Ce live a été animé par Romain Del Bello, Pierre Bouvier, Glenn Cloarec, Louise Vallée, Dorian Jullien, Jean-Philippe Lefief et Glenn Cloarec. Retrouvez tous nos reportages, analyses, et actualités sur la situation conflictuelle en Ukraine sur le site du « Monde ».
La question de la Crimée demeure une préoccupation prioritaire à Kiev. Le bombardement de l’une des plus importantes imprimeries du pays a suscité une grande tristesse en Ukraine puisqu’elle représentait un symbole culturel. Malgré la fatigue et des revers conséquents, les Ukrainiens au front demeurent déterminés à ne pas lâcher les armes.
La technologie s’est intégrée dans la guerre moderne, faisant de la guerre dans les tranchées une guerre électronique. Parallèlement, la Russie défie la suprématie des États-Unis dans le domaine de l’espace. Un bâtiment impressionnant, l’Hôtel Ukraine à Kiev, est en vente pour un montant de départ de 23,5 millions d’euros.
Olga et Sasha partagent dans leurs lettres à quel point la population reste résiliente. Même sous les bombardements, les gens persévèrent, poursuivant leurs activités quotidiennes, ouvrant des entreprises et s’éduquant.
Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, occupe son poste pour une durée indéterminée. Le nombre de personnes disparues crée un challenge colossal. Nous répondons à vos interrogations les plus fréquentes sur le site du « Monde ».
L’utilisation des drones par Moscou et Kiev est un aspect notable du conflit armé actuel. Selon un rapport d’un groupe de réflexion britannique spécialisé en questions de défense, la confrontation des drones entre la Russie et l’Ukraine a atteint un niveau record. À ce jour, les Ukrainiens perdent environ 10 000 drones par mois, soit plus de 300 par jour. Pour mettre cela en perspective, l’armée française possède environ 3 000 drones dans ses stocks.
Les Ukrainiens et les Russes emploient de manière intensive des UAV (véhicules aériens sans pilote) d’origine civile, économiques et facilement accessibles. Ces appareils sont utilisés pour surveiller le théâtre des opérations, orienter les troupes et les tirs d’artillerie, tandis que d’autres sont transformés pour transporter de petites charges explosives, qui sont ensuite larguées sur les tranchées ou les véhicules blindés.
Les drones kamikazes, bien que moins fréquents, jouent aussi un rôle crucial. Ces UAV, équipés de charges explosives, sont envoyés au-dessus des lignes de front sans mission prédéfinie. Moscou utilise ses propres drones Lancet-3, ainsi que des Shahed-136 fabriqués en Iran. Malgré l’absence d’une flotte militaire bien équipée, l’Ukraine défie son adversaire avec des véhicules navals télécommandés, de petits kayaks remplis d’explosifs (450 kilos de TNT).
Soulignant l’importance des drones dans leurs actions, aussi bien les Ukrainiens que les Russes ont développé des stratégies pour soutenir leurs forces sur le long terme, non seulement en se procurant en volume des drones civils sur le marché, mais également en établissant des capacités de production locales. Démarrée timidement au commencement du conflit du Donbass, déclenché il y a une décennie, l’industrie nationale ukrainienne a évolué vers une expansion significative. Vers fin Août, le ministre ukrainien de la transformation numérique a déclaré qu’un modèle copié du drone russe Lancet avait été élaboré et serait prochainement déployé sous le nom de Peroun, en l’honneur du dieu slave de la foudre et du tonnerre.
Face aux sanctions occidentales restreignant son accès aux composants électroniques, la Russie semble en difficulté. Cependant, selon les renseignements américains, il semble que la construction d’une fabrique de drones-kamikazes de style iranien, tels que le Shahed-136, ait commencé dans la zone économique particulière d’Alabouga.
