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8 juin 2024 18 h 06 min

« Chronique Poches Animalistes » par François Angelier

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Le livre « Le Parti pris des animaux », écrit par Jean-Christophe Bailly et publié par Christian Bourgois, met en lumière l’émerveillement de la nature en présentant différentes espèces animales. Parmi ces orphelins de l’humanité, on trouve les bœufs « blonds d’Aquitaine », les hirondelles dansantes, les massifs éléphants, les vervets singes, les colobes et les babouins. Dans cet ouvrage, chaque animal est capturé dans quelques mots enchanteurs, explorant leur existence en tant qu’êtres animaux plutôt que le concept réducteur de l’animalité.

Ce qui distingue Bailly, c’est son désir de saisir l’être-dans-le-monde, dans sa nudité et sa cruauté, pas simplement pour raconter des anecdotes. Ce penchant pour la nature et les choses en dehors de l’humanité n’est pas nouveau. En 1942, Francis Ponge attira l’attention sur des objets de tous les jours, évoquant « la caisse d’emballage », « la cigarette » et faisant l’éloge de « la pièce de viande ».

D’autres manuels intéressants à mentionner sont « Frère loup et les autres animaux », traduit du latin par François d’Assise, et « Le Terrier » (Der Bau) de Franz Kafka, traduit de l’allemand par Dominique Miermont.

Pour Jean-Christophe Bailly, la cage est considérée comme une aberration parce qu’elle ne permet aucune opportunité d’évasion et de fuite, mais surtout parce qu’elle interdit le passage libre de ce qui est visible à ce qui est caché, ce qui est essentiel pour la vie. À son avis, la vie animalière est une constante stratégie d’évasion et d’effacement, une « grande fugue dispersée ». Il attribue également à la présence inattendue d’un animal une dimension étonnante d’insurrection que l’homme doit absolument prendre en compte. Bailly explore la variation de ces comportements, du vol à la marche lente, du saut au sommeil, tentant de dessiner une poésie de l’habitat animal sur Terre avec une grande sagesse.

L’image traditionnelle des martyrs est souvent associée à l’instrument de leur tourment. Cependant, François d’Assise (1181-1226), bien qu’étant stigmatisé et non un martyr, est généralement dépeint avec un assortiment amical d’animaux. Ces derniers sont considérés comme sa deuxième famille spirituelle. Dans « Frère loup et les autres animaux », un ouvrage élaboré par François Dupuigrenet-Desroussilles, on découvre l’ensemble des créatures associées à François. Contrairement à une collection de trophées de chasse, c’est plutôt une réunion empreinte de sentiments et une conversation d’amour. On y relate des incidents où François demande aux hirondelles de garder le silence afin qu’il puisse prêcher, épargne la vie d’un agneau, adopte des oisillons, fait la paix avec un faucon, lie amitié avec une cigale, est accompagné par un essaim d’abeilles lors de son jeûne et, surtout, s’adresse au célèbre loup de Gubbio. Dans chaque récit, un même schéma se répète : François rétablit la sérénité en cas de potentielle rupture de l’harmonie universelle ou de malentendu probable entre les animaux et les humains. Il se dresse ainsi comme un réparateur d’injustices.
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