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4 juin 2024 10 h 10 min

Nouvelle frontière: Conscience animale des insectes

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Selon des études effectuées au cours de la dernière décennie, les insectes seraient des êtres sensibles qui peuvent ressentir de la douleur et du plaisir et avoir une conscience minimale d’eux-mêmes. Par exemple, les bourdons peuvent jouer avec des billes sans raison apparente autre que le plaisir et les mouches drosophiles voient leur sommeil perturbé lorsqu’elles sont isolées de leurs pairs. Ces découvertes s’ajoutent à des preuves toujours plus nombreuses de la capacité des vertébrés à faire l’expérience de la conscience.

En raison de l’accumulation des résultats de ces recherches, des philosophes et des experts ont publié le 19 avril une « Déclaration de New York sur la conscience animale », signée par 287 chercheurs. Cette déclaration appelle à tenir compte de ces découvertes dans la manière dont nous traitons les animaux, que ce soit dans un contexte de recherche expérimentale ou d’élevage. Elle dépasse même la déclaration de Cambridge (2012), qui affirmait déjà sans équivoque que « les humains ne sont pas les seuls à posséder les fondements neurologiques qui génèrent la conscience ».

Jonathan Birch de la London School of Economics, l’un des trois philosophes à l’origine de l’initiative, rappelle que la question du bien-être animal n’est pas nouvelle, et a été soulevée par Jeremy Bentham (1748-1832) qui se demandait si les animaux pouvaient souffrir plutôt que s’ils pouvaient raisonner ou parler. Birch explique que de nombreux animaux ont été étudiés à cet égard au cours de la dernière décennie et que cette déclaration sert de référence pour reconnaître les progrès réalisés par les chercheurs et les philosophes travaillant ensemble sur ce sujet.

La déclaration succincte, mais riche en détails complémentaires, souligne que l’idée d’attribuer une expérience consciente aux mammifères et aux oiseaux a déjà un solide fondement scientifique. Jonathan Birch explicite que leur intérêt se porte sur ce que les philosophes nomment la conscience phénoménale. Cela inclut la couche basique de conscience, la plus primitive, la plus élémentaire et la plus ancienne d’un point de vue évolutif, en ce qu’elle n’est rien d’autre qu’une expérience subjective des sens et des émotions.

« Il existe un monde sensible incroyablement étendu »

Les signataires de la déclaration prennent en compte que des preuves empiriques de cette forme de conscience s’appliquent également à de nombreux invertébrés, « y compris les mollusques céphalopodes, les crustacés décapodes [écrevisses, homards, crabes, crevettes, etc. »] et les insectes ». Selon eux, il serait irresponsable de négliger ces données. Tandis que l’éthique du bien-être animal et ses applications réglementaires ont principalement été envisagées pour les animaux qui nous ressemblent le plus – les primates non humains et autres mammifères –, la déclaration de New York propose une approche inverse en commençant par les animaux qui sont beaucoup plus éloignés de nous. « L’idée d’accorder des droits aux insectes ou d’avoir des obligations envers eux est incroyablement complexe et difficile à comprendre », admet ce philosophe britannique. Cependant, il souligne que les découvertes scientifiques démontrent que le monde sensible est considérablement vaste et qu’il est impératif d’ouvrir un dialogue sur les concepts les plus adaptés pour le comprendre.

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