« C’est l’élection européenne la plus significative de tous les temps. » C’était le sentiment dominant parmi plus de 360 millions de citoyens appelés aux urnes du jeudi 6 juin au dimanche 9 juin pour élire 720 députés européens. Les leaders des listes françaises ont tous essayé d’insuffler une certaine gravité à cette occasion. De Valérie Hayer, représentante de la majorité présidentielle, à Jordan Bardella du Rassemblement national (RN), en passant par Marie Toussaint (Europe Ecologie-Les Verts, EELV), François-Xavier Bellamy (Les Républicains, LR), Manon Aubry (La France insoumise, LFI) ou Raphaël Glucksmann (Place publique et le Parti socialiste, PS), tous ont sans cesse rabâché cette ligne, espérant mobiliser leurs partisans et contrecarrer les anticipations d’abstention.
Chacun avait ses enjeux nationaux liés à ce vote, qui étaient cruciaux. Emmanuel Macron risquait sa réputation sur la scène européenne, tandis que le RN envisageait une victoire conduisant à l’Elysée. Les Verts étaient en danger d’extinction, et les socialistes espéraient que ce serait le début d’une renaissance. Mais qu’en est-il de l’Union européenne (UE) elle-même ?
« C’est vrai, l’UE est probablement à un moment clé de ses 70 ans d’histoire. Les crises, défis et bouleversements sans précédent auxquels elle est confrontée simultanément sont nombreux et graves », selon Malte Tim Zabel, expert en affaires européennes, qui écrivait fin mai sur le site de la Fondation Bertelsmann.
Confrontée aux défis tels que la menace de la guerre près de l’Ukraine, le différend complexe israélo-palestinien, le déclin économique progressif de l’Union européenne (UE), la diminution de l’intérêt des États-Unis pour ses alliés d’Europe, la possibilité d’une victoire électorale de Donald Trump, l’agression chinoise au niveau commercial et diplomatique sur le plan mondial, tout en gérant le problème omniprésent du changement climatique, l’Europe est sur le point d’être radicalement transformée. Emmanuel Macron a tiré la sonnette d’alarme avec une affirmation forte que « l’Europe peut mourir ». Jordan Bardella renforce cet avertissement avec l’idée que l’histoire se précipite, ce qui pourrait conduire à l’effacement de la France et de l’Europe.
Augmentation de l’extrême droite
Dans ce climat, les sondages prévoient un afflux sans précédent de l’extrême droite. Il est prévu qu’elle remporte une victoire dans au moins deux des pays qui ont fondé l’UE : la France, où le RN surpasse de loin la liste de Macron, et l’Italie, où le parti post-fasciste dirigé par Giorgia Meloni, Fratelli d’Italia, est vu comme probable gagnant. Il est prévu que d’autres partis, tels que le Vlaams Belang belge, le Parti pour la liberté (PVV) néerlandais, le portugais Chega, l’espagnol Vox, l’Alternative pour l’Allemagne (AfD), les partis polonais Droit et Justice (PiS) et Konfederacja, ainsi que le Fidesz hongrois, envoient également un grand nombre de représentants à Strasbourg.
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