Le Monde a rapporté que Christophe Deloire, le Secrétaire général de l’organisation Reporters sans frontières (RSF), est décédé à Paris le samedi 8 juin, à l’âge de 53 ans. Deloire, qui était traité pour des tumeurs cérébrales diagnostiquées tardivement à l’hôpital Saint-Louis, avait été hospitalisé pendant plusieurs semaines.
En juillet 2023, Emmanuel Macron avait chargé Deloire de diriger un comité pour les Etats généraux de l’information (EGI), une initiative promise par le chef de l’Etat lors de sa campagne en mars 2022. Les EGI, qui devaient se terminer à la fin du mois de juin, visaient à résister à toute ingérence étrangère et à offrir aux journalistes un environnement optimal pour accomplir leur mission vitale.
Deloire était un fervent défenseur de la nécessité de créer un modèle français pour faire face aux défis en cours dans le secteur de l’information, causés par des crises technologiques, économiques et géopolitiques, entre autres. Selon lui, il était essentiel de protéger notre liberté d’expression en contrôlant les nouveautés technologiques et d’encourager les créateurs d’information en modernisant le cadre juridique. L’ancien directeur du Centre de formation des journalistes insistait sur le fait que les problèmes ne peuvent pas être résolus par des solutions fragmentaires.
La domination omniprésente des plateformes numériques et des médias sociaux, ainsi que l’émergence de l’intelligence artificielle générative, devraient être des sujets majeurs pour les EGI. Dans un article publié par Le Monde en décembre 2022, Christophe Deloire avait invité les dirigeants politiques à adopter une approche transpartisane pour établir un cadre démocratique qui pourrait résister aux règles établies par Facebook et Twitter. « Désorientés par leurs préjugés, les citoyens se battent les uns contre les autres sur les réseaux sociaux, passant souvent à côté du véritable adversaire : le pouvoir colossal, arbitraire et privatisé des plateformes numériques », avait-il écrit.
En plus de ces rôles récents, il avait continué à représenter l’ONG Reporters sans frontières, par exemple en s’engageant à dénoncer la nomination de Geoffroy Lejeune à la tête du Journal du dimanche en juin 2023. « Nous sommes là pour éviter un autre massacre dans une rédaction », avait proclamé M. Deloire lors d’une soirée de soutien à la rédaction du JDD le 27 juin à Paris, faisant référence à iTélé, Europe 1, Prisma et Paris Match, tous contrôlés par Vincent Bolloré et ayant tous connu le même destin. Interrogé sur France Inter le 1er juillet, le secrétaire général de RSF avait déclaré sans détour que « là où Bolloré fait son chemin, le journalisme disparait. C’est un monstre qui consomme les médias et les convertit en organes d’opinion ».