Samedi 8 juin, des milliers de militants environnementaux se sont rassemblés dans le Tarn pour protester contre la proposition de l’autoroute A69 Castres-Toulouse, en dépit d’une interdiction de manifester émise par la préfecture. Le nombre de participants variait selon les sources, entre 2 500 et 5 000 personnes. Le lieu de rendez-vous se situait à Puylaurens, sur un terrain qui pourrait être détruit pour la construction de l’autoroute. Les propriétaires de ce terrain ont généreusement permis aux manifestants de l’utiliser.
La matinée a été remplie par les discours de représentants venus de diverses associations qui s’opposent au projet, comme Les Soulèvements de la terre, La voie est Libre et Extinction Rébellion Toulouse. Christine Arrighi, membre du parti Europe Ecologie-Les Verts et députée de Haute-Garronne, qui dirige une commission d’enquête à l’Assemblée nationale sur les aspects juridiques et financiers du projet d’autoroute, était là pour affirmer que la protestation était un complément essentiel à son action à l’Assemblée. Elle a souligné que malgré l’interdiction de se rassembler, la volonté de protester pacifiquement contre ce projet jugé inutile ne s’est pas affaiblie. Elle insiste sur le fait que la lutte est loin d’être terminée, car de nombreux aspects du projet doivent encore être examinés par un tribunal administratif.
L’élu a exprimé sa détermination à combattre toutes formes de violence suite à l’interdiction d’une manifestation par le ministre de l’Intérieur, en raison de craintes de débordements. Selon elle, c’est la violation du principe de l’État de droit qui engendre d’autres violences, bien que seul ce dernier type de violences soit mentionné.
Peu après 14 heures, la foule qui s’était réunie dans une atmosphère joyeuse et accueillante, avec quelques drapeaux palestiniens et kanak flottant au vent, s’est divisée en quatre groupes distincts, chacun avec des intentions et des parcours différents.
Le groupe « bleu », qui abrite le plus grand nombre de manifestants habillés entièrement en noir et avec le visage totalement couvert, a pour mission de « récupérer de NGE [le constructeur de l’autoroute] toutes leurs absurdités », comme l’ont annoncé les organisateurs un peu plus tôt. Plus précisément, cela concerne des dizaines de panneaux de signalisation volés par les opposants au projet et regroupés à leur point de repère, qui doivent ensuite être déposés sur le chantier de l’entreprise NGE, situé à trois kilomètres de là. Les trois autres groupes (jaune, rose et vert) se préparaient probablement à des manifestations moins agitées.
Vers 15h20, la police a commencé à tirer des gaz lacrymogènes contre le cortège bleu. Il a été rapporté que huit personnes ont été arrêtées.
Laurent Prost, du groupe « La voie est libre », avait auparavant affirmé la détermination du mouvement face au préfet et aux élus. Lors du pic de la mobilisation samedi, les organisateurs escomptent « entre 10 000 et 15 000 manifestants ». À Puylaurens, plus de 1 000 gendarmes et policiers ont été mobilisés pour maintenir la protestation sur le site du camp.
Selon Michel Vilbois, préfet du Tarn, huit personnes ont été arrêtées et 148 objets pouvant être utilisés comme armes ont été saisis. Ces objets, y compris des planches à clous, des couteaux de différentes tailles, des frondes et des serpettes, ne sont pas prévus pour une manifestation pacifique sur l’écologie, mais plutôt pour agresser les forces de l’ordre.
Il a aussi fait mention que parmi les environ 1 500 personnes contrôlées par la police avant l’évènement, se trouvaient « dix personnes fichées S ». Le préfet a insisté sur la nécessité d’éviter toute forme de violence durant ce genre de manifestations, car il a souligné que le cortège principal peut cacher d’autres cortèges ayant pour but de provoquer des dégradations.
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