Face à l’expansion du programme nucléaire de l’Iran, le conseil des gouverneurs de l’Agence Internationale de l’Energie Atomique (AIEA) a prononcé une résolution formelle le Mercredi 5 Juin à Vienne pour remettre Téhéran en place, qui a par la suite menacé de répliquer. La résolution, présentée par Londres, Paris et Berlin – membres du groupe E3 – a reçu le soutien de vingt pays sur trente-cinq, y compris les Etats-Unis, qui étaient initialement hésitant pour éviter d’augmenter les tensions au Moyen-Orient. Cependant, la Russie et la Chine ont voté contre.
Cette résolution est la première depuis Novembre 2022 et elle étend les accusations portées contre l’Iran. Le texte dénonce une nouvelle fois le manque de « réponses techniques crédibles » en relation à la présence de traces d’uranium inexplicables sur deux sites non déclarés. Le texte souligne l’importance et l’urgence pour Téhéran de clarifier la situation et de permettre l’accès aux sites en question. En ce qui concerne ce point, un « rapport complet » pourrait être exigé au directeur général de l’AIEA, Rafael Grossi.
Outre ce problème persistant depuis des années, deux nouveaux conflits ont émergé. L’Iran est sommé de « reconsidérer le retrait de l’accréditation » de certains de ses inspecteurs les plus qualifiés et de reconnecter « immédiatement » les caméras de surveillance de ses installations, insistent la résolution.
Bien qu’elle soit symbolique en ce moment, elle cherche à intensifier l’oppression sur l’Iran, qui a sévèrement réduit sa collaboration avec l’Agence des Nations Unies. Cependant, elle peut servir d’introduction à l’envoi du conflit au Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations Unies, qui a le pouvoir de punir. C’est toutefois uniquement théorique, car deux de ses membres, Moscou et Pékin, ont considérablement renforcé leur lien avec Téhéran au cours des deux dernières années.
Téhéran, qui a critiqué devant le Conseil une mesure « improductive(…) sans aucune base », a déjà menacé de réagir, sans donner plus de détails à ce point. Bien que la République islamique réfute l’accusation de vouloir acquire une arme nucléaire, son programme continue d’évoluer rapidement.
« Cette progression affaiblit grandement la sécurité mondiale »
Durant les discussions qui ont commencé lundi dernier à Vienne, les Européens ont critiqué les progrès nucléaires « inégalés pour un État qui n’a pas d’arme nucléaire », qualifiant la situation de « préoccupante ».
Selon l’AIEA, l’Iran est le seul pays sans arme nucléaire qui enrichit l’uranium à un niveau de 60 %, en approche des 90 % nécessaires pour créer une bombe, et accumule constamment plus de stocks. « Cette augmentation est extrêmement néfaste pour la sécurité mondiale et met en péril la structure globale de non-prolifération », a souligné l’E3 dans une déclaration.
La confiance a été davantage minée suite aux récentes déclarations des officiels iraniens concernant une possible mutation de la doctrine nucléaire vers des fins militaires affirmées. L’Iran a en effet commencé à se dégager des promesses tenues dans le cadre de l’accord international de 2015, conclu avec les puissances telles que les États-Unis, la Chine, la Russie, la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni.
Cet accord connu sous le sigle JCPOA avait pour but de réguler ses activités nucléaires en échange de la suppression des sanctions internationales. Pourtant, l’entente a été désintégrée suite au retrait américain orchestré en 2018 par le président d’alors, Donald Trump. Les pourparlers menés à Vienne pour le rétablir ont échoué en été 2022.
Dans une déclaration commune rapportée mercredi par l’agence iranienne IRNA, Téhéran, Moscou et Pékin ont exhorté « les nations occidentales à manifester de la volonté politique et à prendre des initiatives » pour faciliter un retour au JCPOA.
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