Concernant l’inventaire des missiles russes, établir un bilan précis est une tâche ardue, voire insurmontable. Les services de renseignements ukrainiens offrent régulièrement des informations à ce sujet, mais leur fiabilité reste incertaine. D’après Andri Ioussov, représentant du Directoire général du renseignement du ministère de la défense (GUR) cité par Liga.net, l’armée russe comptait environ 2 300 missiles balistiques ou de croisière avant le conflit et en avait toujours plus de 900 au début de l’année. D’après Ioussov, ces chiffres seraient complétés par des milliers de missiles anti-aériens S-300, avec une portée d’environ 120 kilomètres, ainsi qu’un grand stock de S-400, modèle plus récent avec une portée trois fois plus grande. En août, Vadym Skibitsky, adjoint au chef du GUR, a avancé un nombre de 585 missiles avec une portée dépassant les 500 kilomètres.
En termes de capacités de production, plusieurs experts estiment qu’elles pourraient atteindre une centaine de missiles balistiques ou de croisière par mois. En octobre, le GUR a estimé cette production à 115 unités.
La Russie aurait acheté une considerable quantité de missiles à courte portée depuis l’Iran et la Corée du Nord, continuant à augmenter son arsenal. L’agence Reuters a reçu des informations de plusieurs sources iraniennes indiquant que 400 missiles Fateh-110, avec une portée de 300 à 700 kilomètres, ont été livrés à la Russie depuis janvier, quand un accord a été signé. Le nombre exact de missiles acquis auprès de la Corée du Nord est toujours inconnu, néanmoins, selon le procureur général Andriy Kostin, 24 de ces missiles ont été lancés en Ukraine entre le 30 décembre 2023 et le 7 février 2024. Il semblerait, selon des experts ayant analysé les restes et les trajectoires de ces missiles, qu’ils soient probablement des KN-23 et KN-24 avec une portée d’environ 400 kilomètres.
Qu’en est-il du sort des avions de combat F-16 ? Suite à une demande du président ukrainien, les États-Unis ont accepté en août 2023 de transférer des avions de combat F-16 à l’Ukraine. Il existe une flotte potentiellement capable de plus de 300 F-16 répartis dans neuf pays européens, dont la Belgique, le Danemark, la Grèce, les Pays-Bas et le Portugal. Cependant, tous ces pays ne sont pas en mesure de les transférer immédiatement.
Volodymyr Zelensky, le président ukrainien, a affirmé que 42 F-16 leur seraient offerts par les alliés occidentaux, même si cette information n’a pas été vérifiée. Le Danemark a promis 19 de ces avions, dont 6 devraient être livrés d’ici la fin de 2023, 8 en 2024 et 5 en 2025, comme annoncé par la première ministre danoise, Mette Frederiksen. Les Pays-Bas, qui ont également promis des F-16, disposent de 42 appareils mais n’ont pas donné de détails sur le nombre qu’ils comptent céder.
En outre, une formation pour les pilotes ukrainiens concernant l’utilisation des avions de chasse américains est nécessaire. Il est prévu que onze nations alliées à Kiev assureront cette formation. Selon l’OTAN, ce n’est qu’au début de 2024 que les soldats ukrainiens pourront exploiter ces avions en cas de combat, bien que certains experts ciblent plutôt l’été de la même année.
Quel type d’assistance militaire les alliés apportent-ils à Kiev ?
Deux ans après le déclenchement de la guerre à grande échelle, le soutien de l’Occident à Kiev connaît un déclin. Selon le récent rapport de l’Institut Kiel, publié en février 2024, les nouvelles aides engagées pour la période d’août 2023 à janvier 2024 ont diminué par rapport à la même période de l’année précédente. Cette tendance risque de continuer, le Sénat américain ayant des difficultés à approuver de nouvelles aides, et l’Union européenne ayant rencontré de grandes difficultés pour adopter une aide de 50 milliards le 1er février 2024, en raison d’un blocage hongrois. Il faut noter que ces deux packages d’aides ne sont pas inclus dans le dernier bilan de l’Institut Kiel, qui s’arrête en janvier 2024.
