Vincent Bolloré, ayant précédemment opéré en arrière-plan suite à son retraite en février 2022, est subitement remis sous les projecteurs. Le Parquet national financier (PNF) a demandé le lundi 3 juin que le milliardaire breton soit jugé pour « corruption d’un fonctionnaire étranger » et « complicité de violation de confiance », selon une information confirmée par Le Monde et l’Agence France-Presse.
Ce renvoi devant le tribunal concerne également deux autres cadres du Groupe Bolloré. Gilles Alix, ancien directeur général du groupe, est accusé de « corruption de fonctionnaire public étranger » et de « violation de confiance ». Jean-Philippe Dorent, ex-directeur international de l’agence Euro RSCG (maintenant Havas), est accusé de « complicité de violation de confiance ».
Finalement, la décision de renvoi devant le tribunal correctionnel pour Messieurs Bolloré, Alix et Dorent sera prise par le juge d’instruction, Serge Tournaire.
Les avocats des trois accusés ont déclaré qu’ils allaient introduire des demandes de non-lieu. Les courts ont été informés dès le début des affaires que « les faits sont contestés dans un dossier juridiquement vide et factuellement non fondé », selon Me Olivier Baratelli, l’avocat du Groupe Bolloré et de Gilles Alix, et Me Céline Astolfe, l’avocate de Vincent Bolloré. Jean-Philippe Dorent « conteste fermement les faits (…) qui lui sont reprochés », affirme également son avocat, Me Harold Teboul.
Depuis 2013, le tribunal de Paris a saisi de l’affaire où le groupe Bolloré est suspecté d’avoir offert un soutien abordable dans les campagnes de Faure Gnassingbé et d’Alpha Condé, les présidents élus du Togo et de la Guinée en 2010, en contrepartie de la supervision de leurs principaux ports. L’enquête révèle que la majorité des frais liés à ces services de conseil en communication, fournis par la filiale du groupe Bolloré, Euro RSCG, ont été facturés non pas aux candidats, mais à une autre de ses filiales, SDV.
Les procureurs Laurent Couderc et Smaël Coulaud dans leur plaidoirie finale, soutiennent que Vincent Bolloré a volontairement donné des directives pour la perpétration de faits d’abus de confiance, en participant particulièrement aux discussions sur le montant et les modalités de prise en charge financière des campagnes électorales, validant ainsi un budget de [300 000 euros pour le Togo et 170 000 euros pour la Guinée].
Au-delà du soutien accordé lors des campagnes présidentielles, le groupe Bolloré a également embauché le demi-frère de Faure Gnassingbé, sept mois après son élection, au sein de SDV Togo. Selon les procureurs, ce recrutement, directement autorisé par Vincent Bolloré, en faisait « le directeur de pays le mieux payé d’un petit pays », malgré les vives critiques en interne concernant son profil inactif et ses compétences.
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