Le mardi 4 juin a animé la jusqu’à présent monotone campagne électorale britannique, marquée par le premier débat télévisé entre Rishi Sunak, le premier ministre conservateur, et Keir Starmer, son rival travailliste. Malgré la position avantageuse du Labour dans les sondages à un mois des élections, aucun candidat n’a fait de révélations majeures ou ne s’est incliné face à son opposant lors de ce premier face-à-face animé mais prévisible.
Keir Starmer a pris l’initiative du discours inaugural dans la salle de Salford, près de Manchester, où le débat avait lieu. Il a promis une « stratégie précise » pour mettre fin à quatorze ans de gouvernance conservatrice. Répliquant, Rishi Sunak a défendu les récentes améliorations économiques, affirmant avoir « un plan défini pour un avenir plus sûr » pour les Britanniques tout en reprochant à son adversaire son intention d’augmenter les impôts. Rishi Sunak, ayant repris le leadership dix-neuf mois auparavant après le court mandat de Liz Truss à Downing Street, s’est présenté comme le responsable prudent.
Cependant, le score du pouvoir conservateur a été critiqué. Les électeurs, espérant que le chef du Labour de 61 ans allait préciser davantage son programme depuis l’éviction de Jeremy Corbyn, ont probablement été déçus.
Dans une récente confrontation, Rishi Sunak s’est montré critique envers ses adversaires, en soulignant l’absence de leurs plans concrets pour aborder les problèmes de santé publique et la longueur des listes d’attente. Il a mis en garde contre Keir Starmer, alléguant une demande de soutien financier sans fournir de détails sur ses intentions ou le coût potentiel pour le public.
L’intervention de Sunak a été accueillie par une réfutation cinglante de la part du chef de file du parti travailliste, Starmer. Il a vivement critiqué les effets des quatorze ans de gouvernement conservateur, tout en accusant Sunak de vouloir se détacher de ce bilan. Il a fait valoir que Sunak ne peut pas simplement s’éloigner de l’impact de la politique de ces dernières années sur le public.
En ce qui concerne l’immigration, Sunak a qualifié le niveau comme étant « trop élevé » et a défendu sa proposition controversée d’expulser les migrants vers le Rwanda. En réponse, Starmer a promis que si son parti arrivait au pouvoir, il abandonnerait ce plan. Il envisage d’adopter une approche beaucoup plus agressive pour lutter contre les groupes de trafiquants qui aident les migrants à traverser la Manche sur des embarcations de fortune. Il reconnaît toutefois qu’il n’a pas de solution miracle pour résoudre tous les problèmes instantanément.
La présence de Nigel Farage comme candidat a affaibli la position de Rishi Sunak.
L’ancien banquier d’affaires et Premier ministre millionnaire, soupçonné par certains de ne pas comprendre les problèmes des Britanniques ordinaires, a essayé de prouver qu’il comprenait leurs défis. Keir Starmer, quant à lui, a exprimé sa conviction que le Premier ministre vit dans un monde à part. « Je réalise à quel point ces récentes années ont été difficiles pour votre portefeuille », a déclaré Rishi Sunak en réponse à une femme qui lui posait des questions sur le coût de la vie.
Peu de temps avant le débat, Nigel Farage, le candidat inattendu du parti anti-immigration Reform UK, a volé la vedette en lançant sa campagne à Clacton-on-Sea, dans le sud-est de l’Angleterre. Cet homme de 60 ans, fervent défenseur du Brexit et proche de l’ancien président américain Donald Trump, a appelé à la mobilisation d’une « armée populaire contre l’établissement ». Sa candidature affaiblit davantage Rishi Sunak, le leader d’un parti déjà fragilisé et divisé après cinq premiers ministres consécutifs, le Brexit, l’épidémie de Covid-19, une crise économique et sociale, le tout ponctué de scandales.
Un sondage YouGov publiqué lundi a prédit une victoire historique pour le Parti travailliste, avec un succès bien plus large que celui de Tony Blair en 1997. Précédant ces prévisions, Rishi Sunak et Keir Starmer vont à nouveau débattre fin juin, une semaine avant le vote.
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