sa formation en ethnologie sous la tutelle de Marcel Mauss et Louis Massignon a ajouté des méthodes rigoureuses à son arsenal.
De plus, son immersion dans la communauté Chaouïas de l’Aurès, en Algérie, pendant les années 1930, s’est révélée être une expérience formatrice. Au cours de ces quatre années, elle a réussi, avec une autre jeune ethnologue, à surmonter les défis et à s’intégrer à la société locale, récoltant 5 000 photos, 800 objets, une généalogie détaillée de 7 000 membres de la communauté. Plus important encore, cette expérience lui a donné une capacité d’adaptation et une compréhension des dynamiques humaines clés.
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