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4 juin 2024 8 h 09 min

L’amnésie post-concert des fans Swift

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« Guenaëlle, une étudiante en maîtrise de 22 ans, raconte qu’elle ne se souvient pas encore du concert de Taylor Swift, sa bien-aimée vedette de la pop américaine, auquel elle a assisté à La Défense Arena à Paris le 9 mai. Malgré une anticipation de près d’un an pour cet événement, Guenaëlle a du mal à se rappeler des détails comme les vêtements que Taylor Swift portait ce jour-là. En revanche, elle se souvient parfaitement de chaque détail du trajet de retour à l’hôtel.

Ce scénario a été vécu par d’autres personnes en France et dans le monde lors de l’Eras Tour de Taylor Swift, qui a commencé en mars 2023 aux États-Unis. Contrairement à certaines théories du complot circulant sur les réseaux sociaux, Taylor Swift n’est pas une sorcière qui hypnotise son public. Il existe des justifications scientifiques à cela.

Nathan Carroll, psychiatre au Jersey Shore University Medical Center aux États-Unis, est un amateur de la musique de Taylor Swift mais ne s’identifie pas comme un « Swiftie », contrairement à certains de ses collègues. Après avoir entendu ces collègues rapporter avoir oublié des parties entières du concert auquel ils ont assisté dans le New Jersey, il a pensé que cet oubli avait une signification scientifique, ayant déjà remarqué ce type de témoignages dans les médias. »

En plongeant dans les profondeurs de la littérature, on peut rencontrer un syndrome appelé l’amnésie globale transitoire, aussi connu sous le nom de ictus amnésique. Ce dernier est défini par une perte de mémoire à court terme. Comme l’explique un psychiatre, l’excès d’excitation est perçu par le cerveau comme une forme de stress, qui affecte son habileté à mémoriser. Lui et son équipe ont rédigé un article (actuellement en phase de publication) abordant cette vague d’amnésie globale transitoire en rapport avec la tournée de Taylor Swift. Il souligne que notre mémoire est très vulnérable au stress, qu’il soit le fruit d’une expérience positive ou negative.

Selon une recherche menée auprès de plus de 200 individus en Argentine, publiée dans la revue Arquivos de Neuro-Psiquiatria de l’Academie brésilienne de neurologie, un tel syndrome est couramment rencontré chez les individus âgés de 50 à 80 ans.

Yann Humeau, chercheur CNRS à l’Institut interdisciplinaire de neurosciences (IINS) de Bordeaux, propose d’associer ce phénomène à ce que les états de stress post-traumatiques provoquent. La puissance du souvenir, la surstimulation de l’amygdale et les mécanismes mis en œuvre pour encoder la mémoire émotionnelle sont remarquablement similaires. L’anticipation extrême peut engendrer de l’anxiété. L’augmentation des niveaux d’adrénaline et de cortisol, l’hormone de stress, pourrait participer au phénomène. Depuis deux décennies, la recherche sur les amnésies post-traumatiques s’est concentrée sur l’hippocampe, une zone du cerveau intimement liée au stress.
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