Les citoyens des 27 nations constitutives de l’Union Européenne sont convoqués aux bureaux de vote pour choisir leurs délégués pour le Parlement européen. À l’instar d’une grande partie des citoyens du continent, les électeurs français iront aux urnes le dimanche 9 juin. Ils ont la possibilité de choisir parmi trente-huit listes, qui pour nombre d’entre elles, sont dirigées par des eurodéputés actuels. Le processus de vote, qui se fait en un seul tour, doit désigner les 81 députés qui vont servir les intérêts de la France au Parlement européen les cinq ans à venir.
Pour aider à naviguer dans cette période électorale, les Décodeurs ont compilé neuf questions pour éclaircir le fonctionnement de ces élections et résumer les programmes des différents candidats.
Focus sur les élections européennes
Quel est le système électoral pour les élections européennes ?
Depuis 1979, les citoyens des pays membres de l’Union Européenne votent pour leurs députés au Parlement européen. En 2024, ils seront 720 députés, proportionnels à la population de chaque pays : 81 pour la France, 96 pour l’Allemagne, et seulement 6 pour Malte. Le vote se fait en un seul tour, suivant le système de la proportionnelle. En France, un parti doit obtenir plus de 5 % des suffrages pour être représenté, mais cela ne s’applique pas à tous les pays.
Quand se tiennent les élections européennes ?
Les élections se passent à des dates différentes en fonction des pays. Elles ont débuté aux Pays-Bas le jeudi 6 juin, en Irlande le vendredi 7, mais la plupart des États membres votent le dimanche 9 juin, comme la France. Cependant, pour plusieurs territoires d’outre-mer français (Saint-Pierre-et-Miquelon, Saint-Barthélemy, Saint-Martin, la Guadeloupe, la Martinique, la Guyane, la Polynésie française et les Français résidant en Amérique), le vote a lieu le samedi 8.
Comment voter en France et où le faire?
Dimanche, vous pouvez vous rendre dans les bureaux de vote à partir de 8 heures du matin jusqu’à 18 heures, avec des horaires différents pour les grandes villes: en effet, à Lille ou Rennes, ils sont ouverts jusqu’à 19 heures et jusqu’à 20 heures à Paris, Lyon, Marseille ou Toulouse. Tous ces détails peuvent être obtenus auprès des mairies de chaque commune. Il est important de noter que les résultats des votes ne seront annoncés qu’après la clôture de tous les bureaux de vote, c’est-à-dire dimanche à 20 heures.
La localisation et les informations de votre bureau de vote sont notées sur votre carte électorale. Si vous ne possédez pas cette carte, ne vous inquiétez pas, car elle n’est pas essentielle pour participer au vote. Vous pouvez tout à fait voter à l’aide d’une carte d’identité, d’un passeport ou d’un permis de conduire. Pour connaître l’emplacement de votre bureau de vote, vous pouvez consulter le site service-public.fr.
Est-il possible de voter par procuration et comment le faire?
Il est effectivement acceptable de voter par procuration, à condition de faire une demande en ce sens, théoriquement possible jusqu’au 9 juin inclus. Cependant, attention à ne pas ignorer les délais pour l’obtention, notamment pour une demande envoyée via un formulaire imprimé, qui dépend du temps de transport postal et de traitement.
– Par le biais d’un formulaire. Une demande peut être déposée via le formulaire Cerfa (accessible au commissariat de police, à la brigade de gendarmerie ou sur www.service-public.fr). Attention, les délais d’expédition et de traitement peuvent être assez longs.
– En ligne. Une option plus rapide consiste à utiliser le site www.maprocuration.gouv.fr. Une fois votre demande soumise, vous devrez vous présenter en personne, muni de votre pièce d’identité et du numéro de référence d’enregistrement, à un commissariat de police ou à une brigade de gendarmerie pour valider votre procédure.
Dans ces deux situations, vous devrez fournir votre numéro national d’électeur ainsi que celui de la personne à qui vous donnez procuration (ces informations sont disponibles sur votre carte électorale ou en ligne).
