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10 juin 2024 6 h 06 min

« Conservateurs bulgares gagnent législatives, impasse persiste »

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En 2020, un vent de transformation avait balayé la Bulgarie. Cependant, cette dynamique semble s’être dissipée. Boïko Borissov, l’ex-premier ministre chassé du gouvernement suite à des protestations contre la corruption, a effectué un retour impressionnant. Son parti conservateur Gerb a attiré près d’un quart des électeurs lors des élections législatives tenues le dimanche 9 juin, d’après les estimations partielles diffusées durant la soirée par des sondages.

Il s’agissait de la sixième élection législative en trois ans, et elle se tenait simultanément avec les élections européennes. Moins d’un tiers des Bulgares ont quitté leurs maisons pour aller voter.

Gerb a considérablement surpassé la coalition reformiste Continuons le changement-Bulgarie démocratique (CC) qui a reçu entre 14% et 15% des votes, ne parvenant pas à durer sur la vague d’énergie générée par les puissantes manifestations anti-corruption de l’été 2020.

Boïko Borissov parviendra-t-il à établir une majorité au gouvernement ? Le parlement est fort dispersé et les pourparlers à venir s’annoncent houleux, ce qui suggère déjà l’éventualité d’un septième tour de vote à l’automne.

Selon l’expert Ognyan Minchev, dirigeant de l’Institut d’Études Régionales, la situation est telle qu’on ne peut désigner de vainqueur clair, vu la faible participation de votants, un taux jamais vu depuis de nombreuses décennies. “C’est un dernier avertissement de la part des électeurs à la classe politique, un ultimatum” pour qu’un accord soit enfin conclu, a déclaré Minchev à la télévision.

Face à une phase sans précédent de crises politiques et d’élections successives depuis la fin du communisme, le parti réformiste est en difficulté. On constate alors l’émergence du vétéran « Boïko », un ex-pompier et garde du corps, connu pour sa force et sa détermination. Ce géant chauve ayant voté à Sofia, capitale du pays, s’est positionné comme le garant de la « stabilité » à une époque de grande incertitude en Europe, en raison de la guerre en Ukraine.

C’est un argument de poids dans le pays le plus défavorisé de l’Union européenne, où les réformes sont en attente, l’adhésion à l’euro est repoussée et l’intégration totale à l’espace Schengen de libre circulation est mise en péril.

On assiste aussi à une poussée des forces pro-Kremlin. Toutefois, M. Borissov est critiqué pour ses associations avec le député Delyan Peevski, un ancien magnat des médias, faisant l’objet de sanctions américaines et britanniques pour corruption. À la tête du parti minoritaire turc MDL (qui représente environ 16% des votes), M. Peevski envisage de former une coalition avec Gerb. Il a exprimé dimanche sa volonté d’un « nouveau départ » pour favoriser le développement du « pays ». Cependant, leurs opposants sont en alerte contre un potentiel recul, sous l’influence des « forces obscures ».

« Nous avons atteint un carrefour », a averti dans la journée Kiril Petkov, co-fondateur de CC qui a brièvement gouverné en 2022, pendant que son collègue Hristo Ivanov a exhorté contre « la prise en main de la Bulgarie par Peevski ».

Ils ont subi les conséquences aux urnes pour avoir décidé de s’associer avec Gerb, leurs rivaux tant décriés. En milieu d’année 2023, ces deux partis mirent de côté leurs divergences pour instaurer un gouvernement pro-occidental en opposition à l’administration provisoire instaurée par le président Roumen Radev, un partisan des idées pro-Kremlin. Cependant, cette alliance précaire s’est dissoute après seulement neuf mois.

Par ailleurs, le vote a été dominé par un essor des partis pro-Kremlin sur la base de la désinformation généralisée, dans un pays où l’affection pour l’ère communiste demeure prégnante. Les nationalistes pro-russes de Vazrajdane (Renaissance) ont gagné environ 14 % des suffrages, alors qu’un nouveau parti avec la même orientation, Velichie (Grandeur), devrait faire sa première apparition au Parlement.

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