Depuis les années 60, des milliers de mineurs à travers le globe ont subi un enlèvement et une adoption illégale, en particulier en Amérique latine. Ces enfants ont été principalement adoptés en Amérique du Nord et en Europe. Ces individus, désormais adultes, n’ont jamais obtenu de clarifications concernant leurs questionnements, soit dans leur pays de naissance ou d’adoption, dû à l’absence d’action gouvernementale pour reconnaître leur situation.
Cependant, des progrès remarquables pourraient être entrain de se produire au Chili et au Guatemala, grâce aux déclarations récentes des présidents Gabriel Boric et Bernardo Arevalo. Ces déclarations, qualifiées d' »historiques » par les groupes de personnes adoptées, pourraient signaler un changement majeur. Ces deux leaders de gauche ont ouvertement parlé du problème des adoptions illégales, une première.
Le samedi 1er juin, Gabriel Boric a admis que plus de 20000 personnes pourraient avoir été victimes d’adoptions « forcées ou illégales » au Chili, allant des années 60 jusqu’à la fin des années 90. Il a salué la gravité de cette situation lors de son discours annuel de la « Cuenta Publica », un événement où le président fait le point sur l’action de l’année précédente et annonce ses plans futurs.
Ce commentaire a été salué avec soulagement par divers groupes. Pour Marisol Rodriguez Valenzuela, représentante de la fondation « enfants et mères du silence », c’est un tournant. « Autrefois, personne n’osait parler de ce trafic d’enfants. Maintenant, avec les mots du président, on ne peut plus ignorer le problème. C’est un pas en avant pour continuer à demander justice », a-t-elle déclaré en exprimant sa joie.
La loi de silence qui a sévi depuis des décennies est en grande partie justifiée par la complicité gouvernementale dans ce commerce, bien que les adoptions, faites pendant la dictature d’Augusto Pinochet (1973-1990) et au-delà, aient été administrées par des organismes privés.
Comme le souligne Marisol Rodriguez Valenzuela, des individus clés au sein du gouvernement étaient engagés dans cette affaire. Parmi eux se trouvaient des juges, des avocats, des travailleurs sociaux et des médecins, qui ont encore du poids aujourd’hui. À l’époque, une pratique courante au Chili et au Guatemala consistait à tromper les mères en leur faisant croire que leur enfant était décédé à l’hôpital.
Lors de son discours du 1er juin, Gabriel Boric a annoncé la mise en place d’un bureau interinstitutionnel destiné à « aborder » ce problème, pour aider les familles « à se retrouver et à découvrir leur propre histoire et identité ». Cependant, pour l’instant, l’activiste ne crie pas encore victoire. En effet, ce n’est pas la première fois que justice est promise au Chili avec l’engagement du gouvernement, mais sans avancement concret. Une enquête judiciaire lancée en 2018 est au point mort, bien qu’un récent remplacement de juge puisse faire avancer les choses.
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