Giorgia Meloni a réussi son pari. Malgré une participation record de seulement 49,6 %, la présidente du conseil italien ressort de ce scrutin renforcée à Rome et à Bruxelles. Les résultats des élections qui se sont terminées le dimanche 9 juin en soirée montrent que Fratelli d’Italia, le parti de Mme. Meloni, a recueilli près de 28,9 % des voix selon des projections encore non définitives le lundi matin. Ce score dépasse les 26 % qu’ils avaient obtenus lors des élections législatives en 2022, marquant ainsi son ascension en tant que leader du gouvernement le plus stable parmi les grandes puissances européennes, en particulier après les défaillances des gouvernements majoritaires à Paris et à Berlin.
Au sein du parti, l’ambition est désormais de continuer à dialoguer avec le Rassemblement National (RN) pour former des majorités sur certains textes au Parlement Européen. Ils espèrent même une victoire de l’extrême droite à Paris après les élections législatives anticipées annoncées dimanche. Comme l’a déclaré Francesco Lollobrigida, un proche collaborateur de Mme. Meloni et ministre de l’agriculture dans son gouvernement, dans une interview au Monde : « Un gouvernement autre que celui de Macron serait assurément une bonne nouvelle ».
Lors d’une courte allocution devant ses militants réunis au siège de campagne de Fratelli d’Italia dans la nuit de dimanche à lundi, la présidente du conseil a proclamé avec enthousiasme : « Ils nous ont vus venir, ils ne nous ont pas arrêtés ! ». Mme Meloni avait fait le choix de personnaliser sa campagne, se présentant elle-même à la tête des listes de son parti dans toutes les régions du pays et demandant à ses électeurs de n’écrire que son prénom « Giorgia » sur les bulletins de vote. La victoire de Fratelli d’Italia est donc aussi la sienne.
Avec un modeste score de 6,4 % et seulement 5 représentants élus en 2019, le parti se prépare à entrer dans le prochain mandat législatif en tant que force puissante au sein du groupe des Conservateurs et Réformistes européens. La présidente du conseil est également la chef de cette faction. Avant les élections, Mme Meloni a maintenu une balance entre la valorisation de ses liens proches avec la présidente sortante de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, qui brigue sa réélection depuis la formation politique du Parti Populaire Européen (PPE, centre-droit), et une série d’approches vers Marine Le Pen et le RN.
Le « modèle italien » de coalition entre la droite et l’extrême droite est en pleine discussion. « Macron représente tout ce à quoi nous nous opposons, un renversement des forces à Paris avec le Rassemblement national serait très bénéfique », exprime Lucio Malan, chef du groupe Fratelli d’Italia au Sénat. « Nous sommes vraiment déterminés à discuter avec le Rassemblement national pour établir une coopération fructueuse. Sur pratiquement tous les sujets, nous sommes en totale harmonie avec Marine Le Pen et nous envisageons de former des majorités conjointes, texte après texte, avec d’autres partis de droite. »
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