L’augmentation de la popularité de l’extrême droite lors des élections européennes du 9 juin pourrait raviver le débat concernant le cordon sanitaire, mesure qui exclut actuellement le Rassemblement National (RN) et ses alliés du Parlement européen des positions de pouvoir institutionnelles.
En effet, ces entités, qui sont rassemblées sous le nom de groupe Identité et démocratie (ID), ne participent pas aux processus de négociation ou d’amendement liés à la législation. De plus, elles n’ont pas accès à l’une des quatorze vice-présidences du Parlement européen, ni à la présidence d’une commission parlementaire, ni à un quelconque poste influent au sein de l’administration.
Selon la tradition au sein du Parlement européen, ces postes sont attribués en fonction des résultats des élections européennes. Cependant, les conservateurs du Parti populaire européen (PPE), les sociaux-démocrates (S&D), les libéraux de Renew, les Verts et la gauche radicale (The Left) se sont mis d’accord pour priver le groupe ID de ses droits théoriques. « Ce Parlement européen qui se targue de promouvoir la démocratie à l’étranger ne la respecte pas en son sein », s’indigne Thierry Mariani. Le député européen du RN considère cela comme « l’ultime illustration de la stratégie de diabolisation de l’extrême droite », alors qu’à quelques rares exceptions près, dont l’Allemagne, quasiment aucun parlement national en Europe ne recourt au cordon sanitaire.
Mobilisations importantes »/
De nombreux partis politiques européens, comme le PPE, les S&D, Renew, les Verts et The Left, se sont engagés à maintenir le groupe Identité et Démocratie (ID) à distance après le 9 juin. Cependant, dans la situation actuelle, le groupe des Conservateurs et Réformistes Européens (ECR) semble devoir éviter ce cordon sanitaire. Ce dernier regroupe la plupart des partis de droite extrême tels que le Vox espagnol, le Fratelli d’Italia italien, la Reconquête française, les Démocrates suédois et le Parti des Finlandais. Selon un diplomate européen, si l’ID et l’ECR devaient fusionner après le 9 juin, la donne changerait.
Il est à noter que, contrairement à l’ID, l’ECR dispose de représentants au sein du Conseil européen, où sont prises les décisions politiques majeures de l’Union. Actuellement, Giorgia Meloni et le Tchèque Petr Fiala sont présents, et le Polonais Mateusz Morawiecki siégeait également jusqu’à récemment.
Les appels à un cordon sanitaire pour l’ECR et l’ID sont soutenus par The Left, avec leur coprésidente Manon Aubry stipulant qu’aucun accord avec les extrémistes de droite ne sera fait. Cette position est également partagée par les Verts, avec Philippe Lamberts déclarant que ECR et ID sont semblables.