Quel est le rôle des eurodéputés ? »
Le Parlement européen, qui sert d’assemblée législative détenue par le peuple des États membres, partage ses pouvoirs législatifs et budgétaires avec le Conseil de l’Union européenne, une entité représentant les administrations des vingt-sept États. Chaque mois, à l’exception d’août, les eurodéputés se rassemblent pour des sessions plénières de quatre jours, principalement à Strasbourg et parfois à Bruxelles, pour débattre et voter. De plus, ces eurodéputés se réunissent à Bruxelles pour des rencontres de groupe et des délibérations de commission.
Le Parlement vote d’abord sur une proposition de la Commission européenne, avant d’exposer sa position au Conseil. Des propositions de résolution peuvent être soumises par les eurodéputés pour inviter la Commission à prendre des mesures ou pour préciser leurs opinions sur un sujet spécifique.
En France, qui sont les candidats en lice ?
En France, un total de 38 listes ont été soumises. Les listes des grands partis sont généralement menées par des eurodéputés sortants. Voici quelques-uns des candidats notables :
– Manon Aubry (La France insoumise – Union populaire)
– Jordan Bardella (Rassemblement national)
– François-Xavier Bellamy (Les Républicains)
– Léon Deffontaines (Parti communiste français), dont c’est la première candidature
– Raphaël Glucksmann (Place publique – Parti socialiste)
– Valérie Hayer (Renaissance)
– Marion Maréchal (Reconquête !), dont c’est la première candidature
– Marie Toussaint (Les Ecologistes – EELV)
Quels sont les principaux engagements des principaux candidats en France ?
Huit des candidats sur les 38 listes soumises représentent les partis les plus importants de France. Voici un résumé de leurs propositions :
Manon Aubry, représentante du parti La France insoumise – Union populaire, préconise la fin du libre-échange, l’instauration d’une imposition sur les bénéfices excessifs, la création d’une allocation pour autonomie visant à lutter contre la pauvreté, atteindre la totalité des énergies renouvelables d’ici 2050, l’interdiction du glyphosate, la sortie du marché de l’électricité européen et la création d’un secteur public de l’énergie.
Jordan Bardella du Rassemblement national souhaite remettre en cause la stratégie « de la ferme à la fourchette », sortir du marché de l’électricité européen, établir une double frontière, une aux portes de l’UE et une au niveau national pour refouler systématiquement les migrants, supprimer l’interdiction de vendre des véhicules neufs à moteur thermique.
François-Xavier Bellamy, membre du parti Les Républicains, propose de repenser l’interdiction des ventes de véhicules thermiques neufs en 2035, ériger des barrières pour contrôler les frontières extérieures de l’UE, soutenir l’énergie nucléaire, relocaliser la production en Europe.
Léon Deffontaines, membre du Parti communiste français, propose de rejeter le pacte asile et migration, de régulariser des travailleurs migrants sans papiers, d’accorder plus d’importance à l’énergie nucléaire, de refuser l’extension de l’UE à huit pays supplémentaires, de limiter la production et l’utilisation d’engrais et de pesticides, de critiquer les accords de libre-échange existants ou en négociation.
Enfin, Raphaël Glucksmann, représentant de Place publique – Parti socialiste, propose d’augmenter la production et la livraison de munitions à Kiev, de relancer les opérations de sauvetage en Méditerranée, de mettre en place une directive pour un revenu minimum au niveau européen et d’interdire toute subvention aux énergies fossiles.
Selon Valérie Hayer (Renaissance), nous devrions allouer 1 000 milliards d’euros pour réaliser le Pacte vert, augmenter les budgets de défense des états membres d’ici 2030 et couper nos liens avec les énergies fossiles avant 2050 grâce à l’énergie nucléaire.
D’autre part, Marion Maréchal (Reconquête !) propose de mettre un terme à toutes les politiques environnementales de la PAC, d’établir une « triple frontière » en mettant fin à la libre circulation des individus « extra-européens » dans l’espace Schengen, de supprimer la Commission européenne, d’abroger le Pacte vert et de mettre en place un moratoire sur les accords de libre-échange.
Marie Toussaint (Les Ecologistes – EELV), quant à elle, prône la création d’un fonds de transition pour l’agriculture et la pêche, la sortie des accords de libre-échange et l’établissement d’un protectionnisme vert. Elle espère que 100 % de l’énergie sera renouvelable d’ici 2040, envisage la reconnaissance d’un statut de réfugié climatique et environnemental et propose la mise en place d’un droit à une assurance maladie universelle en Europe.
