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« Fesch: Condamné à mort, réhabilitation possible? »

Il s’agit de l’histoire d’un braquage raté et de la mise à mort d’un délinquant, mais aussi du combat acharné d’un fils pour préserver l’honneur de son père. La chambre criminelle de la Cour de cassation a abordé ces événements le jeudi 6 juin. Pour la première fois, la plus haute autorité judiciaire examinait un dossier visant à « restaurer l’honneur » d’un condamné à mort, « compte tenu des preuves de réparation qu’il a pu présenter ». Cela concerne Jacques Fesch, qui a été guillotiné en 1957 pour avoir tué un policier trois ans auparavant.

Jacques Fesch, descendant d’une famille aisée, est décrit dans un article du Monde qui lui est dédié comme quelqu’un d’égaré. Il gaspille, ne travaille pas sérieusement et rêve de faire le tour du monde. Son voyage dépend de l’acquisition d’un voilier. Cependant, il n’a pas les fonds nécessaires. En union avec un compère, il décide de voler un négociant (un homme responsable du commerce de métaux précieux) au cœur de Paris. Mais tout va mal. Fuyant, Jacques Fesch tue un policier, Jean Vergne, et en blesse deux autres. Il est attrapé, jugé et condamné à mort. Devant la cour d’assises de la Seine, il admet ses méfaits. Il présente ses excuses à la veuve et exprime ses remords. S’adressant à elle, il dit : « Oui, je comprends, vous avez le droit de me détester. »

Durant son emprisonnement, Jacques Fesch a retrouvé sa foi catholique grâce à un voyage spirituel. Sa transformation a été révélée au grand public par l’intermédiaire de ses trois livres publiés posthumes : Lumière sur l’échafaud (1972), Cellule 18 (1980) et Dans cinq heures, je verrai Jésus (1990). L’intensité de ce changement a incité le cardinal Lustiger à ouvrir un procès en béatification en 1987, qui reste en attente à ce jour. En reconnaissance de son évolution, une école catholique privée en Normandie a été baptisée au nom de Jacques Fesch.

Mais la question essentielle devant la Cour de Cassation repose dans les liens entre le droit et la morale : est-ce que la rédemption d’un individu implique également sa réhabilitation légale ? Tandis que le concept de rédemption est individuel et religieux, la réhabilitation a une nature juridique, équivalent à une sanction laïque. Elle ne doit pas être confondue avec une grâce ou un processus de révision judiciaire, car selon Frédéric Debove, François Falletti et Iris Pons dans Précis de droit pénal et procédure pénale (2022), elle « annule la condamnation tout en mettant fin, parfois de manière différée, aux interdictions, déchéances et incapacités qui en découlent ».

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