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8 juin 2024 22 h 11 min

« Perte de 16 000 euros, réalité par paris sportifs »

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Avec des lunettes de soleil posées sur le front et une musique mélancolique en fond, Quentin Houët, 24 ans, déclare doucement via son compte TikTok qu’il a fait « l’un des meilleurs choix de [sa] vie ». Dans la deuxième moitié de sa vidéo, une capture d’écran d’un e-mail de l’Autorité nationale des jeux (ANJ) est visible. Il indique que, à partir du 15 mars 2024, Quentin sera interdit d’accès aux sites de jeux en ligne légalement autorisés en France pour une durée d’au moins trois ans. Quentin, qui est surveillant dans une école et entraîneur d’une équipe de football à Seine-et-Marne, est un parieur passionné et fan de l’Olympique Lyonnais qui vient de choisir volontairement d’être interdit des sites de paris sportifs français. La légende de sa vidéo ajoute, « C’est une décision que je regrette déjà, ce qui prouve que je devais la prendre ». La vidéo de Quentin a été visionnée plus de 1,6 million de fois et a suscité de nombreux commentaires. Un utilisateur assure : « On est ensemble mon frère, le début du « ban » aussi le 15 mars ». Comme Quentin, selon l’ANJ, quelque 60 000 personnes accros aux jeux ont limité leur exposition aux jeux d’argent et de hasard depuis 2021. Sans aide professionnelle, ils cherchent à mettre fin à leur dépendance d’eux-mêmes.

Dans le cadre des initiatives pour limiter l’addiction aux jeux, les joueurs peuvent décider de leur propre chef de se bannir temporairement des sites de paris, une pratique nommée autoexclusion. Celle-ci peut être effectuée sur chaque plateforme successive, pour une durée pouvant atteindre un an. Néanmoins, Quentin Houët souligne que le grand nombre de sites peut inciter les joueurs à revenir sur leur décision. De plus, tous les sites ne respectent pas systématiquement cette autoexclusion. Houët raconte qu’il a une fois demandé à être banni pendant un an d’un site de paris, mais qu’il a pu jouer à nouveau seulement deux semaines plus tard. Depuis l’année dernière, cinq incidents similaires ont été signalés à l’ANJ, tous associés à des erreurs dans les informations d’identité.

Le 2 mai dernier, au tribunal judiciaire de Paris, Matthieu Escande, avocat spécialiste des jeux d’argent, a défendu un parieur qui a intenté une action en justice contre le site de paris hippiques PMU. Entre 2011 et 2016, ce parieur a émis trente-deux requêtes d’autoexclusion auprès de cet opérateur. Cependant, chaque fois que l’autoexclusion était mise en place, il essayait de jouer de nouveau, parvenant à s’inscrire sur le site, sous le même nom. Alors qu’il était supposé être interdit de jeu, il a perdu 264 000 euros. Escande a donc demandé une compensation financière à PMU. Cependant, l’opérateur a relevé que la réglementation concernant l’autoexclusion en 2011 n’était pas la même. Le verdict sera prononcé le 4 juillet.

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