Concernant la création de groupes parlementaires au Parlement européen, un minimum de 23 députés européens, provenant d’au moins un quart des Etats membres, est nécessaire. Après les élections du 9 juin, les nouveaux députés devront déterminer quels groupes ils rejoindront ou s’il vaut mieux en créer de nouveaux. Sept groupes parlementaires ont été formés à l’issue des élections de 2019.
Notamment, le groupe The Left: Gauche unitaire européenne – Gauche verte nordique (GUE/NGL) regroupe des partis de gauche communiste et anticapitaliste, tels que La France Insoumise en France et Podemos en Espagne.
Les mouvements écologistes de gauche sont représentés par le Verts/Alliance libre européenne (Verts/ALE), qui comprend également divers micropartis régionalistes, tels que l’Union démocratique bretonne et Catalogne en commun. L’Alliance progressiste des Socialistes & Démocrates (S&D), est un représentant des partis de centre gauche pro-européens. Il promeut la solidarité, l’égalité sociale et la protection de l’environnement.
Les principaux membres du groupe Renew Europe sont les eurodéputés Modem et Renaissance. Ce groupe centraliste est marqué par des vues progressistes, libérales et pro-européennes. Il comprend également des partis comme le parti libéral-démocrate allemand et Ciudadanos, le parti constitutionnaliste espagnol.
Les Républicains font partie du Parti populaire européen (PPE), un groupe dont les affiliations s’étendent du centre droit à la droite conservatrice. Il est traditionnellement la principale force au parlement européen et a également vu l’ancienne présidente de la commission européenne, Ursula von der Leyen, émerger de ses rangs.
Les Conservateurs et Réformistes européens (CRE) est la coalition des partis d’extrême droite en Europe. Fondée en 2009, cette formation xénophobe, radicale et russophile regroupe des partis tels que Fratellia d’Italia en Italie, Vox en Espagne, et Droit et Justice en Pologne. Elle a vu l’ancien membre du FN, Nicolas Bay, et le parti d’Eric Zemmour et Marion Maréchal, Reconquête, rejoindre ses rangs. Viktor Orbán, le premier ministre hongrois a également exprimé son intention de faire partie de cette coalition.
Le groupe d’extrême droite « Identité et Démocratie » (I&D) a été créé en 2019 avec l’objectif de bâtir un grand front nationaliste. Il comprend la Ligue du Nord pour l’Italie, le Rassemblement National pour la France et l’AfD pour l’Allemagne. Malgré leur communauté de vues sur l’euroscepticisme et l’anti-immigration, des divergences existent entre eux. Notamment, en mai dernier, le RN a demandé à exclure l’AfD pour ses déclarations ambivalentes ou indulgentes envers le nazisme.
Après les élections, plusieurs étapes sont programmées. Jusqu’au 15 juillet, les députés des divers pays ont le temps de former des groupes parlementaires basés sur des affinités politiques ou stratégiques. Du 16 au 19 juillet, les 81 députés français rejoindront leurs collègues des 26 autres pays de l’UE pour la première session plénière. Les eurodéputés voteront ensuite pour élire le président du Parlement, 14 vice-présidents et cinq questeurs, tous ayant des rôles représentatifs. Ils nommeront également les députés qui siégeront dans les différentes commissions.
Au cours de l’été, selon un calendrier qui reste à établir, les différents gouvernements européens s’efforceront de se mettre d’accord sur un candidat à la présidence de la Commission européenne. Ce candidat peut être choisi parmi les leaders des différents groupes, bien que ce ne soit pas une exigence. Il devra ensuite obtenir l’approbation des eurodéputés.
Pour conclure, à la fin de l’été, le Conseil européen, composé des chefs d’État ou de gouvernement des vingt-sept États membres, désignera les membres de la Commission européenne. Le président ou la présidente de la commission répartira alors les différents portefeuilles tels que la culture, l’environnement, le commerce extérieur, etc.
Chaque commissaire sera interrogé séparément par le Parlement européen, qui détient le droit de rejeter une nomination. Ce n’est qu’après l’accomplissement de ces phases que le travail législatif réel commencera. Les Décodeurs, ContribuerRéutiliser ce contenu.