Noora Korpela, une infirmière de 27 ans et mère célibataire, originaire de Salo, une petite ville dans le sud-ouest de la Finlande, est venue à Helsinki pour faire campagne avant les élections européennes qui approchent. Elle est membre des Jeunes Vrais Finlandais, un parti extrémiste de droite, depuis cinq ans. Au lieu de distribuer des tracts ou de frapper aux portes, ils diffusent des vidéos sur les médias sociaux. L’une de ces vidéos montre Noora, avec ses cheveux blond platine, en train de boire un Coca-Cola dans un McDonald’s, bouleversée par le fait que sa paille est en papier – une décision qu’elle attribue aux «directives européennes». Un appel à voter pour le parti nationaliste, qui fait partie du gouvernement depuis juin 2023, est également exprimé dans le message.
En parallèle, Kevin Soovik, un jeune homme de 25 ans étudiant en histoire politique, se joint à une manifestation étudiante en faveur de la Palestine sur le parvis de l’université, à proximité de la cathédrale d’Helsinki. Depuis le 6 mai, il y a environ trente tentes dressées à l’entrée du campus, avec des bannières réclamant «un cessez-le-feu à Gaza» et «la fin du régime d’apartheid contre les Palestiniens». Soovik, qui est originaire de Hamina, une ville de 20 000 habitants à l’est de la capitale, demande que l’université rompe tous ses liens avec Israël. Il estime que « aucun parti en Finlande n’est suffisamment à gauche » pour correspondre à ses convictions politiques.
Il semble n’y avoir aucune connexion entre Noora et Kevin, cependant, ils partagent une similitude : ils ont tous les deux vécu dans le pays qui a été couronné sept fois de suite comme le « plus heureux du monde » selon un classement de l’ONU. Le 9 juin, ils vont participer à un vote, une occurrence peu commune chez les jeunes Finlandais. En effet, lors des dernières élections européennes en 2019, moins de 25% des individus âgés de 20 à 24 ans avaient pris la peine d’aller voter. Pour les élections législatives en avril 2023, le taux de participation chez cette même tranche d’âge était seulement de 57,7%, comparé à 70,9% pour la participation nationale moyenne.
Plutôt que de parler d’une aversion pour la politique, Silja Porkkala, une experte de l’organisation Allianssi qui représente 150 associations finlandaises pour la jeunesse, parle d’un manque d’intérêt pour les partis politiques. « Les jeunes ont tendance à s’engager pour une cause et à manifester leur dévouement sur les plateformes sociales ou par leurs habitudes de consommation plutôt qu’en votant », a-t-elle déclaré. D’après le dernier baromètre produit par le Conseil national de la jeunesse, publié le 21 mai, leur principale préoccupation est le changement climatique, suivi par la question de l’avenir de l’Etat-providence et de l’exclusion sociale.
L’article complet est disponible pour les abonnés et seulement 72.23% de celui-ci a été lu jusqu’à présent.
Laisser un commentaire