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8 juin 2024 18 h 12 min

« Wight, une masse terrestre sculptée dans la roche »

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Shirley Thornton se souvient avec nostalgie de la première édition du Festival de l’île de Wight en 1968. La ferme qu’elle possède à Whitwell, auparavant propriété de l’agriculteur Jimmy Flux, a vu naitre cette célébration renommée de la musique rock. Flux avait loué une parcelle de terrain surnommée « Hell Field » par les médias, aux frères Foulk. C’était les organisateurs qui ont fait du festival, dont le coût n’était que de trente livres sterling, l’un des événements les plus mémorables de l’histoire du rock, surpassant même Woodstock. Maintenant, Shirley accueille des visiteurs dans ce lieu chargé d’histoire qu’elle a transformé en maison d’hôtes.

À quelques kilomètres de Whitwell, Brian Hinton a été spectateur en 1970 de la troisième édition du festival qui a repris en 2002 à Newport. Ce fut sa première visite sur cette île où plus de 500.000 personnes s’étaient rassemblées pour le festival, cette fréquentation dépassant largement la population locale qui comptait alors une centaine de milliers d’habitants. Il se souvient du contraste saisissant entre la vieille Angleterre traditionnelle et l’arrivée massive des hippies du mouvement Flower Power débarquant des ferries. Aujourd’hui conservateur du Musée Dimbola situé à Freshwater, il demeure marqué par le spectre de Jim Morrison, le jazz électrique de Miles Davis et Joni Mitchell, vêtue de sa robe jaune, décrivant la foule comme des touristes.

La maison qui porte le nom de Julia Margaret Cameron (1815-1879) abrite un musée distinctif qui expose les œuvres de cette photographe et une série de photos de Charles Everest illustrant l’épopée hippie du Festival de l’île de Wight en 1970. Brian Hinton s’enthousiasme, soulignant que Jimi Hendrix et Julia Margaret Cameron étaient tous deux des génies capables de capturer l’âme humaine. Patsy Carter, une voisine qui nous écoutait à la table voisine dans le café du musée, partage ses souvenirs avec émotion : « Je me souviens d’avoir vu Bob Dylan en 1969. C’était un moment spectaculaire ! »

Est-il possible que la lumière éthérée de l’île et la blancheur de ses falaises aient inspiré cette magie musicale ? Notre visite à vélo de l’île nous laisse entrevoir cette possibilité, et réveille en tout cas en nous une sensation de sérénité et de familiarité qui se reflète dans les titres de Michel Delpech, Wight is Wight, et des Beatles, When I’m Sixty-Four.

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