Il est largement reconnu que réaliser plus de dix mille pas par jour est bénéfique pour la santé, offrant des avantages sur le plan cardio-vasculaire, respiratoire et mental tout en minimisant le risque et aidant à traiter de nombreuses maladies, y compris les cancers et le diabète de type 2. La question reste de savoir comment cette « médecine » intangible fonctionne au niveau cellulaire et moléculaire. Des études antérieures dans ce domaine ont été assez limitées. Cependant, en 2016, un projet de recherche ambitieux a été lancé, visant à explorer ces questions en profondeur, avec des expériences menées sur des humains et des rats. Ce programme de dix ans, soutenu en grande partie par les Instituts nationaux de la santé (NIH) américains avec un financement de plus de 170 millions de dollars (plus de 150 millions d’euros), implique la collaboration de vingt-cinq universités américaines. Les résultats de ces recherches, dirigées par le Consortium des adaptateurs moléculaires de l’activité physique (MoTrPAC), ont récemment été publiés dans plusieurs revues du groupe Nature. On note notamment une étude qui a examiné les changements moléculaires provoqués par l’exercice d’endurance chez les rats, et qui a été mise en avant en couverture de la revue Nature.
La technique multiomique, un outil puissant qui fusionne différents niveaux de données biologiques, a été employée par des scientifiques pour analyser les effets des exercices d’endurance. Ils ont fait travailler 344 rats, masculins et féminins, en augmentant graduellement leur effort sur une période allant d’une à huit semaines. Pour mesurer les résultats, des échantillons de sang, de plasma et de 18 tissus différents, récoltés deux jours après le dernier exercice, ont été comparés à ceux provenant de rongeurs inactifs.
Plus de 15 millions de paramètres biologiques ont été évalués, et une grande quantité, estimée à plus de 35 000, ont été statistiquement modifiés en raison de l’activité physique. Les modifications, même si elles sont généralement mineures, ont été notées dans chaque tissu examiné.
Une découverte particulièrement frappante a été observée dans les glandes surrénales, où les mitochondries (les centrales énergétiques de nos cellules) ont réagi de manière significative à l’exercice d’endurance. En fait, la régulation de presque la moitié des gènes liés à ces organites cellulaires a été modifiée. Selon un communiqué de presse des NIH, cette découverte est inattendue car le rôle des glandes surrénales lors de l’exercice physique n’a jamais été clairement examiné auparavant.
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