Les informations provenant de l’institut allemand démontrent que le nombre de donateurs se réduit et se regroupe autour d’un groupe de pays comprenant les États-Unis, l’Allemagne, et les pays du Nord et de l’Est de l’Europe. Ces pays s’engagent à offrir un soutien financier substantiel et des armements de pointe. Au total, depuis février 2022, les pays qui aident Kiev ont promis au moins 276 milliards d’euros pour l’aide militaire, financière et humanitaire.
Les nations les plus aisées se sont souvent montrées les plus généreuses, avec les États-Unis qui dominent largement avec plus de 75 milliards d’euros d’aide promises, dont 46,3 milliards en soutien militaire. Les pays membres de l’Union européenne ont, quant à eux, créé des subventions bilatérales (64,86 milliards d’euros) et des aides conjointes par le biais des fonds de l’UE (93,25 milliards d’euros), soit un total de 158,1 milliards d’euros.
Cependant, lorsqu’on examine ces subventions en fonction du PIB de chaque pays donateur, la situation évolue. Les États-Unis se retrouvent alors au vingtième place (avec 0,32 % de leur PIB), loin derrière les nations voisines de l’Ukraine ou les anciennes républiques soviétiques alliées. L’Estonie s’impose en tête du classement avec 3,55 % de son PIB, suivie par le Danemark (2,41 %) et la Norvège (1,72 %). La Lituanie (1,54 %) et la Lettonie (1,15 %) complètent le top 5. Les trois pays baltes, qui partagent tous une frontière avec la Russie ou la Biélorussie, figurent parmi les donateurs les plus généreux depuis le début de la crise.
Concernant le classement basé sur le pourcentage de PIB, la France se situe à la vingt-septième place avec 0,07 % de son PIB engagé, juste derrière la Grèce (0,09 %). L’assistance fournie par la France a régulièrement diminué depuis le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie. En avril 2023, la France occupait la vingt-quatrième place et était treizième en été 2022.
Quels sont les détails concernant les tensions à la frontière entre l’Ukraine et la Pologne ?
Depuis quelques mois, l’Ukraine et la Pologne traversent une période de relations tendues. Le principal point de contentieux est le transit des produits céréaliers ukrainiens. En 2022, des « corridors de solidarité » avaient été initiés par la Commission européenne afin d’assurer l’exportation sans taxes des produits agricoles ukrainiens vers l’Afrique et le Moyen-Orient. Néanmoins, environ la moitié des céréales ukrainiennes passent par ou terminent leur voyage au sein de l’Union européenne (UE), d’après la Fondation Farm, un think tank spécialisé dans les problématiques agricoles globales. Ces céréales sont vendues à des tarifs bien inférieurs à ceux du blé produit dans l’UE, en particulier dans les pays d’Europe centrale.
Se plaignant de la déstabilisation du marché local et de l’impact négatif sur leurs agriculteurs, de nombreux pays comme la Pologne, la Bulgarie, la Hongrie, la Roumanie et la Slovaquie ont suspendu leurs importations en avril 2023. Bruxelles a accédé à cette demande d’embargo, à condition qu’il ne bloque pas le passage vers d’autres nations et pour une durée de quatre mois seulement. Insatisfaite de la gestion de ce problème, la Pologne a choisi de maintenir sa frontière fermée aux céréales ukrainiennes après la saison estivale, alors que Bruxelles jugeait que l’embargo n’était plus justifié, ses recherches indiquant qu’il n’y avait plus de déséquilibre sur les marchés nationaux des céréales.
Les fermiers en Pologne ont mis en place un blocus à la frontière avec l’Ukraine afin de stopper l’arrivée des camions ukrainiens dans leur pays, demandant une interdiction totale sur les biens alimentaires et agricoles ukrainiens. Ils protestent contre l’augmentation de leurs frais de production alors que leurs silos et entrepôts sont débordés et les prix sont au plus profond. Au début de 2024, le président ukrainien voyait le blocus comme un signe d’une diminution de la solidarité vers son pays et a demandé des discussions avec la Pologne. « Seulement Moscou se plaît » dans ces confrontations, a-t-il déclaré, en condamnant « l’apparition de slogans explicitement pro-Poutine ».
Laisser un commentaire